La rencontre au bord du  lac de Tibériade
Thérèse Gabriel – Chapelle N.-D. de la Paix – Namur

L’homélie

Frères et Sœurs,

Ce récit se termine par un tableau. On y voit, déposé sur un rivage, un filet rempli de grands poissons et, à côté, un feu de braise sur lequel grillent de petits poissons avec du pain. Autour du filet et du brasier, il y a les disciples avec un étranger qui leur sert à manger.

Ce tableau est une représentation de résurrections. De celle de Jésus mais aussi de celle des disciples et de la nôtre.

C’est le récit qui construit, progressivement, le tableau au fur et à mesure des évènements qu’il raconte.

Tout commence par les disciples désespérés. Leur chemin avec Jésus s’est arrêté avec sa mort sur la croix. Le libérateur n’a pas libéré et le royaume n’est pas arrivé. Alors, tristement, ils en reviennent à leur métier de pêcheurs. « Je vais pêcher », dit Simon Pierre. « Nous allons, nous aussi avec toi », disent les autres.

Il fait nuit dehors et c’est la nuit dedans. En leur cœur. Ils sont dépouillés de tout à l’image de Pierre qui est nu. En, en plus, « ils ne pêchent rien ».

Et tout à coup, sur le rivage, un inconnu. Il leur demande : « Avez-vous de quoi manger ? ».

Comme la réponse est non, il se met à leur parler comme un maître à ses disciples : « Jetez le filet du côté droit de la barque et vous trouverez ». Le filet est jeté, il est remonté, il ramène une masse de poissons, le filet est tiré, par la barque et, enfin, le filet est déposé sur le rivage.

Un renversement s’est opéré. C’était le rien. L’échec. La nuit. Et c’est l’abondance. Le surplus. Le filet sur le rivage, rempli de poissons, est un signe de renaissance et de relance. Ces pêcheurs-là sont remis debout. Relevés. En posture de résurrection.

Notons-le bien : cette transfiguration des disciples est advenue dans l’exercice même de leurs activités quotidiennes. C’est dans le concret de la vie qu’on trouve la grâce de se relever.
Pas dans le refuge en soi-même ou dans l’extase hors du monde : « Avez-vous quelque chose à manger ? », « Jetez le filet », dit l’inconnu.

Faisons un pas de plus. A ce moment du récit, le texte dit que les disciples, « ne savent pas que c’est Jésus ». Et pourtant c’est lui. Il a les traits de l’étranger, de celui qu’on n’attend pas, de l’autre qui a faim peut-être : « Avez-vous quelque chose à manger ? ». Ce qui nous est ici enseigné, c’est que Jésus ne vient pas à la rencontre des hommes revêtus d’attributs divins mais dans n’importe quel de ces visages qui appellent et qui implorent.

Sur le rivage, aux côtés du filet, le feu de braise. Nous y sommes conduits par un autre trajet : celui que suivent les disciples. C’est un parcours de foi.

D’abord, les disciples croient en la parole de l’inconnu. Ils jettent le filet là où il l’a dit.

Et c’est le succès. Au point qu’ils n’ont pas la force de remonter le filet. Ils peinent à arracher le filet à la mer. Comme si elle tentait de le retenir. La mer est figure de danger et de mort.

C’est un combat pour la vie que les disciples sont maintenant conduits à mener. Ils se savent désormais habités par une force plus grande que la leur.

Alors s’exprime, explicitement, la foi d’un des disciples. Il dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! ».

Ce disciple n’est pas nommé mais il est désigné par un trait distinctif : il est le disciple « que Jésus aimait ».

Nous apprenons ici que se savoir aimé de Dieu apporte une intelligence du cœur qui permet de reconnaître toutes les formes que prend sa présence au milieu des hommes.

Puis, c’est à un autre disciple de faire acte de foi. Pierre se jette à la mer, il la traverse comme on traverse les eaux de la mort pour rejoindre le rivage : il court vers celui qui est la vie.

Et l’ensemble des disciples convergent vers la rive. Ils savent maintenant que c’est Jésus qui les attend. « Venez ! Déjeunez ! » leur dit-il.

Sur le feu de braise, il y a du pain et de petits poissons grillés. Et Jésus qui sert.

Les disciples se souviennent du pain multiplié et des poissons distribués.

Ils se souviennent du lavement des pieds.

Le texte dit alors : « Ils savent que c’est le Seigneur mais ils n’osent pas lui demander : toi, qui es-tu ? ». Ils savent que Jésus est avec eux mais autrement qu’avant. Il n’est plus là comme un être de chair et de sang. Son corps, il l’a livré et donné. Son sang, il l’a versé.

Les disciples se souviennent que Jésus a dit « Moi, je vais vers le Père […] mais je ne vous laisse pas orphelins, je viens à vous et vous me verrez car je vis et vous vivrez » (Jn 14,12 et 19).

Cette scène du tableau final est une manifestation de la foi en Jésus ressuscité.

Frères et sœurs, chaque fois qu’il nous arrive de nous réveiller de nos illusions et de nos déceptions, de nous relever de nos faiblesses et de nos petitesses, c’est la grâce de la résurrection qui agit en nous.

A nous de déposer, sur le rivage, le filet de nos peines et de nos efforts, de nos récoltes.

Chaque fois que, devant ceux qui sur les rivages du monde partagent le feu de braise qui réchauffe et le pain qui nourrit, nous disons : « C’est le Seigneur », nous aimons et nous croyons.

Père Jean-Paul Laurent  s.j.

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Pour accompagner la prière

Christ aujourd’hui nous appelle

Paroles : Claude Bernard – Musique : Michel Wackenheim

Christ aujourd’hui nous appelle,
Christ aujourd’hui nous envoie !
Vive le Seigneur qui nous aime,
Dieu nous donne sa joie,
Dieu nous donne sa joie !

1. Ses chemins nous conduisent vers la vie.
   Partez loin, l’aventure est infinie !
   Vous serez ses témoins,
   Vous qu’il nomme ses amis !
2. Ses chemins sont amour et vérité.
   Le bon grain, Dieu lui-même l’a semé.
   Vous serez ses témoins,
   La Parole va germer.
3. Ses chemins déconcertent vos regards.
   Son matin réconforte vos espoirs.
   Vous serez ses témoins,
   Soyez sûrs de votre foi !
4. Ses chemins vous libèrent de la peur.
   Dieu soutient les disciples du Sauveur.
   Vous serez ses témoins,
   Sur les pas du Serviteur !