Dimanche 17 janvier 2021
Deuxième semaine du temps ordinaire

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Samuel 3, 3b-10.19 : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.
  • Psaume 39 : Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté.
  • 1 Corinthiens 6,13c-15a.17-20 : Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint.
  • Jean 1, 35-42 : Voici l’Agneau de Dieu.

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L’homélie

Sœurs et frères, dans le récit que nous venons d’entendre Jésus est au milieu de la foule qui se presse autour de Jean le Baptiste. Celui-ci le désigne à deux de ses disciples : « Voici l’Agneau de Dieu. » Juste avant il avait précisé : « celui qui enlève le péché du monde. » Entendant cela les deux se mettent à suivre cet homme car ils veulent rencontrer celui qu’on leur dit être l’Agneau de Dieu.

Pourquoi cette expression marque-t-elle si fort ces deux disciples ? Pour un juif, l’agneau est un animal que l’on immole chaque jour dans le Temple de Jérusalem pour purifier le peuple de ses péchés. Il est aussi l’agneau pascal, cet agneau que les juifs partagent chaque année en faisant mémoire du jour où Dieu a libéré son peuple de l’esclavage. Et puis l’agneau est dans la Bible, comme dans beaucoup d’autres cultures, le symbole de l’être innocent, celui qui ne peut pas faire de mal, celui qui peut seulement en recevoir. Il paraît qu’un agneau que l’on égorge ne crie pas. De façon étonnante, en réponse au mal qu’il subit, l’agneau répond par le silence.

Matthias Grünewald. 1515. Retable d’Issenheim (Colmar)

Et donc évidemment, pour nos deux disciples, l’Agneau de Dieu c’est le Messie, le Christ en grec, celui que le prophète Isaïe décrit ainsi : « Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. » (Is 53,7) Cette prophétie évoque pour moi le retable d’Issenheim de Matthias Grünewald à Colmar : Jean a à ses pieds un agneau qui porte une croix et il montre au centre du tableau le Christ en croix. Celui-ci est couvert de blessures et des pustules de la maladie que tout le monde craignait à cette époque, la peste. Jean le Baptiste montre celui qui va sauver l’humanité de tous ses malheurs. Aujourd’hui, dans notre évangile, il désigne à ses disciples un homme qui est jeune en pleine force de l’âge et en même temps il annonce qu’il sera : « le sauveur de l’humanité », celui qui donnera sa vie pour le peuple. C’est parce qu’ils pressentent tout cela que les deux disciples se mettent à suivre Jésus : « Maître, où demeures-tu ? » (Jn 1, 38)

A leur requête, Jésus répond : « Venez et vous verrez. » Alors ils demeurent chez lui ce jour-là. Qu’ont-ils vu ? L’histoire ne le dit pas. Nous pouvons cependant imaginer celui qu’ils découvrent : quelqu’un dont le regard, les mots, les gestes sont ceux d’un homme plein d’autorité et de sagesse, mais aussi de douceur, qui les accueille comme des frères. Ils découvrent plus qu’un homme, quelqu’un d’étonnamment surhumain, d’une certaine manière ils sentent en Lui la joie de Dieu, comme nous l’avons entendu la semaine dernière dans la bouche de Dieu le Père.

Ils ont trouvé le Messie, celui qui vient sauver son peuple, les sauver ! Ils ne savent pas où cela les conduira, mais ils en sont sûrs ils veulent le suivre et ils vont inviter leurs proches à faire de même. Simon, le frère d’André, est le premier. Ils le conduisent donc à Jésus. Et la rencontre de Simon avec Jésus est fondatrice. Au point que Jésus donne à Simon, un nom nouveau, comme pour lui dire qu’il le choisit dès maintenant pour être à sa suite : « “Tu es Simon, fils de Jean, tu t’appelleras Képhas”, ce qui veut dire Pierre ». (Jn 1, 42)

Anne Floc’h.
Image de première communion.
Ed. Chiré

Cet événement préfigure ce qui va se passer à la fin de l’Evangile. Souvenez-vous, on est après la Crucifixion de Jésus, sur le bord du lac de Tibériade. Les disciples sont repartis avec Pierre à la pêche car ils sont complétement déboussolés. Pour eux tout est fini. Ils n’ont pas encore compris la Résurrection. Tout à coup Jésus leur apparaît ressuscité et la pêche est miraculeuse. Jésus prend alors à part Pierre et lui demande : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » (Jn 21, 15)

Vous entendez ? Jésus ne l’appelle pas Pierre mais Simon, comme au début. Jésus provoque Pierre à refaire dans son cœur tout ce chemin périlleux avec lui, où se mêlent amour et trahison. Il l’invite à revenir à son histoire, au tout début, simplement par cette allusion : « Simon, fils de Jean ». Sans le dire il l’appelle à nouveau Pierre pour l’envoyer en mission aujourd’hui encore auprès de ses frères. Pour Simon-Pierre, c’est un nouveau départ qui le conduira à témoigner du Messie, à être lui-même crucifié et à donner sa vie pour le monde !

Sœurs et frères, ces mots : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », nous les entendons à chaque messe, juste avant de communier. Comme Simon-Pierre, l’Eucharistie que nous partageons nous envoie en mission. Nous sommes invités à marcher sur la route de nos vies dans la confiance que Jésus est avec nous. Il nous donnera, par son Eucharistie, la force et les moyens d’aller jusqu’au bout, malgré les épreuves que nous subirons et le mal que nous commettrons, malgré nos trahisons, malgré nos refus et nos désespoirs.

L’Agneau de Dieu nous invite à demeurer avec lui, à ne pas avoir peur et à vivre avec la certitude que le salut est bien là pour le monde. En ces temps de covid où il nous est plus difficile d’aller à la messe, nous pouvons nous rappeler que l’Eucharistie se réalise tout autant dans la présence de Jésus au cœur de nos vies quotidiennes, dans la rencontre de l’autre et plus particulièrement du pauvre et de l’exclu. On sait que dans l’Evangile de Jean c’est le Lavement des pieds qui prend la place de l’institution de l’Eucharistie.

Alors, prendrons-nous le temps de suivre Jésus, l’Agneau de Dieu, et de vivre avec Lui ? Prendrons-nous le temps de travailler avec Lui pour le salut du monde ?

Père Henri Aubert sj

Chapelle universitaire Notre-Dame de la Paix

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Un chant pour accompagner la prière:
Voici l’Agneau de Dieu

Paroles : Claude Bernard – Musique : Michel Wackenheim © ADF

1. Voici l’Agneau de Dieu !
Pécheurs, ouvrez les yeux,
Voyez Jésus qui vous délivre !
À la croisée de vos chemins
Il est Celui qui vient de loin
Pour vous mener vers les eaux vives.

R Seigneur qui passes auprès de nous,
Conduis nos pas vers ta demeure !

2. Sur lui, cet inconnu,
Le Souffle est descendu,
L’Esprit aux ailes de colombe.
Jean le Baptiste en est témoin :
Celui qui monte du Jourdain
Sera la paix de notre monde.

R Seigneur qui passes auprès de nous,
Conduis nos pas vers ta demeure !

3. Il a beaucoup de prix,
Son Père nous le dit :
Voici le Verbe de lumière !
Il est le Fils, le Bien-Aimé
Qui va bientôt se révéler
Comme Sauveur de notre terre.

R Seigneur qui passes auprès de nous,
Conduis nos pas vers ta demeure !