Dimanche 24 décembre 2023

Quatrième dimanche de l’Avent (B)

Lectures

  • 2 Samuel 7, 1…16 : Le Seigneur t’annonce qu’il te fera lui-même une maison.
  • Psaume 88 : Ton amour, Seigneur, sans fin je le chante.
  • Romains 16, 25-27 : Révélation d’n mystère gardé depuis toujours dans le silence.
  • Luc 1, 26-38 : Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils.

Lire les textes de la liturgie

Il règnera pour toujours sur la maison de Jacob.

 

Image de Mireille d’Acremont
(Éditions Jésuites)

 

Homélie

Frères et soeurs

Aujourd’hui, je vous propose de méditer sur la notion de maison, ce lieu où l’on habite… En effet ce mot, « maison », revient sept fois dans les lectures de ce jour. Et c’est une belle coïncidence, alors qu’Action Vivre Ensemble nous a interpelés, pendant ce temps d’Avent, sur le droit au logement « Home sweet home, un droit pas un luxe ! » Cela nous rappelle l’importance d’avoir un toit pour nous protéger, un chez-soi où vivre dignement, y nourrir et élever ses enfants, y inviter ses amis et ses proches. Nous étions invités à partager avec les sans-abris qui n’ont pas ce bonheur !

La maison dans les récits que nous venons d’entendre est celle du roi David, consacré roi à la tête du peuple hébreu, ce peuple qui depuis Abraham, Isaac et Jacob a cheminé, avec des moments d’épreuves comme les longues années d’esclavage en Egypte, jusqu’à cette terre promise par Dieu où il se trouve maintenant, en paix, délivré de tous ses ennemis. Et c’est vrai que David habite maintenant une maison, royale, dans la ville de Jérusalem où le peuple est en paix.

David sait que cette maison, cette paix, est un don de de Dieu. Il le reconnaît. Alors il se dit qu’il faudrait construire une maison pour Dieu, un temple, en reconnaissance, en action de grâces !

Le prophète Nathan se fait alors l’interprète de Dieu : l’essentiel est que le peuple ait trouvé la paix. Dieu n’a pas besoin de maison… Jésus le dira à la Samaritaine : L’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne (le Mont Garizim où les samaritains adoraient Dieu, en se distinguant ainsi des juifs) ni à Jérusalem pour adorer le Père, mais vous l’adorerez en esprit et en vérité (cf. Jn 4, 23). Dieu est la source de tous les dons, la source qui transcende toutes les choses créées, il n’a pas besoin de temple !

Le prophète Nathan précise effectivement que ce qui importe à Dieu c’est la maison de chair et de sang qu’est le peuple de Dieu. Ce peuple dont Jésus sera le descendant, qui vient de David, qui lui-même est fils d’Abraham selon la généalogie de Matthieu, fils d’Adam, lui-même fils de Dieu, selon celle de Luc. Ce n’est pas un temple que Dieu veut mais un peuple qui sera aussi nombreux que les étoiles du ciel et que le sable de la mer (cf. Gn 22, 17). Les juifs, les chrétiens… tous les enfants de la terre.

Dans l’actualité quand nous voyons les images de ces maisons démolies par un tremblement de terre, un cyclone, celles rasées par les bombes de l’ennemi, quand sur ces photos, nous voyons des enfants, des familles survivantes, dans les affres de l’horreur… quand nous savons qu’un sans-abri, qu’un migrant ne trouvera jamais de travail et une vie normale s’il n’a pas de logement… nous nous disons que quelque chose ne va pas ! Tout être humain a droit à sa maison.

La maison c’est aussi la maison commune, c’est-à-dire notre terre, notre univers, cette maison qui se dégrade rapidement sous l’effet de tout ce que les humains y font, inexorablement si l’on ne fait rien pour changer nos habitudes. Mais là aussi, comme ne cesse de le répéter le Pape François, ce n’est pas seulement la maison où l’on habite, ce sont les hommes et les femmes qui y habitent, les peuples de la terre, tout particulièrement ceux qui sont les victimes de ce dérèglement climatique, de cette course à la consommation, de cette course aux armements… Hier, dans la presse, je lisais que si les américains arrêtaient de livrer des armes de destruction massive à Israël, la guerre s’arrêterait faute de munitions. Alors, oui vraiment, on pourrait se parler et envisager la paix !

Alors on pourrait envisager la naissance d’un royaume éternel ! Un royaume ? C’est-à-dire ce lieu où, comme dit Nathan à David, son peuple sera planté, s’y établira et ne tremblera plus, où les méchants ne viendront plus l’humilier, où Dieu lui accordera la tranquillité en le délivrant de tous ses ennemis… C’est ce royaume que Jésus vient réaliser, comme l’ange l’annonce à Marie, cette jeune fille, accordée en mariage à Joseph, de la maison de David : « Il règnera pour toujours sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin ».

Mais Dieu ne fera rien sans nous, comme il ne pouvait rien faire sans le consentement de Marie : « Que tout m’advienne selon ta parole. » Tout commence en cette humble maison de Nazareth. Tout commence, neuf mois plus tard, pour nous en cette nuit de Noël, dans une mangeoire, Jésus naissant, migrant, sans-abri, sans maison.

Si nous sommes réunis ce matin, plus nombreux ce soir encore, n’est-ce pas parce que Marie nous montre le chemin, « la première en chemin » et que nous avons-nous aussi à mettre la main à la pâte pour que tout homme en ce monde trouve sa maison, son royaume de justice et de paix ? Ce ne sont pas seulement les bons chrétiens, en prière, c’est toute l’humanité qui doit se mettre en route, en commençant pas ces sans-abris qui n’ont rien. C’est aujourd’hui parce que nous nous mettrons en route, chacune, chacun d’entre nous, en commençant par les petites choses de la vie courante, par la joie de la fête, par la main tendue à celui qui n’a rien, à celui qui est isolé, rejeté, dans nos maisons même… c’est aujourd’hui que la paix se réalisera, que notre maison commune, la terre toute entière, sera stable et délivrée de tous ses ennemis…

Père Henri Aubert sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

La première en chemin, Marie

Parole et musique : Marie-Colette Guédon

  1. La première en chemin, Marie tu nous entraînes
    A risquer notre oui aux imprévus de Dieu.
    Et voici qu’est semé en l’argile incertaine
    De notre humanité, Jésus Christ, Fils de Dieu.
    Marche avec nous Marie, sur nos chemins de foi,
    Ils sont chemins vers Dieu, ils sont chemins vers Dieu.
  2. La première en chemin, joyeuse tu t’élances,
    Prophète de Celui qui a pris corps en toi.
    La parole a surgi, Tu es sa résonance
    Et tu franchis des monts pour en porter la voix
    Marche avec nous Marie, aux chemins de l’annonce,
    Ils sont chemins vers Dieu, ils sont chemins vers Dieu.
  3. La première en chemin, tu provoques le Signe
    Et l’heure pour Jésus de se manifester.
    Tout ce qu’il dira, faites-le Et nos vignes,
    Sans saveur et sans fruits, en sont renouvelées.
    Marche avec nous, Marie, aux chemins de l’écoute,
    Ils sont chemins vers Dieu, ils sont chemins vers Dieu.
  4. La première en chemin pour suivre au Golgotha
    Le fils de ton amour que tous ont condamné,
    Tu te tiens là, debout, au plus prés de la croix,
    Pour recueillir la Vie de son cœur transpercé.
    Marche avec nous, Marie, aux chemins de nos croi,
    Ils sont chemins vers Dieu, ils sont chemins vers Dieu.
  5. La première en chemin, brille ton Espérance
    Dans ton cœur déchiré et la nuit du tombeau
    Heureuse toi qui crois d’une absolue constance ;
    Sans voir et sans toucher, tu sais le jour nouveau.
    Marche avec nous, Marie, aux chemins d’espérance,
    Ils sont chemins vers Dieu, ils sont chemins vers Dieu.
  6. La première en chemin avec l’Eglise en marche,
    Dès les commencements ? Tu appelles l’Esprit !
    En ce monde aujourd’hui, assure notre marche ;
    Que grandisse le Corps de ton fils Jésus Christ !
    Marche avec nous, Marie, aux chemins de ce monde,
    Ils sont chemins vers Dieu, ils sont chemins vers Dieu.