Dimanche 25 avril 2021
Quatrième dimanche de Pâques
Je suis le Bon Pasteur

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Actes 34, 8-12 : La pierre d’angle.
  • Psaume 117 : La pierre qu’on rejetée les bâtisseurs.
  • 1 Jean 3, 1-12 : Nous sommes enfants de Dieu.
  • Jean 10, 11-18 : Le Bon Pasteur..

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L’homélie

Chaque année, le 4ème dimanche de Pâques nous donne à contempler Jésus comme berger de son Église. Chaque fois, c’est en nous faisant entendre, tiré de l’Évangile selon saint Jean (Jn 10), un passage du discours de Jésus où il se présente comme le Bon, le Beau Berger.

L’évocation d’un pasteur et de ses brebis touche facilement notre sensibilité, notre imagination. Dans un coin de notre mémoire, nous avons tous l’image d’un troupeau perché en haute montagne, ou l’image de petits agneaux blottis contre leur mère. Et la grandeur, la douceur de ces images nous parlent aisément de la grandeur, de la douceur du Christ.

Mais tout cela resterait un peu mièvre, un peu « carte postales de vacances » si Jésus évitait d’évoquer le loup qui rôde, les dangers mortels qu’un vrai berger accepte de courir pour sauver son troupeau.

Il est même prêt, dit-il, librement, à donner sa vie pour ses brebis. Et là, nous quittons les scènes champêtres pour cartes postales. En évoquant ce berger-là, Jésus veut nous aider à mieux le connaître en toute gravité, en toute vérité. Et c’est ainsi qu’il en vient très vite à nous parler de son Père, de son lien avec le Père comme une dimension essentielle de sa mission de berger.

Alors interrogeons-nous : En quoi l’accent mis sur le Père peut-il nous aider à mieux comprendre la mission de Jésus comme berger ? Autre manière de le dire : pourquoi est-il important pour nous d’entendre Jésus parler du Père durant la Journée mondiale de prière pour les vocations ?

Peut-être pouvons-nous partir tout simplement d’une réalité sociale qu’on constatait au temps du Christ, et qui est encore largement valable à notre époque : en général, le berger n’est pas le propriétaire du troupeau qu’il garde. Quelqu’un le lui a confié, il prend soin du troupeau d’un autre. Ce qui est beau, c’est lorsqu’il en prend vraiment soin comme si c’était le sien, tout en sachant qu’un jour il devra le ramener vers son légitime propriétaire. Voilà d’ailleurs ce qui va caractériser un bon berger, efficace et digne de confiance : cette alliance entre le grand attachement qu’il a pour les brebis, et le vrai détachement dont il est capable vis-à-vis de leur possession.

Et tout cela, bien sûr, nous parle de Jésus. Au long des Évangiles, nous découvrons à chaque page comment le moindre de ses actes, la moindre de ses paroles trouve sa source et sa force dans un double attachement, un attachement total : attachement au Père et attachement aux hommes que le Père lui a confiés.

Ce double attachement procure au Christ une liberté perceptible, quasi palpable, contagieuse : Certes, Jésus séduit, Jésus attire, il touche l’intelligence et le cœur des foules. Mais parmi tous ceux et celles qu’il rencontre, les hommes et les femmes qui, finalement, le suivront sont ceux et celles qui auront découvert et expérimenté que Jésus ne cherche pas à les retenir, à les rendre captifs de leur admiration pour lui.

Jésus est séduisant, mais il n’est pas séducteur : Il attire à lui, mais c’est pour qu’on s’attache à un autre que lui. Ceux et celles qui viennent à lui, il les conduit au Père. Voilà le Beau, le Bon berger : celui qui se donne tout entier à ses brebis, pour qu’elles accomplissent jusqu’au bout le chemin qui les mène au Père.

Peut-être commençons–nous à mieux comprendre pourquoi aujourd’hui, Journée mondiale de prière pour les vocations, il nous est bon d’entendre le Bon berger nous parler du Père, de le voir se tourner vers Celui qui lui a confié son troupeau, C’est capital, pour chacun/e de nous, capital pour toute vocation. Capital pour toute vocation, car, au fond, à y regarder de près, découvrir sa vocation revient à découvrir de qui l’on va, au long de sa vie, être le berger.

Qu’est-ce que découvrir ma vocation, l’appel reçu au plus profond de moi, l’appel qui donne pleinement sens à ma vie, sinon découvrir, sur telle ou telle étape de ma route, qui m’est confié tout particulièrement, très concrètement, pour qui je suis appelé à consacrer mon existence, de quelle personne je vais prendre spécialement soin au milieu du monde. Oui, quel troupeau (grand ou petit) ai-je à protéger, à faire grandir, les jours de grand soleil et les jours de brouillard ?

Cela paraît évident si l’on est appelé à être chef d’entreprise ou chef d’orchestre, médecin ou enseignant. Mais n’hésitons pas à généraliser. Le mariage, être marié, n’est-ce pas, dans son couple, être le berger l’un de l’autre ? Etre père/mère, n’est-ce pas avoir en charge, de nourrir, de guider, de faire grandir, de rendre robustes des enfants, des êtres initialement faibles comme de tout petits agneaux ? Je crois vraiment qu’on peut faire jouer cette image du berger dans tout l’éventail des vocations humaines dans le monde du travail, dans la vie publique, dans la vie de l’Eglise, et à tous les niveaux de la hiérarchie sociale.

Bien sûr, on le pressent tout spécialement, lorsqu’il s’agit d’enfants (c’est toute l’horreur des crimes d’inceste et de pédo-criminalité), il est vital que tout berger garde en mémoire qu’il n’est absolument pas propriétaire du troupeau. Son attachement doit aller de pair avec un détachement respectueux. Le Prophète de Khalil Gibran le dit à tous les parents : « Vos enfants ne sont pas vos enfants. »

Oui, découvrir ma vocation de berger, en couple, en famille, au travail, dans une ville, un monastère, c’est découvrir le lien profond qui unit ma vie à celle du Christ le Bon berger, et c’est, dans le même mouvement, m’entendre rappeler, fermement, doucement, que je tiens cette vocation du Père, avec tout ce que cela suggère de désappropriation et de respect absolu vis-à-vis des personnes qui me sont confiées sur la route.

Prions, tout particulièrement en ce jour, les uns pour les autres, afin que chacune de nos vies soit de plus en plus comme un reflet de la vie du Christ, l’unique berger, par l’amour, la délicatesse, la vigilance, le don de soi manifestés au service du troupeau, et par la joie de compter sur le Père, pour mettre en œuvre la vocation proposée à tous d’aimer et de servir. Amen.

Philippe Robert s.j.
Communauté de La Pairelle, Wépion.

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Un chant pour accompagner la prière:
Il n’est pas de plus grand amour

Communauté de Taizé

Refrain : Il n’est pas de plus grand amour
Que de donner sa vie pour ceux qu’on aime

  1.  S’étant levé de table, Jésus lava les pieds de ses disciples.
  2. Jésus dit : « Faites entre vous comme j’ai fait pour vous. »
  3. « Oui, comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. »
  4. « A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à cet amour que vous aurez les uns pour les autres. »
  5. « Comme le Père m’a aimé ; moi aussi, je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. »