Mardi 15 août 2023

L’Assomption de la Vierge Marie

Lectures

  • Apocalypse de St Jean 11, 19 et 12, 1-6.10 : Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds.
  • Psaume 44: Debout à la droite du Seigneur, se tient la reine toute parée d’or.
  • 1ère lettre aux Corinthiens : 15, 20-27 : Le Christ est ressuscité d’entre les morts.
  • Luc 1, 39-56 : La Visitation.

Lire les textes de la liturgie

Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon sauveur!

L’Assomption – Vitrail de la Cathédrale de Nantes (France)

 

L’homélie

Frères et soeurs

Frères et sœurs

Que fêtons-nous aujourd’hui, en ce jour de l’Assomption ? La réponse vous semble sans doute évidente. Nous fêtons l’entrée immédiate de Marie, corps et âme, dans la gloire de Dieu, ou encore, son entrée au Royaume des cieux, dans la plénitude de son existence corporelle et spirituelle. Mais, qu’est-ce qui se cache derrière ces formules toutes faites ? Sommes-nous d’une manière ou d’une autre concernés par cette fête ou n’est-ce là qu’une sorte de privilège réservé à Marie, qu’on peut bien admirer, mais qui en fait une personne fondamentalement différente de nous ? A bien y regarder, cette fête est porteuse d’une espérance, d’une promesse et d’un accomplissement, d’une destinée, qui nous concerne tous, chacun et chacune, très personnellement. De quoi s’agit-il ?

Dans la première lecture, le livre de l’Apocalypse nous trace un tableau imagé, symbolique et impressionnant, du drame qui se manifeste dans l’histoire du monde et dans notre histoire personnelle : la lutte entre le bien et le mal, entre la vie et la mort, entre l’espérance, le salut, et le désespoir, la destruction. D’un côté, une femme enceinte, sur le point de donner la vie, et de l’autre, le dragon, dévorant et destructeur. Si nous contemplons un instant le spectacle du monde, comment ne pas y reconnaître cette lutte, ce combat de tous les jours entre les forces du mal, de violence, de mort, et la vie, la bonté, le bien, qui naît et qui renaît sans cesse, même au milieu des cendres après l’incendie ? Prenons le temps de contempler un instant ce combat, cette lutte incessante et d’en mesurer la gravité, l’enjeu, le sérieux. Dans le monde, et aussi dans notre vie, dans notre histoire personnelle : vie et mort, espérance et désespoir, bonté et méchanceté…

Qui va l’emporter ? Qui va gagner ? Si nous sommes honnêtes, avouons que la réponse ne coule pas de source. Qui du bien ou du mal, sera le plus fort ?

Le texte de l’Apocalypse nous donne un premier indice : l’enfant naît, il est emporté près de Dieu, la femme survit, elle se retire à l’abri, dans le désert, et une voix proclame : « Maintenant, voici le salut. La puissance et le règne de notre Dieu. Voici le pouvoir de son Christ », autrement dit, le pouvoir de l’envoyé, du Messie (Christ), de celui que Dieu envoie dans le monde pour le sauver.

Espérance donc, et promesse, que, dans ce grand combat de la vie et de la mort, Dieu ne reste pas extérieur, indifférent, spectateur, mais qu’il s’engage, qu’il entre lui-même dans cette lutte pour que la vie, la création qui est sortie de ses mains, l’emporte finalement.

Mais comment Dieu s’engage-t-il ? Nous le savons. En envoyant son Fils, Jésus, manifester et réaliser le salut du monde. Par toute sa vie, Jésus montre et accomplit la voie du salut. Il la montre, pour que nous puissions la comprendre et nous y engager à notre tour, et il l’accomplit, il la réalise en sauvant effectivement le monde, pour que ce salut ne soit pas seulement un rêve, une idée, ou pire, un devoir qui nous incomberait, mais une réalité sur laquelle nous pouvons nous appuyer chacun, chacune, pour y marcher à sa suite.

C’est ce que saint Paul explique dans sa lettre aux corinthiens. Il dit en effet : « Le Christ est ressuscité des morts (c’est un fait : le salut est possible et accompli, la victoire de la vie est possible et accomplie puisque Jésus est ressuscité). Car la mort est venue par un homme (et elle continue de venir tous les jours) et c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts (la victoire de la vie). En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même, dans le Christ, tous recevront la vie. [Car] Dieu mettra tous ses ennemis sous ses pieds et le dernier, l’ultime ennemi qui sera anéanti, c’est la mort. »

Ce qui était une espérance et une promesse, la victoire du bien et de la vie, en Jésus, devient une réalité, s’accomplit. Du coup, nous savons que nous sommes déjà sauvés, que notre mort n’est plus une fin mais un passage, et que ce passage a déjà été accompli, réalisé une fois pour toute par le Christ. La mort et le mal ont perdu d’avance, même s’ils font encore des ravages.

Dès lors, malgré cette lutte qui continue chaque jour, comme nous le voyons dans le monde et dans notre vie, c’est la joie et l’espérance qui l’emporte, comme nous l’entendons à longueur de phrases dans l’Évangile : « L’enfant a tressailli d’allégresse en moi, dit Élisabeth, heureuse celle qui a cru les paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » « Mon âme exalte le Seigneur, répond Marie, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Le Puissant fit pour moi des merveilles ! » Joie, car la vie surgit, joie, car le salut vient, joie car Dieu accomplit sa promesse, nous sommes sauvés !

Voilà ce que nous fêtons dans l’Assomption de la Vierge. Ce que Jésus accomplit pour tous, Marie le reçoit en premier, comme chacun, chacune, le recevra en son temps et en son heure : la vie en plénitude, la vie en Dieu, dans son intégralité corporelle et spirituelle, la vie comme elle a été créée et voulue par Dieu, victorieuse des forces du mal, du péché et de la mort.

L’intérêt des grandes fêtes, Noël, Pâques, Ascension, Pentecôte, Assomption, c’est qu’elles nous remettent en mémoire et en perspective toute l’histoire du salut, la globalité du mystère de notre foi, et de ce qui se joue de crucial dans chacun de nos actes, de nos choix, par lesquels nous participons à cette histoire et ce combat. Mais aussi et surtout, de comprendre qu’en Jésus, tout est déjà accompli, tout est déjà donné, et que nous pouvons déjà, et malgré tout, entrer dans cette joie du salut : la joie d’Élisabeth, la joie de Marie, la joie de Jésus, la joie de Dieu.

Les grands labyrinthes du Moyen-Âge que l’on voit dans les cathédrales comme à Chartres avaient comme caractéristique étrange de n’être constitués que d’un seul chemin qui, quelques soient les tours et les détours, menait toujours finalement au centre, à la cité céleste, à Dieu. S’il en est ainsi, c’est parce que Jésus est ressuscité et qu’en lui, la mort et le mal sont définitivement vaincus. Quel que soit notre chemin à nous, nos tours et nos détours, ce que Dieu donne à Marie dans l’Assomption, il nous le promet à chacun, à chacune d’entre nous. Il nous suffit de croire et d’accueillir ce don pour le recevoir. Comment n’exulterions-nous pas de joie avec Marie devant cette grâce incroyable que Dieu nous fait !

Père Paul Malvaux sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Couronnée d’étoiles

Paroles : A. Dumont   Musique : Marc Dannaud, Communauté de l’Emmanuel

Nous te saluons,
Ô toi notre Dame,
Marie, Vierge sainte que drape le soleil ;
Couronnée d’étoiles, la lune est sous tes pas ;
En toi nous est donnée
L’aurore du Salut
.

  1. Marie Eve nouvelle et joie de ton Seigneur,
    Tu as donné naissance à Jésus le Sauveur.
    Par toi nous sont ouvertes, les portes du jardin ;
    Guide-nous en chemin, étoile du matin.
  2. Tu es restée fidèle, mère au pied de la croix,
    Soutiens notre espérance et garde notre foi.
    Du côté de ton fils, tu as puisé pour nous,
    L’eau et le sang versés qui sauvent du péché.
  3. Quelle fut la joie d’Eve lorsque tu es montée,
    Plus haut que tous les anges, plus haut que les nuées,
    Et quelle est notre joie, douce Vierge Marie
    De contempler en toi la promesse de vie.
  4. Ô Vierge immaculée, préservée du péché,
    En ton âme en ton corps, tu entres dans les cieux.
    Emportée dans la gloire, sainte reine des cieux,
    Tu nous accueilleras, un jour auprès de Dieu.