Dimanche 27 octobre 2024

Trentième dimanche du temps ordinaire (B)

Lectures

  • Jérémie 31, 7-9 : Je suis un père pour Israël.
  • Psaume 125 : Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous…
  • Hébreux 5, 1-6 : Tu es mon Fils, mi aujourd’hui je t’ai engendré.
  • Marc 10, 40b-52 : La guérison de l’aveugle Bartimée.

Lire les textes de la liturgie

La pitié sauve

Guérison de l’aveugle de Jéricho – Miniature sur parchemin, fin Xè s
Codex Egberti – Trèves, Allemagne

Homélie

Frères et sœurs, saint Marc, en nous racontant cette histoire de la rencontre entre Jésus et l’aveugle Bartimée, ramène à notre conscience une valeur humaine oubliée. C’est une valeur vitale pourtant. Elle contribue à nous rendre plus humains. Mais elle est surtout valeur divine. Cependant, nous avons tendance, ces temps-ci, à la mettre de côté.

Vous vous demandez, à juste titre, quelle est cette valeur. Je vous propose de la découvrir en examinant, au plus près, le texte de saint Marc.

Ce texte rapporte un évènement dont a bénéficié l’aveugle nommé Bartimée. Cet événement a, en quelques instants, fait basculer sa vie. Cherchons donc, dans le texte, quel est cet événement, ce qui l’a provoqué et quand il a eu lieu. C’est là, en ce point de basculement, que nous découvrirons cette valeur délaissée.

Que se passe-t-il au début et en quoi tout est-il différent à la fin ? Au début comme à la fin, il est question de chemin. Au début, Bartimée est un mendiant aveugle assis en marge du chemin, loin d’un groupe qui accompagne Jésus. Il appelle Jésus à son secours.

A la fin, Bartimée est debout, il va sur le chemin, il est intégré au groupe et il accompagne Jésus. Le marginal qu’il était est devenu disciple. A quoi est dû ce passage d’une vie à une autre ?

La réponse peut paraître évidente : c’est la guérison de l’aveugle. Ce serait alors que tout s’est passé. Mais écoutons bien la conversation entre Jésus et Bartimée.

« Que puis-je faire pour toi ? » demande Jésus. « Que je retrouve la vue », répond Bartimée. Mais au lieu de faire quoi que ce soit, Jésus ordonne d’abord à Bartimée d’aller : « Va », lui dit-il. Puis il lui déclare : « Ta foi t’a sauvé ».  Et c’est alors que saint Marc conclut : l’aveugle retrouve la vue.

« Va, ta foi t’a sauvé » signifie « Tu es libre, tu as déjà tout fait toi-même avec moi. Maintenant, je n’ai plus rien à faire. »  Jésus parle d’un autre salut que celui d’une guérison ; il parle de l’acte de foi que Bartimée a déjà posé. C’est vers ce geste de foi que saint Marc veut nous conduire. Le miracle de la vue retrouvée n’était, pour saint Marc, qu’une image pour parler de la foi et du salut.

Cet acte de foi, saint Marc nous le raconte au tout début de l’histoire lorsque Bartimée, mendie au bord du chemin. Rappelons-nous. Bartimée crie. Il crie deux fois. La première fois, en vain. On nous dit que des gens viennent le rabrouer et le faire taire. Bartimée crie une deuxième fois. De plus belle. Et cette fois, les gens viennent l’encourager. Cette fois, Bartimée a été entendu. Il jette son manteau comme s’il changeait de peau et se débarrassait du passé. Et, d’un bond, il rejoint Jésus.

Nous sommes au point de bascule. Il vient d’être franchi.  Au moment même où Bartimée a été entendu. Entre le rabrouement et l’encouragement par les gens.

Reprenons ce moment. C’est celui d’un double appel. Bartimée crie : « Fils de David, prends pitié de moi » Et Jésus s’arrête et fait appeler Bartimée. Le texte dit alors : « On appelle l’aveugle ». On ne dit plus « le mendiant ». Son état de mendiant n’existe plus. Ce qu’il mendiait est obtenu. Il rejoint Jésus et Jésus le rejoint.  C’est l’acte de foi de Bartimée. Il a vu en Jésus le Fils de David, c’est-à-dire le Sauveur. Celui à qui on peut demander d’avoir pitié. Et il a eu foi en lui.

Nous découvrons ici la valeur que nous cherchions : la pitié demandée et donnée. La foi de Bartimée a pris une forme particulière : il a imploré pitié en même temps qu’il affirmait qu’il avait foi en la pitié de celui à qui il s’adressait.

Frères et sœurs, nous cherchions cette puissance qui a bouleversé la vie de Bartimée. Nous l’avons trouvée : c’est la force touchante de la pitié. La force de croire en la pitié de l’autre et la force de demander pitié. Mais il nous faut, ici, être très attentifs à ce que nous enseigne ce récit à propos de la pitié.  Il n’y a pas ici, d’un côté, Bartimée souffrant et, d’un autre, Jésus agissant. Il y a deux êtres agissants et souffrants l’un par l’autre.  Jésus souffre de la souffrance de Bartimée et il l’appelle à lui. Bartimée agit en appelant Jésus au secours de sa souffrance. La pitié est une relation de foi réciproque et salvatrice.

C’est vrai quand nous demandons la pitié de Dieu. C’est vrai quand nous demandons la pitié des hommes et quand nous l’accordons.

Depuis toujours, le sentiment de pitié a été honoré comme fondement de ce qui fait l’humanité. On le voit dans la Bible. On le voit dans l’antiquité. L’homme qui demande pitié s’honore de sa foi en l’autre. Celui qui accorde sa pitié est noble.

Aujourd’hui, nous n’aimons plus la pitié. Demander pitié nous semble humiliant et avoir pitié nous paraît condescendant. C’est pourquoi nous l’avons écartée de nos existences. L’évangile d’aujourd’hui nous aidera peut-être à réhabiliter cette valeur perdue. Elle est visage de Dieu.

Frères et sœurs, écoutons-les ces cris de Bartimée. Ils montent des entrailles du monde. Ils montent des hôpitaux, des prisons, des radeaux de la méditerranée. Ils montent des souterrains, des tunnels et des terres rasées.

Père Jean-Paul Laurent sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Rendons gloire à notre Dieu !

Paroles et musique : J.-F. Léost

Rendons gloire à notre Dieu
Lui qui fit des merveilles ;
Il est présent au milieu de nous
Maintenant et à jamais.

  1. Louons notre Seigneur
    Car grande est sa puissance,
    Lui qui nous a créés,
    Nous a donné la vie.
  2. Invoquons notre Dieu
    Demandons-lui sa grâce ;
    Il est notre Sauveur,
    Notre libérateur.
  3. Oui, le Seigneur nous aime,
    Il s’est livré pour nous.
    Unis en son amour,
    Nous exultons de joie !
  4. Dieu envoie son Esprit,
    Source de toute grâce ;
    II vient guider nos pas
    Et fait de nous des frères.
  5. Gloire à Dieu notre Père,
    À son Fils Jésus Christ,
    À l’Esprit de lumière,
    Pour les siècles des siècles.