Dimanche 13 décembre 2020
Troisième dimanche de l’Avent
La joie pour aujourd’hui

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Isaïe16, 1-2a.10-11. Je tressaille de joie dans le Seigneur.
  • Luc 1, 46-55. Mon âme exulte en mon Dieu.
  • 1 Thessaloniciens 5, 16-24. Soyez toujours dans la joie.
  • Jean 1, 6-8.19-28. Il y eut un homme envoyé par Dieu.

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Introduction du troisième dimanche

Gaudete ! Réjouissez-vous !

Une bougie rose prend place parmi les bougies rouges de l’Avent. Mais comment se réjouir aujourd’hui, en ce temps de pandémie, de souffrance pour certains, de solitude pour beaucoup, d’incertitude pour tous ? « La caractéristique de la joie chrétienne, nous rappelle le pape Françoise, est qu’elle peut être partagée avec la souffrance, puisqu’elle est entièrement basée sur l’amour ».

La joie de l’incarnation, c’est la joie d’aimer. C’est la joie de l’ami qui vient chez nous, non en coup de vent, mais pour marcher avec nous, ouvrir dans nos vies une « porte d’espérance » (Osée 2,15), et de confiance renouvelée. Et pour nous inviter à devenir, à notre tour, porteurs de cette joie qui console, qui relève, et qui met en route…

Cécile Gillet

Le commentaire de la « fleuriste de Notre-Dame »

Le bouquet s’illumine aujourd’hui de fleurs blanches et d’une trosième bougie, et accueille les bergers.

Toujours sur le qui-vive, il protègent leurs troupeaux des attaques des prédateurs, même dans le froid, même dans l’obscurité … César, Quirinus et les scribes, eux, dorment. (cf. Lc 2,1)

Comme les bergers, devenirs veilleurs, et découvrir que Dieu lui-même est éveillé, attentif, plus impatient que nous. Il nous précède sur nos chemins …

Cécile Gillet
“Fleuriste” de Notre-Dame de la Paix

L’homélie : Là, un visage

Ce texte, extrait de la toute première page de l’évangile de Jean, est comparable à une semence. Peut-être à une des plus petites semences qui soient mais qui contient, en puissance, le plus grand des arbres qui soit : celui qui unit le ciel et la terre, l’arbre de la croix, là où la vie vient à bout de la mort. Ce qui nous est relaté est, en effet, un petit évènement très délimité dans l’espace et dans le temps : tout se passe, un jour, à Béthanie, où Jean Baptisait. Il s’agit d’un échange, plutôt bref, entre le baptiste et quelques personnages. Une rencontre précédée d’un court commentaire qui présente Jean le Baptiste. Voilà pour la semence.

Il nous faut maintenant ouvrir la coque de la semence. Peut-être son contenu nous réserve-t-il quelques surprises. Observons d’abord un trait commun entre les protagonistes de l’entretien rapporté. Tous sont des envoyés. « Il y eut un homme, envoyé de Dieu. Son nom : Jean » dit le texte. Face à lui, des prêtres, des lévites et des pharisiens envoyés par les autorités religieuses de Jérusalem.

Le récit nous fait assister à un interrogatoire d’identité : pareil interrogatoire constitue toujours la première phase d’un procès. « Qui es-tu ? ». « Pourquoi baptises-tu ? ». C’est bien le commencement d’un procès.  Un procès qui va se prolonger, avec les mêmes procureurs, tout au long de la vie de Jésus, jusqu’à son arrestation et sa passion. Comment ne pas voir qu’ici, déjà, est en jeu toute la vie terrestre de Jésus jusqu’à sa condamnation et sa mort. L’enquête commanditée par les Grands Prêtres se déroule, nous dit-on, là où Jean baptise, « au-delà du Jourdain ». Cette notation topographique n’est pas anodine. L’évangile mentionne cette expression à plusieurs reprises. Et, chaque fois, elle est en rapport avec le Baptiste .

Or le Jourdain, dans l’Ancien testament, est la frontière franchie par les Hébreux pour entrer dans la Terre promise. Pour passer de la situation d’esclaves à l’état d’hommes libres. Ce qui fait que « l’au-delà du Jourdain » est le signe du lieu où la vie prend la place de la mort.  Dès lors, Jean le Baptiste apparaît comme un « homme frontière ». Comme un « passeur ». Son baptême dans l’eau est un chemin vers la vie. Il peut se définir comme une voix qui appelle à prendre ce chemin.
Dans ce texte-semence, un homme, Jean le baptiste annonce la mort et la résurrection de Jésus. L’arbre de la croix de vie est présent, ici. La figure du Baptiste s’adresse à la totalité de l’espace et du temps. Le texte le dit explicitement : « Fut un homme, envoyé de Dieu, pour que tous croient à travers lui ». L’enjeu est que tout homme vienne à la lumière. Or, chez saint Jean, la lumière ne se comprend qu’en opposition à la ténèbre. La ténèbre, c’est la force meurtrière qui a frappé Jésus sur la croix. La lumière, c’est la force de vie qui a triomphé de la mort sur la croix. Nous sommes présents au cœur de ce texte-semence. Car nous sommes parties-prenantes de la ténèbre. Nous sommes pris dans un espace régi par la mort. Nous sommes asservis à une complicité avec la mort. Doublement.

D’abord, nous devons bien admettre que les êtres humains que nous sommes, ne parviennent pas à se défaire de l’enfer de la guerre, d’une tentation meurtrière qui leur gangrène le cœur, des manifestations de haine, des refus de l’égalité entre tous les êtres humains. Ou encore, la rivalité, la compétition et, finalement, l’exclusion de l’autre.

Ensuite, il y a ce que nous vivons au plus profond de nous. Toutes ces nuits que traversent tant hommes et de femmes, dans l’isolement, la solitude ou l’abandon, le dénuement et la pauvreté, la dépression ou le découragement. Tant de violences, de délinquances, de maltraitances. Tant de calmants, tant de médicaments ! Tant de douleur d’exister.

Là, sur la croix, un visage est, en permanence, tourné vers ces souffrances-là. Un visage dont les lèvres ne cessent de dire : « Lève-toi et marche ». Un visage qui est la figure et la source de la donation gratuite et sans réserve. Là est la lumière, la vie victorieuse de la mort. Et nous attendons. Jean le Baptiste est ici. Il attend avec nous. Jean-Baptiste « Qui es-tu ? » Jean le Baptiste, c’est chaque fois qu’une part d’Humanité surgit dans la nuit. C’est chaque fois que s’éveillent la paix, la solidarité et la fraternité. Chaque fois que des armes se taisent et que des murs tombent. C’est chaque fois qu’un visage se tourne vers un autre visage par tendresse, pour partager ou pour pardonner, pour essuyer des larmes et pour panser des plaies.

Chaque fois, Jésus ressurgit d’entre les morts.

Jean-Baptiste, c’est aussi, bien des inconnus venus des lieux les plus inattendus, bien éloignés de notre foi. Tous ceux-là, les chrétiens ne peuvent que les servir.
Ils sont« porteurs d’amour, de toutes les formes de l’amour, de toutes les inventions de l’amour ». Et c’est la lumière.

Père Jean-Paul Laurent s.j.
Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix

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Méditation sur la Parole de Dieu

Ce passage de l’Evangile de St Jean m’interpelle depuis longtemps (Jn 1, 19-22). « Qui es-tu ? » demandent les prêtres à Jean le Baptiste. Jean répond par une négation : « Je ne suis pas le Christ ». « Es-tu Elie ? » « Je ne le suis pas ». « Es-tu le prophète annoncé ? » « Non ».

Comme il est difficile de se définir ! Comment est-ce que je me présente aux autres ? Par mon métier ? Vous faites quoi dans la vie ? Je suis professeur, je suis boulanger … Par ma famille, par mon héritage ? Par mes diplômes, ma fonction ? Mais si je perds tout cela, ne suis-je donc plus personne ?

Et Jean répond : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Dès le sein de sa mère Elisabeth, Jean a rencontré le Christ. Et depuis, il a entrevu qui il était vraiment : il est l’« ami de l’époux », prêt à tout pour lui ouvrir un chemin, vers lui, vers nous.

Car nous aussi, c’est dans cette rencontre du Christ que nous saurons vraiment qui nous sommes. Rencontrer et me laisser rencontrer, accueillir et apprendre à aimer l’inconnu que je suis. Connaître, « naître avec » ! Cela demande du temps, une infinie patience, de part et d’autre. Toute une vie peut-être. Mais vivons aujourd’hui. Re-naissons aujourd’hui, mais avec Lui …

Cécile

Un chant pour accompagner la prière: Jean le Baptiste

La vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=jhEaIXnaXNU

Marie-Annick Rétif (Mannick) et Jo Akepsimas

1. Il avait du feu dans le cœur, Jean le Baptiste,
Quand il annonçait le temps du Sauveur.
Il ouvrait de nouveaux chemins, Jean le Baptiste,
A ceux que l’espoir menait au Jourdain.

R. Ecoute, écoute, l’amour au fond de toi,
Ecoute, écoute, il te parle tout bas de préparer la route.

2. Il a fait signe à ses amis, Jean le Baptiste,
Pour qu’ils reconnaissent enfin le Messie !
Mais il avait parlé si fort, Jean le Baptiste,
Que tous les puissants ont voulu sa mort.

3. Ceux qui t’ont cru dans le désert, Jean le Baptiste,
Marchent dans la vie les yeux grands ouverts !
Quand tu deviens l’un d’entre nous, Jean le Baptiste,
L’Esprit du Seigneur souffle de partout !