Les homélies du Triduum Pascal et du Jour de Pâques

Le son et l’image de ces homélies n’est pas disponible comme à l’habitude. Nous vous invitons à visionner l’enregistrement des offices de la Semaine Sainte sur la chaine youtube de la Chapelle Universitaire.

Jeudi 1er avril 2021
Jeudi Saint – La Cène du Seigneur

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Exode 12, 1-8.11-14 : La Pâque du Seigneur.
  • Psaume 115 : La coupe de bénédiction est communion au sang du Christ.
  • 1 Co 11, 23-26 : La nouvelle alliance en mon sang.
  • Jean 13, 1-15 : Le lavement des pieds.

Ayant aimé les siens… Il les aima, Il nous aima jusqu’au bout. Prolongeons notre écoute de la Parole par la contemplation du geste de Jésus représenté par Arcabas: Jésus se met à genoux devant ses disciples ; Jésus se met à genoux devant chacune et chacun de nous.

L’homélie

L’amour jusqu’au bout, c’est cela que l’Église nous propose d’accueillir durant ces jours saints. Demain soir, nous aurons un écho de cet « amour jusqu’au bout » dans la dernière parole que Jésus prononcera avant de mourir : « Tout est accompli ». Cette expression peut être explicitée ainsi : nous sommes au bout, au terme de l’amour.

Afin d’accueillir davantage cette bonne nouvelle de l’amour jusqu’au bout, je souligne deux éléments de l’évangile de cette célébration.

Il y a d’abord le geste du lavement des pieds. Nous le savons : au temps de Jésus, ce geste d’accueil est la tâche du serviteur, de l’esclave. Jésus l’a annoncé : il n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, pour donner sa vie (cf. Mt 20, 28).

Nous pouvons aller plus loin en approfondissant la symbolique de ce geste. Me laisser laver les pieds, c’est laisser l’autre, laisser Jésus me rejoindre, me toucher là où le chemin de la vie m’a souillé, m’a blessé. Et il n’est pas facile de se laisser toucher là. Nous préférerions montrer, offrir à l’autre, à Jésus de belles mains qui travaillent, qui prennent soin, qui créent. Or, c’est précisément ces lieux de blessures et de souillures que Jésus veut soulager et apaiser, qu’il vient guérir et purifier.

J’en viens au second point. Le texte se termine par : « afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». Et, un peu plus loin dans le texte, nous trouvons la première béatitude de l’évangile de Jean : « Heureux êtes-vous si vous le faites » (v. 17).

Ces mots font écho à ce que nous avons entendu dans la deuxième lecture et qui est repris à chaque eucharistie : « Faites cela en mémoire de moi ». Mais que nous faut-il faire ?

À la fois, partager la parole, le pain et le vin en mémoire de Jésus. Nous touchons ici la question délicate de l’Eucharistie. En ce temps de pandémie, je vous invite à prier, durant cette célébration, pour toutes les personnes qui vivent durement le fait d’être privées de l’eucharistie depuis de longs mois, et également pour les personnes qui ont perdu le goût de l’eucharistie vécue en communauté. Mais, indépendamment de l’actuelle pandémie, trop de communautés n’ont que trop rarement l’occasion de célébrer la parole, le pain et le vin en mémoire du Seigneur. Prions pour que l’Église et les communautés aient la grâce de la créativité et de l’audace afin que chaque communauté ait la possibilité de célébrer avec une régularité suffisante.

En mémoire de Lui, il nous faut également avoir la délicatesse de nous approcher mutuellement et de nous toucher en ces lieux de blessures ou de souillures afin d’être les uns pour les autres signes et porteurs de la « divine douceur » (Maurice Bellet).

Père Etienne Vandeputte sj
Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix

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Vendredi 2 avril 2021
Vendredi Saint – La célébration de la Passion

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Isaïe 52, 13 à 53,12 : Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche ?
  • Psaume 30 : Ô père en tes mains, je remeys mon esprit.
  • He 4, 14-16 . 5, 7-9 : Le grand prêtre par excellence.
  • Jean 18, 1 à 19, 42 : La Passion selon saint Jean..

L’homélie

Frères et sœurs, au moment où nous nous apprêtons à vénérer Jésus, livré pour nous sur la croix, l’heure n’est pas aux longs discours. C’est bien plutôt l’heure du silence, de la contemplation et de la compassion. Deux brefs points donc, pour mieux entrer dans cette contemplation silencieuse.

Tout d’abord, n’hésitons pas à charger la croix que nous contemplons de toutes les souffrances de l’humanité, de tout ce qui nous attriste, révolte, indigne. Jésus, en entrant librement dans sa passion, en se donnant sans réserve, a voulu se faire solidaire des personnes souffrantes à travers les siècles. En contemplant la croix, nous sommes mis face à la réalité blessée de notre monde, une réalité que le Christ a choisi de visiter.

Et c’est pourquoi nous sommes aussi invités à retourner notre regard, de le porter de la croix vers le monde, pour y voir sur toute souffrance la marque du crucifié. Laissons les sentiments qui montent en

nous en contemplant la croix transformer aussi notre regard quotidien. Que ces sentiments qui nous portent maintenant à reconnaitre l’injustice, l’absurde, l’inique de la croix nous portent aussi vers ceux qui, aujourd’hui encore subissent l’injustice, la peine, la souffrance.

Une seconde façon de nous tourner vers la croix pourrait être d’essayer de la regarder avec les yeux du Père. Ne pas hésiter à laisser nos sentiments humains d’amour paternel, maternel, filial informer la scène qui se joue devant nos yeux. Le Père consent à ce don total du Fils, à travers lequel s’exprime l’amour de Dieu pour l’humanité.

Allons plus loin. La croix n’est-elle pas par excellence le lieu du rejet par l’homme de l’amour de Dieu ? Tentons de ressentir combien le cœur du Père est blessé non seulement par la passion du Fils mais encore par ce « non » de l’homme à Dieu, si brutal.

Tournés vers la croix, prions, que nos cœurs et nos regards soient transformés par cette contemplation. Que nos cœurs s’ouvrent pour accueillir l’amour de Dieu, que nos yeux s’ouvrent à la détresse du monde, car c’est là aussi que Jésus a voulu se rendre présent.

Benoit Willemaers sj
Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix

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Samedi 3 avril 2021
Samedi Saint – La vigile pascale

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Genèse 1, 1 à 2, 2 : La création.
  • Exode 14, 15 à 18, 1a : La libération d’Egypte..
  • Isaïe 55, 1-11 : Vous tous qui avez soif.
  • Romains 6, 3b-11 : Le Christ ne meurt plus.
  • Psaume 117 : Alléluia !
  • Marc 16, 1-7 : La Résurrection.

L’homélie

On dit que l’évangéliste Marc écrivait pour les catéchumènes qui se préparaient au baptême et les chrétiens de Rome qui vivaient dans un temps douloureux de persécution, après l’incendie de Rome en 64, sous l’empereur Néron. Ainsi quand les catéchumènes recevaient le baptême, l’Eglise ne leur annonçait apparemment que l’épreuve et le martyr. Aujourd’hui la foi chrétienne est toujours mise à mal en beaucoup d’endroit du monde. La violence et la haine est le lot de beaucoup sur notre terre. Nous-mêmes sommes travaillés par l’épreuve que nous vivons depuis plus d’un an. Nous sommes conscients de notre fragilité et de celle du monde.

Dans l’Evangile de Marc, les disciples ont appris à connaître Jésus, ils l’on vu agir, ils l’ont aimé, et ils l’ont pris pour leur maître. En même temps ces hommes étaient bouleversés par ce qu’il leur disait, ils ne comprenaient pas son message. Vous vous rendez compte, il leur disait qu’il allait être condamné par ses concitoyens, qu’il allait mourir et ressusciter, ce n’était pas pensable ! Et en plus ils se chamaillaient entre eux pour savoir qui était le meilleur. Ils fanfaronnaient en lui disant qu’ils mourraient pour lui. Ils ont fini par l’abandonner, par le trahir et le laisser vivre sa Passion, seul ! N’est-ce pas ce que nous faisons bien souvent ?

Et pourtant, tout au long de l’évangile, malgré leur peur, malgré leur inconstance, Jésus leur a toujours fait confiance, jusqu’au bout. Et il leur fait confiance aujourd’hui encore alors qu’ils sont tous partis ! En ce matin de Pâques, il dit aux femmes : « Allez dire à ses disciples : Il vous précède en Galilée, là vous le verrez, comme il vous l’a dit. » La Galilée ? C’est de là qu’ils sont partis avec Jésus, c’est là qu’il les attend.

Dans la suite de l’Evangile, Jésus leur reprochera à nouveau leur peur mais il leur fera toujours confiance. Ecoutez ce qu’il va leur dire dans la suite de l’évangile de Marc : « Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. » (Mc 16, 17-18) Et il leur donne le pouvoir de faire tout cela. L’autorité qu’il a reçue de son père, il la donne à ses disciples.

Frères et sœurs, c’est cette mission que Jésus nous donne aujourd’hui encore.

A nous de trouver notre manière à nous d’être croyants, dans les conditions d’aujourd’hui bien sûr ! C’est à nous d’expulser les démons, de parler en langue nouvelle, de prendre des serpents dans nos mains, mais surtout d’imposer les mains sur les malades de notre société et de les guérir. Dieu nous en donne pouvoir et autorité ! A nous tous de poursuivre la mission…

Il manque au récit que nous avons entendu la finale, étonnante finale : « Les femmes sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. » (Mc 16, 08) La peur est là encore, avec tout ce que ces femmes ont vécu avec les Douze et dont je viens de vous parler. Tout se terminerait-il donc ainsi dans la peur ? Et bien, oui… et non ! Réfléchissons un peu : c récit a été écrit au moins trente ans après les événements. Entre temps ces femmes se sont démenées pour annoncer ce qu’elles ont vu, entre temps les disciples ont répandu la Bonne Nouvelle jusqu’aux confins de l’humanité connue, jusqu’à Rome où ils sont maintenant…

Cela signifie que notre vie à chacun et chacune d’entre nous peut être habitée par cette peur, ces doutes, ces solitudes mêmes… Elles le seront certainement. Mais, on ne peut en douter, le message du temps de Marc est le même qu’aujourd’hui. C’est un message d’espérance : Il est ressuscité !

Je termine alors par une image. Souvenez-vous, nous l’avons méditée dimanche dernier, dans la Passion selon Saint Marc, quand Jésus a été arrêté, à Gethsémani, un jeune homme s’est enfui. Dans sa fuite on lui a arraché tous ses vêtements, il était tout nu ! tant sa peur était grande. Eh bien, aujourd’hui, jour de Pâques, c’est le même jeune-homme qui accueille les femmes (neaniskos en grec), mais il est tout habillé, habillé de blanc… Est-ce un ange ? Ou tout simplement un disciple délivré de sa peur ? Oui ce jeune-homme, il peut être chacun, chacune, nous tous ici rassemblés… c’est nous les enfants, les jeunes gens, les adultes mariés, les célibataires, les religieux, les prêtres, les vieillards… C’est nous tous, aujourd’hui délivrés de notre peur… Aujourd’hui, délivrés de notre peur, nous seront les messagers des merveilles de Dieu.

Oui n’ayez pas peur ! Christ est ressuscité !

Henri Aubert sj
Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix

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Dimanche 4 avril 2021
Dimanche de Pâques

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Actes des Apôtres 10, 34a.37-43 : Dieu l’a ressuscité le troisième jour.
  • Psaume 117 : Voici le jour que fit le Seigneur.
  • Colossiens : 3, 1-4 : Recherchez les réalités d’en haut.
  • Jean 20, 1-9 : Marie Madeleine se rend au tombeau.

L’homélie

Il y a quelque chose d’étrange dans ces va-et-vient autour du tombeau de Jésus en ce matin de Pâques. Marie-Madeleine va au tombeau, le trouve vide, retourne chercher les apôtres. Pierre et Jean accourent ? Jean va plus vite, arrive le premier, mais n’entre pas. Pierre arrive, entre mais ne comprend pas. Jean entre à son tour, il voit et il croit. Il se souvient de ce que Jésus avaient dit avant de mourir et il comprend qu’il est ressuscité.

Dans la résurrection, ce qui est premier, c’est la foi. Car ce que Marie-Madeleine, Pierre et Jean voient, n’a rien d’une preuve ou d’une évidence. C’est une pierre roulée, c’est un tombeau vide, c’est une absence. Jésus n’est plus là où on l’a mis, où on a voulu l’enfermer. Il est parti, il est ailleurs. Pas de preuve, mais une question : où est-il ? Et cette question devient une réponse : il est ressuscité ! Mais cette question, elle nous est posée aussi : où est-il, où est Jésus, où est le ressuscité dans notre vie ?

Dans l’évangile de Marc, que nous avons lu hier, à la veillée Pascale, l’ange donne une réponse : « Il n’est pas ici, il est ressuscité, il vous précède en Galilée. » La Galilée, lieu de la vie quotidienne des apôtres, lieu de leur village, lieu du lac où ils vont pêcher pour subvenir à leurs besoins. Jésus ressuscité les précède là où ils sont chez eux, à la maison. Les femmes, en marchant vers le tombeau, se demandaient comment elles allaient pouvoir rouler la pierre. Comme si, pour rejoindre Jésus, il fallait faire des efforts gigantesques, presque surhumains : rouler une pierre lourde et pesante. Est-ce donc si difficile que cela de trouver Jésus ? Quelle pierre croyons-nous devoir rouler pour avoir enfin accès au ressuscité ?

Or, non. Nul besoin de rouler une pierre. Pas besoin d’être fort. Le message de l’ange révèle une toute autre réalité. « Il vous précède en Galilée ». Il vous précède, sur les lieux de votre vie quotidienne, là où vous travaillez, là où vous aimez, là où vous vivez… Et où pourrait-il être d’autre en effet ? Si le ressuscité ne vient pas nous rejoindre dans notre vie la plus habituelle, la plus concrète, en quoi cela pourrait-il nous concerner ? Et si Jésus ne venait pas nous rejoindre là où nous avons mal, là où l’épreuve nous frappe, là où c’est difficile, de quoi viendrait-il nous sauver ? Jésus ressuscité vient à notre rencontre dans notre vie réelle, telle qu’elle est, avec tous ses côtés, les bons, comme les

mauvais. Et c’est là qu’il nous donne ce qu’il a reçu de son Père, cette vie nouvelle, renaissante, ressuscitée. Sommes-nous désireux de l’accueillir ?

Mais il y a encore autre chose dans ce récit. Car Marie-Madeleine ne reste pas seule avec sa question : où est passé Jésus ? Sa première réaction est de courir vers les apôtres. Et les apôtres courent ensemble. Le plus rapide attend le plus lent. Et celui qui comprend, celui qui croit, va éclairer celui qui a du mal à voir. Ce n’est pas seul que l’on entre dans le mystère de la résurrection, c’est ensemble, c’est en communauté, c’est en famille. C’est ensemble que nous découvrons comment Jésus est présent, comment il vient nous communiquer sa vie. Seuls, nous nous demandons souvent s’il est vraiment là. Jusqu’à ce que quelqu’un, sur notre chemin, agisse comme un révélateur. Un geste, une parole, un regard, et c’est Jésus soudain qui est présent et que nous découvrons à nos côtés.

Jésus ne se cache pas derrière une pierre impossible à rouler. Il est au cœur de notre vie quotidienne. Ce n’est pas seul que nous le découvrons, c’est ensemble que nous reconnaissons comment il est là, au milieu de nous. Avec les yeux de la foi, nous comprenons qu’il n’est pas loin, qu’il marche avec nous sur nos chemins. A chaque fois que la joie prend le dessus, à chaque fois que l’espérance se lève, inattendue, dans une épreuve, à chaque fois que la vie nous fait cadeau de sa bonté, c’est lui qui est présent, c’est lui qui se donne. Le ressuscité. L’avez-vous reconnu, vous aussi ?

Prenons le temps, dans le silence de notre cœur, de contempler le tombeau vide, laissons résonner la question : « Où est-il ? » et laissons notre foi répondre. Alors, oui, nous le verrons, nous le reconnaîtrons, présent, vivant, au beau milieu de notre vie, lui qui était là depuis toujours. Amen.

Paul Malvaux sj
Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix

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Un chant pour accompagner la prière:
Fais paraître ton jour

Texte : Didier Rimaud – Musique : Jacques Berthier

Refrain : Fais paraître ton jour et le temps de ta grâce.
Fais paraître ton jour que l’Homme soit sauvé !

1. Par la Croix du Fils de Dieu, Signe levé qui rassemble les nations.
Par le corps de Jésus-Christ, Dans nos prisons, innocent et torturé.
Sur les terres désolées, terres d’exil, Sans printemps, sans amandier. R/

2. Par la Croix du bien-aimé, Fleuve de paix où s’abreuve toute vie.
Par le corps de Jésus-Christ, Hurlant nos peurs dans la nuit des hôpitaux.
Sur le monde que tu fis pour qu’il soit beau Et nous parle de ton nom. R/

3. Par la croix du Serviteur, Porche royal où s’avancent les pécheurs.
Par le corps de Jésus-Christ, nu, outragé Sous le rire des bourreaux.
Sur les foules sans berger et sans espoir Qui ne vont qu’à perdre cœur. R/

4. Par la croix de l’Homme-Dieu, Arbre béni où s’abritent les oiseaux.
Par le corps de Jésus-Christ, Recrucifié dans nos guerres sans pardon.
Sur les peuples de la nuit et du brouillard Que la haine a décimés. R/