Homélie

Frères et sœurs,

Il se pourrait que le sens du texte de saint Jean dont nous venons d’entendre la lecture ne soit pas, d’emblée, évident. Et que nous soyons rebutés par sa complexité. Mais cette difficulté même peut être une invitation à accorder à ce passage un grand intérêt.

Saint Jean nous rapporte, ici, des paroles prononcées par Jésus. D’ailleurs, elles sont extraites d’un long texte souvent intitulé le « discours d’adieu de Jésus ».

Il y a donc les paroles de Jean. Il y a les paroles de Jésus rapportées par Jean. Et il se fait que Jésus, dans ce passage, parle de ses propres paroles : il demande à ses disciples, avec insistance, de « garder. Sa parole ».

Demandons-nous, d’abord, de quelles paroles de Jésus il s’agit.

Ne nous imaginons pas que ces paroles de Jésus, communiquées par saint Jean, sont les paroles prononcées par Jésus sur les routes de sa vie terrestre. Les mots, tels qu’ils sont sortis de la bouche de Jésus, ne sont pas connus. Les évangiles ne sont pas des comptes-rendus rédigés par les disciples après chaque déclaration de Jésus. Les évangélistes n’ont pas écrit leurs mémoires. Ils ne racontent pas les souvenirs de ce qu’ils ont compris quand ils marchaient auprès de Jésus. Si tel avait été le cas, des notes prises à la volée, les écrits évangéliques eux-mêmes contiendraient bien des erreurs, étant donné ce que les évangélistes disent de la lenteur à croire et à comprendre des disciples.

Qu’en est-il, alors, des paroles de Jésus que nous lisons dans les textes évangéliques ?

Saint Jean nous l’explique lui-même dans une autre page de son évangile : « Cela, que disait Jésus, les disciples ne le comprennent pas mais une fois Jésus glorifié, ils se souviennent » (Jn 12,16). Ce que les évangélistes ont écrit, ils l’ont écrit après la résurrection. A la lumière de la résurrection. Alors, ce que Jésus avait dit s’est éclairé. A pris tout son sens. Les apôtres « se sont souvenus ». Se souvenir ne signifie pas, ici, se rafraîchir la mémoire ou être guéri d’une amnésie dont on aurait été malheureusement frappé. Cela signifie comprendre « après » ce que Jésus avait voulu dire « avant ». » Et les évangélistes, alors, disent dans leurs mots à eux, ce qu’ils découvrent de la vérité des paroles de Jésus.

C’est pourquoi les paroles de Jésus rapportées par l’évangile, si elles ne sont pas la transcription des mots prononcés par Jésus sur la montagne ou au bord de la mer de Galilée, ne nous y trompons pas, ces paroles-là sont les vraies paroles de Jésus.

Nous venons donc de comprendre que c’est par la grâce de la glorification de Jésus que les apôtres ont reçu de quoi entendre vraiment, dans toute sa force, l’enseignement de Jésus. Or, saint Jean nous le dit, la glorification a eu lieu sur la croix. Ecoutons saint Jean décrivant la mort de Jésus : « Inclinant la tête, Jésus livre le souffle » (19,30). Le verbe utilisé par saint Jean a un double sens : il signifie, à la fois, rendre et donner. Ce qui veut dire que, dans un même acte, Jésus remet au Père son esprit et il fait don à l’humanité du Souffle saint, de l’Esprit de Dieu qui vient en aide. Jésus s’en va. Il retourne au Père. Mais, en même temps, l’Esprit vient. C’est pourquoi la glorification de Jésus, sur la croix, est l’acte qui fait comprendre toutes les paroles de Jésus : c’est l’action de l’Esprit, du Souffle saint.

Et Jésus ajoute que ses paroles ne sont pas de lui : elles sont paroles du Père.

Nous comprenons pourquoi il fallait que Jésus soit glorifié sur la croix pour que l’intelligence des apôtres s’ouvre aux paroles et à l’enseignement donné par Jésus avant sa Passion : seul l’esprit dont le Père est la source peut révéler la vérité des paroles de Jésus dont la source est le Père. C’est le message central du passage évangélique d’aujourd’hui : « Demeurant auprès de vous, je vous ai dit. Mais le Paraclet, le Souffle saint vous enseignera : il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ».

Jésus s’en va. L’esprit vient. Et la parole surgit dans tout son sens : « Vous avez entendu, dit Jésus, Je m’en vais et je viens à vous ».

Saint Jean nous rapporte, toujours en citant Jésus, une autre dimension de ces paroles. Jésus établit un lien entre l’aimer et garder sa parole:  « Si quelqu’un m’aime, il garde ma parole, celui qui ne m’aime pas ne garde pas ma parole. Qui garde ma parole, mon Père l’aimera et nous ferons chez lui notre demeure ».

Le texte parle d’amour réciproque : entre Jésus, le Père et celui qui garde sa parole.

Or échanger des paroles dans la réciprocité, cela s’appelle converser. Et, ici, en plus, c’est converser avec amour les uns pour les autres. Nous comprenons que garder la parole n’est pas un acte passif. Une conservation. C’est une conversation active, c’est-à-dire une écoute, une compréhension, une réponse. Et répondre, c’est redire ; dire à nouveau, avec nos mots à nous, ce que nous comprenons des paroles que nous lisons ou entendons. C’est, chaque fois, réécrire les paroles de Jésus. C’est refaire sans cesse ce qu’ont fait les évangélistes.

La Parole, ils ne l’ont pas gardée pour eux. Avec un sens figé et fixé. Ils nous ont passé la Parole. Avec sa richesse de sens inépuisable. Pour que nous la lisions et la passions à notre tour

Paroles soufflées par l’Esprit saint, l’Esprit d’amour, pour qu’elles prennent corps de tout notre souffle.

Père Jean-Paul Laurent sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur

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La prière universelle de ce dimanche

Le célébrant : La paix du Ressuscité se heurte à bien des obstacles dans le monde… Prions aux intentions du Monde, de l’Eglise et de notre communauté.

Refrain : Ô Christ Ressuscité, exauce-nous !

1. L’Eglise a besoin de l’Esprit Saint pour répandre la louange du Créateur
   et porter la paix en tous lieux d’humanité.
   Donne à notre nouveau Pape Léon XIV ton Esprit de lumière et de sagesse pour le soutenir dans sa charge ;
   Dieu, nous t’en prions. R/
2. Les Apôtres ont eu besoin de l’Esprit Saint pour répondre à des questions nouvelles.
   Guide les confirmands sur leur chemin de découverte et de foi ;
   Dieu, nous t’en prions. R/
3. Il y a dix ans, le Pape François publiait son encyclique Laudato si’.
   Donne-nous de comprendre
   ce que peut signifier un tel appel aujourd’hui encore,
   et d’agir en conséquence ;
   Dieu, nous t’en prions. R/
4. Le Christ nous a dit : « Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie. »
   Que ton Esprit soutienne notre espérance et fasse de nous des artisans de paix ;
   Dieu, nous t’en prions. R/

Le célébrant : Nous te rendons grâce Dieu notre Père, pour ta grâce et ta paix. Et nous te supplions : sois favorable à nos prières pour tous nos frères.
Par le christ, notre Seigneur. – Amen.

D’après la Prière Universelle de la Paroisse
de Sainte Marie des Sables d’Olonne

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