Dimanche 21 novembre 2021
Solennité du Christ, Roi de l’univers (année B)

Autrement Roi

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Daniel 7, 13-14 : Une royauté qui ne sera pas détruite.
  • Psaume 92 : Le Seigneur est roi, il s’est vêtu de magnificence.
  • Apocalypse 1, 5-8 : Le prince des rois de la terre a fait de nous un royaume..
  • Jean 18, 33-38 : Il rassemblera les élus des quatre coins du monde.

L’homélie

Frères et Sœurs.

Jésus a été arrêté. Il est ensuite interrogé par les grands-prêtres Hanne et Caïphe et puis conduit à la résidence du gouverneur Pilate, avec l‘intention de le faire condamner à mort par le pouvoir romain.

Le récit évangélique met en scène le dialogue entre Pilate et Jésus : un dialogue serré où l’un s’adresse à l’autre en face à face.  Il y a un « toi » et un « moi ».  Le texte revient avec insistance sur ces deux pronoms. «C’est toi, le roi des Juifs ?” Jésus répondit : “Est-ce de toi-même que, toi, tu dis cela, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ?” et Pilate répondit :”Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les grands-prêtres t’ont livré à moi. Qu’as-tu fait ? ». Une conversation se met en place où se pose la question de l’identité Jésus mais aussi celle de Pilate. Comment va-t-il tenir dans la conversation et se poser face à Jésus.

C’est Pilate qui a l’initiative de la parole. Il ouvre un chemin qui va le conduire à la reconnaissance de la nature tout à fait inédite de la royauté de Jésus. Il interroge Jésus sur son identité. « Es-tu le roi des juifs ? » Jésus réplique en introduisant entre Pilate et lui la parole de ceux qui l’ont livré à lui. Pilate est le gouverneur romain, en terre occupée. Comme il le souligne lui-même, il n’est pas juif ; il n’appartient pas à la nation juive. Ce sont les grands-prêtres qui l’on trainé devant Pilate. Pilate n’y est pour rien; ce n’est pas lui l’accusateur. Il s’interroge plutôt. Il interroge Jésus et cherche à savoir. Pilate, en fait, est en quête de vérité. Le dialogue manifeste une coopération, une proximité, une connivence même entre les deux interlocuteurs.

Alors, en réponse aux questions de Pilate, Jésus répond par une affirmation massive. Oui, il est roi, mais non pas le roi des juifs, car sa royauté, précise-t-il, n’est pas de ce monde. Sa royauté n’est pas liée à une nation, juive ou romaine, ni à un quelconque territoire de ce monde. Elle est d’un autre monde. Elle est une royauté distincte de celle qui se pratique dans le monde qui souvent se pare de richesses et de magnificence. En quoi consiste donc cette autre royauté ? Le texte le dit : c’est une royauté qui ne repose pas sur le pouvoir des armes, sur la force : « Si ma royauté était de ce monde, dit Jésus, mes serviteurs se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs ». C’est une royauté non pas de la force, mais de la douceur, donc vulnérable.

La réaction de Pilate sonne comme un acquiescement, comme une conclusion : « Donc tu es roi ». Jésus souligne que l’affirmation est de Pilate lui-même : « C’est toi qui dis que je suis roi ».

Pilate poursuit sa marche vers la vérité. Elle est proche. C’est de vérité que va parler Jésus. « Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix ». Remarquons l’expression « quiconque ». Il n’y a plus ici ni juif, ni romain, ni grec, ni puissant, ni petit. Il n’y a plus de différence, de fractionnements ou de divisions entre les ethnies et les nations. Il y a juste l’être humain, comme Pilate lui-même, appelé à vivre avec d’autres humains dans la vérité. Et de la vérité, Jésus s’en dit le témoin ; c’est en cela qu’il est roi. « C’est pour ceci que je suis né et que je suis venu dans le monde pour témoigner de la vérité ». Cette parole consonne parfaitement avec celle du prologue de l’évangile de Jean : « Le Verbe est venu dans le monde, plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14). Jésus, alors qu’il arrêté, bafoué, accusé, apparaît ici comme la vérité faite chair qui a pris visage humain et a planté sa tente parmi nous.

Alors, Pilate, chercheur de la vérité, peut dire l’objet de sa quête : « Qu’est-ce que la vérité ? » La suite du récit montre que Pilate a été touché par la vérité de l’homme jésus. Il s’efforcera à plusieurs reprises de le libérer, mais en vain, des puissances qui veulent sa mort.

Frères et sœurs, la vérité est là sous nos yeux, sous les yeux de Pilate. Elle est dans la figure de cet homme désarmé, abandonné, supplicié. Par les blessures qui lui sont infligées, Jésus figure l’inhumain. Par son attitude et ses paroles, il figure l’humain qui prend barre sur l’inhumain et le détrône. Jésus est la figure de tous les êtres humains malades, emprisonnés, immigrés, en proie à toutes les formes de privations et d’exactions.  Il est le Fils de Dieu venu habiter toutes les souffrances des hommes et toutes leurs turpitudes, pour les en libérer et leur ouvrir les portes de la vie. Et chaque fois qu’une de ces souffrances est soulagée, Jésus règne. Et c’est le Christ Roi. Le Christ Roi, lui, s’identifie aux plus pauvres. Il entend leur cri. Il épouse leur cause.

Nous ne pouvons pas ne pas évoquer ici le chapitre 25 de l’Evangile de Matthieu, le récit dit du « jugement dernier » où se manifeste la vérité ultime. « Chaque fois, nous dit le Christ Roi, que vous avez visité un malade, un affamé, un prisonnier, un pauvre, c’est à moi que vous l’avez fait ; c’est moi que vous avez rencontré ». Telle est la royauté du Christ. Il est roi, mais autrement roi. C’est un roi qui fait de l’autre un roi. C’est un roi qui prend la place du serviteur pour que l’autre soit honoré comme un roi. Aussi, le Royaume de Dieu, c’est chaque fois qu’un être humain relève un autre être humain, chaque fois qu’un être humain considère les plus pauvres et les plus délaissés comme des rois et les revêt de dignité royale.

Le récit évangélique d’aujourd’hui nous invite à faire allégeance à la royauté de Jésus et à appartenir ainsi au Royaume de Dieu dans l’espérance de son accomplissement final à la fin des temps.

Père André Fossion sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner la prière

Un homme au cœur de feu

Texte : Didier Rimaud/CNPL – Musique : Jacques Berthier – Ed. Musicales Studio SM

  1. Un homme au cœur de feu
    Qui est venu du Père et qui retourne à lui,
    Jésus, le Premier Né,
    Un homme au cœur de feu,
    Nous invite à le suivre en son retournement,
    Jusqu’à renaître au jour irradiant de Pâque.
    Jésus, le Premier Né, nous invite à le suivre,

R./ Pour la gloire de Dieu
et sa haute louange
Pour la gloire de Dieu
et le salut du monde !

  1. Un homme sous l’Esprit,
    A l’œuvre au sein du monde en mal d’enfantement,
    Jésus, Maître et Seigneur,
    Un homme sous l’Esprit,
    Nous invite à le suivre au rang des serviteurs,
    A servir aux chantiers où il poursuit sa Pâque.
    Jésus, Maître et Seigneur, nous invite à le suivre, R/
  2. Un homme épris de Dieu,
    Le Fils obéissant jusqu’à mourir en croix,
    Jésus le Bien-Aimé,
    Un homme épris de Dieu,
    Nous invite à le suivre en son abaissement,
    A marcher au chemin orienté vers Pâque.
    Jésus, le Bien-Aimé, nous invite à le suivre, R/
  3. Un homme au cœur de chair
    Qui veut réconcilier la terre avec le ciel,
    Jésus, Verbe de Vie,
    Un homme au cœur de chair,
    Nous invite au bonheur que donne son amour :
    La joie qui vient de lui vient témoigner de Pâque !
    Jésus, Verbe de Vie, nous invite au bonheur. R/