Mercredi 17 février 2021
Mercredi des Cendres: Convertissons-nous

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Jl 2, 12-18
  • Psaume 50.
  • 2 Corinthiens 5,20 – 6,2 : Laissez-vous réconcilier avec Dieu.
  • Matthieu 6, 1-6.16-18 : Ton Père qui voit dans le secret te le rendra.

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L’homélie

Frères et sœurs,

voilà un an déjà que notre humanité est paralysée par un virus qu’elle a du mal à maîtriser. Nos relations sont distendues, l’individualisme et la négation de l’autre qui caractérisent notre époque se sont exacerbés, beaucoup se retrouvent seuls dans leurs épreuves. Nos communautés chrétiennes souffrent des conséquences de la pandémie, l’obligation de cette limite de quinze personnes pour une célébration en est un signe. Alors le Carême qui commence, plus que jamais, nus invite à changer nos cœurs pour accueillir dans quarante jours la bonne nouvelle de la résurrection, la bonne nouvelle de la vie. Si nous nous sommes rassemblés ici, si une caméra nous permet d’être en communion avec les membres de notre communauté dispersée, seuls ou réunis devant un écran, c’est que nous voulons faire corps pour affronter, avec la force de l’Esprit, ce mal qui travaille la création. Nous voulons dire au monde l’Espérance d’une humanité qui ne peut désespérée, qui n’est pas condamnée et qui a toutes les promesses de la vie devant elle.

Pour nous mettre en route, les lectures que nous venons d’entendre sont là pour nous interroger sur le sens de la démarche que nous entreprenons aujourd’hui.

Tout d’abord, « Qui est Dieu pour nous ? » Au temps du prophète Joël, le peuple est dans la désolation après une invasion de sauterelles qui a ravagé le pays de Juda. Le prophète invite le peuple à relever la tête et à trouver en Dieu les forces pour traverser l’épreuve. Oui il fallait relever la tête pour que les nations alentours ne se moquent pas d’eux en disant : « Où donc est leur Dieu ? » Frères et sœurs, n’est-ce pas pour cela que nous nous sommes rassemblés aujourd’hui en pleine semaine, pour témoigner aux yeux du monde de ce Dieu auquel nous croyons ? Vous êtes-vous interrogés en vous déplaçant pour venir ici : Où est mon Dieu ? Qui est Dieu pour moi ? La situation du monde est toujours aussi catastrophique qu’au temps de Joël. L’épreuve du covid touche l’univers entier ! Mais s’il n’y avait que le covid ! Nous sommes vous et moi bousculés par les souffrances de nos frères et soeurs, plus ou moins proches mais toujours aussi douloureux. Nous pourrions désespérer et nous interroger comme les nations au temps de Joël : Où est-il notre Dieu ? Que fait notre Dieu ?

Alors frères et sœurs, en ce début de Carême chacun, chacune est invitée à se recueillir : finalement quel est le Dieu auquel je crois ?

Plus que jamais, nous disons que Dieu est miséricorde. D’autres religions partagent cette conviction avec nous. Et c’est cette conviction qui nous sauve dans ces terribles situations. Qui que nous soyons, quelle que soit notre misère, Dieu nous aime. C’est le fondement de notre foi !

J’en viens à ma deuxième question. Saint Paul écrit aux Corinthiens : « Nous sommes les ambassadeurs du Christ, nous vous le demandons au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu. » C’est là une autre spécificité de notre foi ! Le pardon et la réconciliation. Se réconcilier qu’est-ce que cela veut dire ? Il s’agit d’abord de faire la paix avec soi-même… Long chemin pour s’accepter tels que nous sommes, sortir de l’ennui, de la jalousie, du désespoir… Nous connaissons nos faiblesses, nous ne sommes pas indemnes de tout mal. Le péché est un mot qui nous inquiète et nous voudrions en voir la disparition car il nous culpabilise et même nous déresponsabilise.

Mais si nous disons, comme dans le psaume, « Mon péché, moi je le connais. », alors nous prenons la responsabilité de nos actes et nous en tirons les conséquences, nous voulons changer de vie. Accepterons-nous d’être pécheurs et de rester, malgré tout, debout, fidèles et sûrs que Dieu nous aime, sûrs de sa tendresse ? Nous aurons aussi à nous réconcilier avec nos frères, ceux avec qui nous vivons, ceux dont nous nous sommes éloignés, ceux que nous avons blessés. Finalement, quelle que soit notre situation, nous avons à entreprendre une démarche de conversion : voulons-nous changer de vie ?

L’évangile soulève une troisième question. Ce temps de Carême où nous entrons n’est pas une longue pièce de théâtre durant laquelle nous souhaiterions, nous chrétiens, nous faire remarquer, nous faire valoir. Nous n’avons pas à nous donner en spectacle, nous n’avons pas à montrer aux hommes que nous jeûnons. Nous n’avons rien à prouver à nos frères et sœurs avec qui nous vivons. Le Carême est une démarche intérieure qui n’a pas besoin d’être visible.

Cela n’est pas contradictoire avec ce que dit Jésus dans le Sermon sur la Montagne, juste avant ce que nous venons d’entendre : « Vous êtes la lumière du monde. Que votre lumière brille aux yeux des hommes pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5, 14-16) Jésus ici nous lance un défi !

Ou bien allons-nous choisir le spectacle et la représentation de nous-mêmes, en nous enfermant dans le mensonge ? Alors effectivement les gens autour de nous pourront dire : « Où donc est leur Dieu ? »

Ou bien allons-nous choisir de vivre en vérité, pleinement, la vie que Dieu nous donne pour le plus grand service de nos frères ? Serons-nous lumière pour les hommes et pour Dieu ? Alors les gens autour de nous seront heureux, heureux de ce que nous sommes, heureux de notre présence parmi eux, heureux de nous voir agir selon la bonté et la Miséricorde de Dieu.

Frères et sœurs, en ce début de Carême, prenons ce temps qui nous est donné pour nous interroger : Qui est Dieu pour nous ? Voulons-nous nous réconcilier avec Dieu et avec nos frères ? Enfin comment allons-nous vivre notre Carême ?

Père Henri Aubert sj
Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix

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Un chant pour accompagner la prière:
Revenez à moi de tout votre cœur, car je suis un Dieu de tendresse

R. Revenez à moi de tout votre cœur, car je suis un Dieu de tendresse

  1. Voici maintenant le temps favorable,
    Déchirez votre cœur et non vos vêtements,
    Pour ne pas recevoir en vain la grâce du pardon.
  2. Voici maintenant le jour du salut :
    Convoquez l’assemblée du peuple devant le Seigneur,
    Qui sait ? S’il revenait et nous comblait de sa miséricorde
  3. Voici maintenant le temps du pardon :
    Laissez-vous réconcilier avec Dieu dans le Christ,
    Lui qui est sans péché, Dieu l’a fait péché pour nous.
  4. Voici maintenant le temps de la supplication :
    Priez Dieu votre Père qui est là dans le secret,
    Et votre Père exaucera les désirs de votre cœur.
  5. Voici maintenant le temps de la pénitence :
    Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête,
    Et la joie du Seigneur resplendira sur ton visage.
  6. Voici venu le temps de la miséricorde :
    Ouvre ton cœur au pauvre et partage ton pain,
    Et Dieu te comblera de la douceur de sa bénédiction.
  7. Gloire à toi notre Père qui nous ouvre un jour nouveau :
    Pour que nous entrions avec ton Fils au lieu de ton repos,
    Dans le pardon de l’Esprit qui vient tourner notre cœur vers toi.