
Dimanche 16 novembre
33ème dimanche ordinaire
- Malachie 3, 19-20a : Voici que vient le jour du Seigneur.
- Psaume 97 : Il vient, le Seigneur, gouverner les peuples aves droiture.
- 2 Thessaloniciens 3, 7-12 : Nous avons travaillé pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous.
- Luc 21, 5-19 : Le moment est tout proche !
Lire les textes de la liturgie
Certains disciples parlaient à Jésus du Temple,
Berna, Evangile et Peinture.
Homélie
Frères et sœurs,
Si l’espérance t’a fait marcher
Plus loin que ta peur
Tu auras les yeux levés
Alors tu pourras tenir
Jusqu’au soleil de Dieu.
Voilà un chant qui résume bien les lectures de ce dimanche.
Cette espérance, cet appel à garder les lieux levés, c’est ce qui retentit dans le Psaume – « Acclamez le Seigneur, car il vient (…) pour gouverner le monde avec justice. »
C’est aussi ce qui habite la première lecture, qui se trouve à quelques lignes du point final de tout l’Ancien Testament. Elle vient comme une réponse à une tentation qui traverse toute la Bible, comme elle traverse chacun de nous. Devant ce qui semble si souvent être la répétition du même, lorsque ce n’est pas la progression du mal : la tentation du « à quoi bon ? » Tentation qui a d’ailleurs trouvé à s’exprimer quelques phrases avant l’extrait que nous avons entendu : « A quoi bon avoir servi Dieu ? Que gagnons-nous à avoir gardé ses observances ? Maintenant nous en sommes à déclarer heureux les arrogants ; ils prospèrent, ceux qui font le mal » (Ml 3,14-15).
C’est contre cela que s’élève, dans la Bible, ce que l’on appelle les passages apocalyptiques – dont font partie la première lecture et l’Évangile. À l’inverse du sens qu’a pris le mot aujourd’hui, l’apocalyptique, avec ses images fortes, n’est pas là pour dire la peur d’une catastrophe. Elle est, au contraire, à la fois un espoir et une protestation : « Cette histoire qui semble tourner en rond n’est pas le dernier mot ! » « Relevez la tête », nous dit-elle. « Dieu va intervenir. Le soleil de justice se lèvera. »
C’est beaucoup. Mais avouons-le, s’il n’y avait que cette promesse, renvoyée à un futur qui semble reculer à chaque pas, voilà qui, des siècles plus tard, resterait au fond un peu abstrait. En réalité, il s’agit avant tout d’un appel pour aujourd’hui. L’appel, pourrait-on dire, à tenir debout. L’appel à avoir une véritable consistance.
Il est frappant, dans la première lecture, que ce soit le même soleil qui dessèche les uns – les impies, les arrogants – et qui guérisse les autres. Fournaise destructrice d’un côté, rayonnement réparateur de l’autre. Avec cette question qui nous est posée : de quel côté sommes-nous ? Ce soleil, que viendra-t-il rejoindre en nous ?
Nous pouvons penser à l’expérience d’entendre une vérité salutaire mais désagréable. Pour les uns, elle provoquera de la colère, voire de la rage – à en perdre les racines et les branches qui restaient. Pour d’autres qui l’accueilleront avec reconnaissance, elle sera source de changement, de guérison. Le même soleil… mais quelle consistance avons-nous, quelle liberté intérieure, qui nous permettent de le recevoir comme une guérison et non comme une menace ?
Cette consistance, c’est aussi ce à quoi nous invite saint Paul. Que cette attente du jour du Seigneur, de la venue du Christ, ne soit pas l’occasion de perdre nos racines. Qu’elle ne conduise pas à une vie sans profondeur, faite d’agitation en surface. Il s’agit de lever les yeux, pas de flotter au vent. D’œuvrer à nos tâches avec le calme de celles et ceux qui savent que le dernier mot ne dépend pas d’eux, mais qu’il s’écrit aussi avec leur travail.
C’est, au fond, le paradoxe de l’attitude chrétienne résumé par l’évangile de Jean : « Être dans le monde sans être du monde ».
Paradoxe et consistance : c’est ainsi que l’on pourrait aussi résumer l’évangile. Paradoxe, car il faut l’avouer, le texte est loin d’être clair ! De quoi parle Jésus, exactement ? De la chute de Jérusalem et de la destruction du Temple ? De la fin des temps ? Et que penser de ces avertissements : « ne marchez pas derrière eux »… A quoi bon avertir de ce qui viendra, si c’est pour dire que quand on croira le reconnaître, on sera dans l’erreur ? Sans parler des signes qui précèderont ce jour : des guerres, des famines et des tremblements de terre… avouons-le, on pourrait faire plus précis !
Mais précisément, c’est probablement ce que Jésus veut nous dire. D’un côté, même le Temple sera détruit. Ne nous laissons pas prendre au piège des fausses grandeurs, des fausses assurances. Gardons les yeux levés. De l’autre côté, n’enjambons pas ce présent qui est le nôtre. La chute du Temple n’est pas la fin des temps. Les guerres, les catastrophes, tout ce qui peut faire le ballet angoissant des jours, ne sont pas non plus la fin des temps. Mais voilà ce qu’il s’agit d’affronter, de traverser, dans la confiance en Dieu.
C’est comme si Jésus nous disait : ne soyez pas comme ces moineaux, ou ces brins de paille, qui vont d’un côté ou de l’autre, au gré du vent et des faux prophètes. Ne soyez pas de ceux qui attendent le salut d’un autre que de Dieu. Ne jouez pas le jeu, si humain, de la fabrique d’idoles – que ces idoles soient des politiques qu’on transforme en sauveurs, des figures spirituelles qu’on en vient à adorer, des révélations cherchées à droite et à gauche et qui ne ramènent pas vers l’Évangile… Non, nous dit Jésus : mais tenez fermes. Soyez consistants. Comme l’évangile le dit ailleurs : « Ayez du sel en vous-mêmes » (Mc 9,51).
Voilà l’invitation de ces lectures : non pas le « à quoi bon ? », mais la liberté du « et alors ? » A toute la liste des nuages à l’horizon, l’on pourrait répondre : « et alors » ? « Et alors ? », si nous tenons suffisamment au Christ ; si nous osons croire que la parole à dire sera donnée au temps voulu ; si nous avons la consistance de celles et ceux qui ne cherchent pas à deviner l’avenir, mais à persévérer dans ce qui est juste. Si nous osons ré-entendre :
Si l’espérance t’a fait marcher
Plus loin que ta peur
Tu auras les yeux levés
Alors tu pourras tenir
Jusqu’au soleil de Dieu.
Père Perrin Lefebvre sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur
La prière universelle de ce dimanche
Le célébrant :
Confions au Seigneur, dans la prière, les grandes intentions du monde et de l’Eglise.
Refrain : Toi qui nous aimes, écoute-nous, Seigneur.
- En cette neuvième Journée Mondiale des Pauvres, nous prions en communion avec tous ceux qui se sont rassemblés à cette occasion, à Baneux, avec les pauvres, dont un certain nombre de personnes de la rue, venues de Namur. Que le Seigneur les soutienne dans leur situation de précarité et leur donne une vraie consolation.
Prions le Seigneur. - Au Brésil est réunie pour plusieurs semaines la conférence sur le climat, la Cop 30. Nous prions pour tous ceux qui travaillent à la sauvegarde de la Création. Que l’Esprit Saint les éclaire et les encourage dans leur volonté de renouveler le monde.
Prions le Seigneur. - En ce mois de novembre, nous prions avec le Pape Léon. Que les personnes en grande détresse, tentées par le suicide, trouvent dans leur communauté et près d’elles, le soutien, l’attention et l’amour dont elles ont besoin et qu’elles s’ouvrent à la beauté de la vie.
Prions le Seigneur. - Comme chaque mois, les familles de notre communauté chrétienne se réunissent à la messe de midi. Qu’en elles, enfants et adultes témoignent avec courage, fidélité et bonheur de Celui qui est la vie, la Paix et l’Amour.
Prions le Seigneur.
Le célébrant : Souviens-toi, Seigneur, de celles que nous venons de te confier et accueille les intentions que nous portons dans le secret de nos cœurs. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.
Un chant pour accompagner notre méditation
Dans le soleil ou le brouillard
Paroles : Michel Scouarnec – Musique : Jo Akepsimas
Dans le soleil ou le brouillard, il faut tracer jour après jour
Un chemin pour la Bonne Nouvelle, la nouvelle de ton amour.
- Ton Evangile est lettre morte, tant qu’il ne s’écrit sur des cœurs de chair ;
Tu nous confies d’être la porte pour que ton Esprit vienne en nos déserts. - Ton Evangile est une grâce qu’il faut accueillir dans un cœur d’enfant ;
Tu nous confies d’être l’espace où s’inventeront des soleils levants. - Ton Evangile est un royaume où le pauvre est roi et le riche a faim ;
Tu nous confies d’être des hommes dont le cœur brûlant jamais ne s’éteint. - Ton Evangile est espérance qui fait avancer plus loin que la nuit ;
Tu nous confies d’être semence pour que ta Parole germe en toute vie. - Ton Evangile est vigilance, regard qui s’étonne et main qui se tend ;
Tu nous confies d’être silence, comme notre Dieu qui s’est fait mendiant.