Dimanche 15  juin 2025

La Trinité

Lectures

  • Proverbes 8, 22-31 : Avant les siècles, j’ai été formé.
  • Psaume 8 : Ô Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre !
  • Romains 5, 1-5 : L’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu.
  • Jean 16, 12-15 : Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité.

Lire les textes de la liturgie

Le Dieu de la danse

La Trinité et tous les saints
dans les Heures d’Etienne Chevalier
Musée Condé, Chantilly (France)

Homélie

Frères et sœurs,

Ce dimanche est la fête de la Trinité. La foi trinitaire est fondamentale dans le christianisme. Toute prière, toute assemblée chrétienne commencent par le signe de la croix sur le corps « au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ». Et, chaque dimanche, après la liturgie de la Parole, nous proclamons ensemble notre foi en Dieu Trinité.

Cette proclamation de la foi trinitaire durant la liturgie dominicale a, au choix, deux versions reconnues universellement. Il y a, tout d’abord la version courte, dite le symbole des Apôtres, qui trouve son origine dans la liturgie du baptême quand l’assemblée, en réponse à l’invitation du célébrant, proclame successivement sa foi en Dieu Père, Fils, Esprit et à l’Eglise. C’est cette confession de foi de l’assemblée qui est reprise dans le symbole des Apôtres.

La deuxième version du Credo Trinitaire de l’Eglise, plus longue que le symbole des Apôtres, est le symbole de Nicée-Constantinople. Cette deuxième version n’est pas d’origine liturgique, mais d’origine dogmatique et conciliaire. Cette confession de foi trinitaire reprend, en effet, les déclarations dogmatiques des conciles de Nicée et de Constantinople des années 325 et 360.

Une fois n’est pas coutume, faisons un peu d’histoire.
Comme vous l’avez sans doute entendu dire, l’Eglise célèbre cette année le 1700 anniversaire du concile de Nicée dans l’actuelle Turquie. Cela nous touche de près, puisque, en effet, c’est le Credo de Nicée-Constantinople, au choix avec le symbole des apôtres, que la liturgie nous invite à proclamer chaque dimanche. En 325, exactement le 20 mai, s’ouvrait le premier concile œcuménique convoqué par l’empereur Constantin qui s’était converti au christianisme et a favorisé ainsi son expansion dans tout l’empire romain.

Quelque 300 évêques ont participé à ce premier concile œcuménique durant 3 mois. Son enjeu était primordial car il s’agissait d’unir les chrétiens dans une même foi et de trouver les mots pour dire cette foi commune aussi bien dans la langue latine pour l’Eglise d’Occident qu’en grec pour l’Eglise d’Orient. La question essentielle qui était posée était la question de l’identité de Jésus. Jésus était-il Dieu ou seulement une créature, la première des créatures, sans doute, néanmoins une créature, comme le croyaient beaucoup de chrétiens de l’époque qu’on appelle les ariens, à la suite d’Arius d’Alexandrie, un théologien pasteur du troisième siècle, né dans l’actuelle Lybie. Pour Arius et pour ses disciples, Jésus, Fils de Dieu, n’est pas Dieu. Il n’a pas toujours existé, il a été créé, il est donc de nature inférieure à Dieu, de nature subordonnée.

Mais cette manière de considérer Jésus mettait en question la réalité du salut. Jésus peut-il être sauveur s’il n’est pas Dieu ? C’était donc, en définitive, la question de la réalité du salut qui était posée. Le concile de Nicée a répondu à cette question en affirmant la consubstantialité du Père et du Fils. Comme le dit le credo de Nicée que nous proclamons à la messe : Jésus est Dieu, « vrai Dieu, né de vrai Dieu, engendré non pas créé, de même nature que le Père ».  Autrement dit, Jésus, le Fils de Dieu est consubstantiel au Père, de même nature que le Père.

Le concile de Constantinople en 360 a achevé l’œuvre du concile de Nicée.  Et c’est le symbole de Nicée-Constantinople que nous proclamons dans nos liturgies dominicales.

Que dit finalement ce symbole de Nicée-Constantinople. Il n’y a qu’un seul Dieu, en trois personnes, distinctes et égales.  Il n’y a pas de hiérarchie en Dieu ; il n’y a pas de subordination, pas de domination en Dieu. Les personnes divines reçoivent « même adoration et même gloire ». 

L’originalité de la foi trinitaire, même si les mots sont toujours insuffisants pour dire Dieu qui reste un mystère, c’est de penser Dieu en trois personnes distinctes et égales ; c’est de penser Dieu en termes de relation, en termes de communication. Dieu est en lui-même relation entre des personnes distinctes. En d’autres termes, en Dieu, Il y a de la différence et du mouvement.  Dieu est amour et, comme le dit saint Ignace, l’amour est « communication mutuelle ». Aussi peut-on voir en Dieu un mouvement incessant et créateur de donner / recevoir / rendre. Pour signifier ce mouvement, la tradition théologique latine parle de « circumincession ».  La tradition théologique orientale, elle, parle de « périchorèse ». Et le verbe perichoeo signifie « danser autour ». Dieu qui est amour, qui est communication, est ainsi pensé comme une danse joyeuse dans laquelle nous sommes invités à entrer.

Nous sommes invités, en effet, à entrer dans cette danse joyeuse[1] qui unifie, personnalise, promeut les différences dans une égale dignité. C’est pourquoi nous vivons de l’esprit trinitaire et la Trinité habite en nous dès lors que nous faisons l’unité entre nous : l’unité dans nos communautés, dans nos familles, dans notre nation et entre les nations elles-mêmes : non pas une unité qui uniformise et réduit tout le monde au même  («je ne veux voir qu’une seule tête !») mais, au contraire, une unité qui respecte les singularités et les fait émerger dans leurs différences, sans que ni l’unité ni les différences ne donnent prise à la domination de l’un sur l’autre.

La foi trinitaire, en ce sens, insuffle un idéal vivifiant et créateur dans nos relations personnelles aussi bien que sociales et politiques ; un idéal où s’engendrent ensemble, comme dans une ronde, la liberté, l’égalité et la fraternité.

Friedrich Nietzsche, le prophète de l’athéisme moderne, écrivait ceci dans son texte « Ainsi Parlait Zarathoustra » : « Je ne pourrais croire qu’en un Dieu qui saurait danser ».

Que cette interpellation nous fasse entrer davantage dans le mystère de la Trinité. Le christianisme est un hymne à la joie. On y entre comme dans une danse, encore faut-il qu’un espace s’ouvre et qu’une main se tende qui invite à emboiter le pas

Frères et sœurs, soyons pour autrui, pour nos enfants, pour nos voisins, pour toute personne que nous rencontrons, cette main qui invite à se joindre à la ronde.

[1] Cf. Jürgen MOLTMAN, Le Seigneur de la danse, Cerf, Paris, 1972.

Père André Fossion sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur

Télécharger le PDF de l’homélie

La prière universelle de ce dimanche

Le célébrant : En ce dimanche de la sainte Trinité, tournons-nous avec confiance vers Dieu, Père, Fils et Eprit.

Refrain :       Jésus, toi qui as promis d’envoyer l’Esprit à ceux qui te prient,
Ô Dieu, pour porter au monde ton feu, voici l’offrande de nos vies.

  1. Seigneur, nous te rendons grâce pour le Concile de Nicée qui, il y a 1700 ans, nous a donné des mots pour notre foi. Que l’Eglise, unie à son Pasteur Léon XIV, continue de manifester ton Nom au milieu du monde et grandisse dans l’Unité. R/
  2. Seigneur, nous te prions pour les gouvernants et dirigeants des nations. Que ton Esprit consume en eux toute velléité de domination et de puissance, et leur apprenne à voir en tout humain un reflet de ton image. R/
  3. Seigneur, nous te prions pour toutes les familles, en particulier celles qui traversent de lourdes épreuves. Qu’elles trouvent sur leur chemin des personnes attentionnées et bienveillantes, qui témoignent du réconfort et du soutien que tu leur donnes. R/
  4. Seigneur, nous te prions pour notre communauté ecclésiale et pour notre diocèse. En ce mois où nous fêtons le Sacré-Cœur de Jésus, fais que chacun d’entre nous trouve la consolation dans une relation personnelle avec lui et apprenne de lui la compassion. R/

Le célébrant : Père, exauce nos prières inspirées par ton Esprit d’Amour, toi qui vis et règnes avec le Fils maintenant et pour les siècles des siècles.

Prière inspirée du Réseau Mondial de Prière du Pape

Télécharger le texte de la prière Universelle

Un chant pour accompagner notre méditation

Nul n’a jamais vu Dieu

Paroles : Sœur Marie-Claire – Musique : Philippe Robert

  1. Nul n’a jamais vu Dieu,
    nul ne sait qu’il est Père,
    Mais Jésus nous l’a révélé,
    et l’homme apprend qu’il est aimé.
  2. Nul ne connaît le Fils,
    nul n’en sait le mystère,
    Mais les pauvres seront comblés,
    et l’homme apprend qu’il est aimé.
  3. Nul ne connaît son cœur,
    nul n’en sait la misère,
    Mais l’Esprit vient pour l’habiter,
    et l’homme apprend qu’il est aimé.
  4. Nul ne saurait unir
    les enfants de la terre,
    Mais l’amour veut tout rassembler,
    Et l’homme apprend qu’il est aimé.