Dimanche 28 avril 2024

Cinquième dimanche de Pâques (B)

Lectures

  • Actes 9, 26-31 : L’Église était en paix dans toute la Judée.
  • Psaume 21 : Tu seras ma louange, Seigneur, dans la grande assemblée.
  • 1 Jean 3, 18-24 : Dieu est plus grand que notre cœur.
  • Jean 15, 1-8 : Je suis la vraie vigne.

Lire les textes de la liturgie

Je suis la vigne, vous êtes les sarments.

Christ, la vraie vigne. Icône sur verre, 19ème
Kronstadt, Transylvanie (Roumaine)
Musée national bavarois de Munich

 

 

 

Homélie

Frères et sœurs

Revenons une fois de plus sur l’une des plus belles déclarations de Jésus : « Je suis la vigne, vous êtes les sarments ». Une affirmation d’une simplicité saisissante, pourtant riche en significations que nous pourrions méditer pendant des heures. Dans un monde où l’individualisme et la revendication d’autonomie peuvent nous conduire à l’isolement, à la solitude et au désespoir, l’Évangile nous ramène à notre interconnexion essentielle. L’image de la vigne et de ses sarments nous rappelle avec force notre vocation fondamentale : mener une vie étroitement liée à Dieu mais aussi à nos semblables. Le sarment, lié à la vigne, entretient aussi des liens avec les autres sarments à travers elle. Cette métaphore nous rappelle que l’autosuffisance n’est pas notre dessein ; nous sommes conçus pour la communion et l’harmonie.

Explorons ensemble la profondeur de l’image présentée dans l’Évangile. Tout d’abord, situons les paroles de Jésus dans leur contexte. Ces chapitres 14 à 17 sont souvent considérés comme le dernier discours de Jésus, prononcé peu de temps avant sa crucifixion. Dans ces heures précédant l’horreur imminente, Jésus cherche à préparer ses disciples le mieux possible à son départ. Souvent, les paroles de quelqu’un approchant de la mort portent un poids particulier. Elles révèlent les préoccupations les plus profondes. C’est ainsi que nous devrions comprendre les paroles de Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui.

Jésus déclare au début du passage : « Je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron ». Peu après, il évoque l’objectif ultime de l’attachement du sarment à la vigne : porter du fruit. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à être fermement unis au Christ. Mais cela ne suffit pas. Comme nous dit l’Evangile : « Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ».

Comment comprenons-nous cela ? Notre union avec Dieu n’est pas une communion passive mais une communion active. Le sarment reçoit la sève et les nutriments de la vigne. Le sarment dépend de la vigne. Il pousse avec la vigne. Or, pour le vigneron, ce qui compte c’est que le sarment produise des fruits. L’appel à rester attaché au Seigneur est étroitement lié à l’appel à porter du fruit. Rester attaché au Seigneur, c’est trouver le courage de sortir de soi. C’est sortir de nos zones de confort. C’est sortir de nos espaces étroits et protégés. C’est entrer dans l’espace ouvert et témoigner de Jésus. C’est être exposé aux besoins des autres autour de nous et y répondre. C’est témoigner de la paix, de l’amour et de la joie.

Réfléchissons à ce sujet avec le Pape François : « L’un des fruits les plus mûrs qui découlent de la communion avec le Christ est, en effet, l’engagement dans la charité envers notre prochain, en aimant nos frères et sœurs, jusqu’aux conséquences ultimes, comme Jésus nous a aimés…Et cette charité, de notre part, doit commencer par les pauvres, ceux qui souffrent et ceux qui en ont le plus besoin. »

Les mots qui suivent dans l’Evangile nous amènent à une compréhension plus profonde de l’image de la vigne et des sarments et à un message plus profond. Le mot utilisé pour communiquer ce message est « demeurer », employé sept fois dans le texte. Cela nous montre l’importance que Jésus accorde au message qu’il nous donne. « Demeurez en moi, comme moi en vous ». Encore une fois, demeurer dans le Seigneur n’est pas passif mais actif. Ce n’est pas une demeure statique mais dynamique. Comment comprenons-nous cela ? Notre union avec le Seigneur devrait être une union transformatrice. Plus nous sommes intimement attachés à Lui, plus nous sommes transformés par Lui. Les fruits de cette union profonde sont merveilleux : notre manière de vivre, notre manière d’agir et notre manière de parler se transforment. La vie du Christ devient notre vie. Nous pensons comme Lui. Nous voyons le monde avec ses yeux. Et nous agissons comme Il le ferait. Cette expérience transformatrice est le fruit de notre demeure en Lui.

Et enfin, chers frères et sœurs, je souhaite attirer votre attention sur un autre message important que nous pouvons tirer de l’Évangile. Jésus nous dit : « Demeurez en moi ». C’est un appel à vivre activement en Lui, mais c’est aussi un appel à la conscience de soi. Chacun de nous est déjà attaché au Christ par son Baptême. Nous avons déjà reçu le don de rester en communion vitale avec le Christ. L’image de la vigne et des sarments nous invite à une conscience plus profonde que Jésus demeure en nous et nous en Lui. Nous sommes déjà en communion avec Lui. Tout ce que nous faisons, tout ce que nous accomplissons, est le fruit de cette communion. Les sarments ne sont pas autosuffisants. Ils dépendent totalement de la vigne. De même, nous dépendons totalement de lui. Tout le fruit que nous portons vient de notre union avec Lui.

Prions le Seigneur pour que nous grandissions dans cette conscience d’être profondément unis à Dieu, et que cette communion se renforce et se manifeste à travers des fruits abondants dans nos vies. Jésus nous assure dans l’Évangile que sa parole nous purifiera. Écoutons-le. Pensons-y. Méditons là-dessus. Il nous assure encore que le Père taille et purifie tout sarment qui porte du fruit. Prions le Seigneur pour que nous nous laissions transformer par notre communion avec Lui. Que le Seigneur nous aide à porter beaucoup de fruits. Puissions-nous être témoins du Christ, de son amour, de sa joie et de sa paix.

Père Thomas Madanu sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Je vous ai choisis

Paroles et musique : C. Lorenzi

  1. Je vous ai choisis, je vous ai établis
    Pour que vous alliez et viviez de ma vie.
    Demeurez en moi, vous porterez du fruit,
    Je fais de vous mes frères et mes amis.
  2. Contemplez mes mains et mon cœur transpercés,
    Accueillez la vie que l’Amour veut donner.
    Ayez foi en moi, je suis ressuscité,
    Et bientôt dans la gloire, vous me verrez.
  3. Recevez l’Esprit de puissance et de paix,
    Soyez mes témoins, pour vous j’ai tout donné.
    Perdez votre vie, livrez-vous sans compter,
    Vous serez mes disciples, mes bien-aimés !
  4. Consolez mon peuple, je suis son berger.
    Donnez-lui la joie dont je vous ai comblés.
    Ayez pour vos frères la tendresse du Père,
    Demeurez près de moi, alors vous vivrez !