Dimanche 14 février 2021
Sixième semaine du temps ordinaire:
La guérison du lépreux : de la réintégration d’un purifié à l’exclusion de Jésus

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Lévitique 13, 1-2.45-46 : Le lépreux habitera à l’écart, son habitation sera hors du camp
  • Psaume 31: Tu es un refuge pour moi
  • 1 Corinthiens 10, 31 – 11, 1 : Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ
  • Marc 1, 29-39 : La lèpre le quitta et il fut purifié

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L’homélie

Chers Frères et Sœurs,

Les paroles du livre du lévitique, première lecture, rappellent certaines des prescriptions de la loi ancienne relative aux maladies de la peau, en l’occurrence la lèpre : « On l’amènera au prêtre pour l’examen. S’il s’avère que la personne est atteinte, le prêtre la met à l’isolement pendant sept jours, il portera les vêtements déchirés et les cheveux en désordre, il se couvrira le haut du visage, impur il criera et il habitera à l’écart. » (Lv13,4) N’est-ce pas là un statut proche de celui d’un malade de Covid19 ! Il y a un statut commun entre les deux maladies, celle d’autrefois (lèpre) et celle d’aujourd’hui (Covid19) : d’abord elles sont contagieuses puis elles excluent de la vie religieuse et sociale. Mais Jésus ira à l’encontre de cette conception. Il touchera, guérira un lépreux et le réintégrera dans la société. Par contre le malade guéri, par son comportement, exclura Jésus d’entrer ouvertement dans une ville, nous dit l’Evangile. Deux moments du récit de l’évangile, le début et la fin, peuvent nous aider à comprendre comment Jésus réintègre dans la société le lépreux et comment ce dernier l’exclut d’entrer ouvertement dans une ville.

Premier moment, le début du récit évangélique met en scène la rencontre entre Jésus et le lépreux. C’est ce dernier qui prend l’initiative : il s’approche, tombe à genoux et supplie Jésus de le purifier. Ainsi, en s’approchant de Jésus, le lépreux transgresse la loi. Car il est écrit : « Toute personne atteinte de ce mal demeurera à part : sa demeure sera hors du camp » (Lv13,46). À la vue et à la demande du lépreux, Jésus est « ému aux entrailles ». Il étend la main et le touche, transgressant aussi l’interdit de la loi. D’après les prescriptions de la loi, toucher un lépreux, c’était synonyme de contracter son impureté. Or, non seulement Jésus n’est pas contaminé par la lèpre mais le lépreux est purifié, sa peau régénère. Aussitôt, en conformité avec la loi de Moïse cette fois-ci, Jésus envoie l’homme guéri chez le prêtre (Lv14,2-32), pour qu’il puisse reprendre sa place dans la société, qu’il redevienne un vivant parmi les vivants, un frère parmi les frères et sœurs. Par cet acte, Jésus se montre résistant aux systèmes de classifications sociales, à l’exclusion ou à la mise à l’écart, au rejet de l’autre parce qu’il nous dérange. Le visage de l’autre nous supplie, sa présence bouscule l’exécution de nos programmes et nos projets. Qui sont ceux que nous – nos sociétés – traitons comme des lépreux ! Sommes-nous capables d’identifier nos lèpres ? Comme Jésus, si l’être humain compte avant tout, alors osons tirer les conséquences dans tous les domaines et conditions de la vie.

Le deuxième moment est la fin du récit évangélique. L’homme purifié transgresse la consigne de silence imposé par Jésus : « Attention, ne dis rien à personne, » (Mc1,44). Ce n’est pas nouveau dans la première partie de l’évangile de Marc que Jésus impose le silence aux bénéficiaires ou aux témoins de miracles : à l’homme possédé d’un esprit impur (Mc1,23-25), aux démons chassés (Mc1,34), aux témoins du retour à la vie de la fille de Jaïre (Mc 5,43), jusqu’à ce qu’il pose la question aux disciples sur son identité : pour vous qui suis-je ? (Mc8,29). Malgré l’interdiction de Jésus, non seulement le purifié parle, mais encore il « proclame beaucoup et répand la parole ». L’évangéliste Marc ne dit pas qu’il proclame la Parole, la Bonne Nouvelle, mais il proclame « beaucoup de choses ». En raison de sa désobéissance, il n’est pas au service de la Bonne nouvelle et ne peut difficilement être considéré comme une figure des missionnaires de l’Evangile.

A cause de cette parole diffusée, Jésus se trouve à son tour tel un lépreux exclu, c’est-à-dire il doit se mettre à l’écart dans le désert. Il ne peut plus entrer ouvertement dans une ville. Etant donné qu’il ne peut plus proclamer l’Evangile selon son vouloir, il prend néanmoins sur lui les souffrances (Is 53,4) et les humiliations de l’être rejeté. Il communique la vie, libère et prend sur lui les misères. Ne doutons pas du pouvoir qu’à Jésus de nous purifier socialement. Prenons courage, levons-nous, dérangeons-le et crions-lui nos demandes et celles du monde.

Que le Seigneur nous aide à regarder le monde, les malades, les exclus de la société comme il les voit pour les transformer, leur venir en aide comme Il le veut.

Père Mubiala Mbila sj
Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix

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Un chant pour accompagner la prière:
Rendons gloire à notre Dieu

Paroles et musique : J.-F. Léost

R. Rendons gloire à notre Dieu !
Lui qui fit des merveilles ;
Il est présent au milieu de nous
Maintenant et à jamais.

  1. Louons notre Seigneur Car grande est sa puissance,
    Lui qui nous a créés, Nous a donné la vie.
  2. Oui, le Seigneur nous aime, Il s’est livré pour nous.
    Unis en son amour, Nous exultons de joie !
  3. Dieu envoie son Esprit, Source de toute grâce ;
    II vient guider nos pas Et fait de nous des frères.