L’homélie

Frères et Sœurs,

Les lectures proposées par l’Eglise pour ce dimanche reflètent une grande proximité de leurs auteurs, le prophète Isaïe, saint Paul et saint Matthieu, avec ce qui fait le quotidien de la vie et des réflexions qu’elle éveille chez leurs contemporains. On y parle de la lumière qu’on ne cache pas sous le boisseau, du sel qui est essentiel pour nous garder en vie. Et nous sommes invités, en tirant parti de ces observations et d’autres, à être attentifs à ce que notre prochain, au sens premier du terme (celui qui est proche de moi), ait de quoi se nourrir, se vêtir et s’abriter.

Isaïe nous demande de partager notre pain avec celui qui a faim. Paul nous dit que notre témoignage de chrétien doit s’appuyer non sur le prestige du langage et sur la sagesse humaine mais tout simplement sur la Foi qui nous habite. Enfin, Matthieu nous dit que c’est en voyant ce que nous faisons que les autres découvriront qui est Dieu.

Les textes d’Isaïe et de Matthieu partent de réalités très concrètes. Paul, lui, insiste sur le fait que ce ne sont pas les belles paroles, les beaux discours, la sagesse humaine qui sont notre force mais que celle-ci vient de Dieu.

Deux des trois lectures, chacune à sa manière, insistent sur le résultat de notre comportement. « La gloire t’accompagnera » dit Isaïe dans la première lecture c’est-à-dire « qu’en ne te dérobant pas à ton semblable » tu seras heureux. Matthieu, dans l’évangile, met, lui, l’accent sur la réaction des autres devant ce que nous faisons. Ils découvriront le bonheur de croire. Quant au texte de St Paul, il invite, dans l’action elle-même, à ne compter finalement que sur Dieu, à lui faire confiance.

Suite à une écoute trop rapide de ces trois textes, nous serions tentés de croire que, en tant que chrétiens, nous allons tout bien faire, nous sommes les sauveurs du monde alors que, sous-entendu, les autres n’y arrivent pas. Je crois que, penser ainsi, non seulement, c’est humainement prétentieux mais que c’est aussi nous substituer à Dieu. L’homme va arriver à tout résoudre comme le pense beaucoup de nos contemporains.

L’histoire passée et les évènements actuels démontrent que voir les choses de cette façon ne correspond pas du tout à la réalité. Chrétiens ou pas chrétiens, nous avons une certaine maitrise sur le monde et nous sommes capables de le transformer, de tirer parti de ce qu’il nous offre, de le défigurer aussi, suivant notre état d’esprit. Comme le dit saint Paul, notre force ne repose pas sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu.

Il ne faut pas non plus tomber dans l’extrême opposé qui nous situerait dans une fausse humilité affirmant que nous ne sommes rien et que c’est Dieu qui fait tout. L’homme collabore à l’action de Dieu et il est capable de faire des merveilles.

Enfin, j’ajouterais que, pour collaborer efficacement à l’action de Dieu, pour porter de la vie, du bonheur autour de lui, le chrétien doit, lui-même, se sentir bien en vie, heureux. On n’est pas capable de donner du pain à l’autre si soi-même on n’en a pas ! Cela veut dire qu’il est important aussi de prendre soin de soi. En d’autres mots, il ne faut pas s’auto-détruire, se laisser « épuiser » par les autres. Quand le discours chrétien nous invite à « mourir à soi », il ne nous invite pas à nous auto-détruire mais à lutter contre notre égoïsme qui, lui, est destructeur des autres et finalement de nous-mêmes.

Vous avez finalement ce dimanche un choix de lectures pleines d’enseignements qui restent vrais, depuis le temps d’Isaïe jusqu’à aujourd’hui et pour demain. C’est en partageant une Foi vivante que nos actions, petites et grandes, contribueront à nous rendre heureux et rendre les autres heureux.

        Père Pierre Devos sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

Télécharger le PDF de l’homélie

Lire la prière universelle de ce dimanche.

Un chant pour accompagner notre méditation

Lumière pour l’homme aujourd’hui   

Texte et musique : Didier Rimaud/CNPL

1. Lumière pour l’Homme aujourd’hui
   Qui viens depuis que sur la terre
   Il est un pauvre qui t’espère,
   Atteins jusqu’à l’aveugle en moi :
   Touche mes yeux afin qu’ils voient
   De quel amour Tu me poursuis.
   Comment savoir d’où vient le jour,
   Si je ne reconnais ma nuit ?
2. Parole de Dieu dans ma chair
   Qui dis le monde et son histoire
   Afin que l’Homme puisse croire,
   Suscite une réponse en moi :
   Ouvre ma bouche à cette voix
   Qui retentit dans le désert.
   Comment savoir quel mot tu dis
   Si je ne tiens mon cœur ouvert ?
3. Semence éternelle en mon corps
   Vivante en moi plus que moi-même
   Depuis le temps de mon baptême,
   Féconde mes terrains nouveaux :
   Germe dans l’ombre de mes os
   Car je ne suis que cendre encore.
   Comment savoir quelle est ta vie,
   Si je n’accepte pas ma mort ?