Le Christ de la Cène, Duccio di Buoninsegna  (1308-1311)
Musée de l’Oeuvre, Duomo de Sienne (Italie)

L’homélie

Frères et sœurs,

Chacun à leur façon, les trois textes que nous lisons aujourd’hui nous parlent d’une même réalité. Chacun de ces textes met en évidence comment le Christ nous introduit à la vie éternelle, à la vie en Dieu.

L’évangile de saint Jean, qui nous montre Jésus en train de prier non seulement pour ses apôtres, ses compagnons de route, mais aussi pour nous, nous livre le désir de Dieu pour l’humanité : que nous soyons unis à Lui. Jésus nous révèle combien ce désir est inscrit dans la nature la plus profonde de Dieu. Jésus nous dévoile en effet un Dieu qui est relation d’amour entre le Père et le Fils. Dieu n’est pas semblable à une entité froide, enfermée de toute éternité dans sa toute puissance et son savoir. Au contraire, il est le mystère de cet amour éternel. Plus encore, Jésus nous dit que cet amour n’est pas fermé sur lui-même, qu’il ne demande qu’à s’ouvrir.

C’est ce qu’expriment les prières de Jésus. « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, […] ». Ou encore « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, […] ». Cette prière, c’est la clé de la vie de Jésus. S’il naît comme homme, qu’il vit et souffre comme homme, c’est pour, à travers sa mort et sa résurrection, nous emporter dans le mouvement de l’Ascension, nous embarquer avec lui vers le Père.

C’est la foi qu’exprime Étienne en une phrase : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » Tout est dit. Les cieux ouverts, c’est l’invitation à entrer dans l’intimité de Dieu. Le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu, c’est Jésus, en tant que précurseur d’une humanité ressuscitée. Et c’est encore le sens du récit de l’Apocalypse qui exprime l’attente de l’humanité, tendue vers le retour du Christ qui lui ouvrira en grand les portes de la vie. Pour que ce désir de Dieu devienne réalité, une chose est nécessaire. Que nous lui disions oui. Que nous prenions la main qu’il nous tend pour nous laisser tirer vers lui.

Tout cela peut nous paraitre à la fois très beau et très théorique. Très rassurant mais aussi très lointain. Et pourtant… la prière de Jésus insiste aussi sur un autre volet : « Que tous soient un. » Dans la drôle d’arithmétique de Dieu, par laquelle un plus un plus un font… un, je ne suis pas seul en jeu. Très vite se pose la question de mon rapport à mes frères et sœurs dans le Christ. L’invitation à l’unité que m’adresse le Christ ne peut pas laisser indemne mes relations les plus concrètes.

Est-ce que je garde comme une plaie ouverte les divisions entre les hommes ? Est-ce que je vois comme un ennemi celui qui ne partage pas mon avis, mes idées, mes choix ? Ou plutôt comme quelqu’un avec lequel je suis appelé à dialoguer, à chercher un terrain d’entente ? L’appel à l’unité et à la paix que m’adresse le Christ m’impose de ne jamais, jamais me satisfaire d’une ligne de division, d’une dispute figée, d’une impossibilité de parler. Tous nous sommes appelés à être des artisans de paix et d’union. Et ce, depuis notre vie la plus privée, en famille, jusqu’au plus large et au domaine politique.

C’est une démarche toujours à renouveler, souvent ingrate, où, à chaque fois, nous sommes appelés à faire le premier pas. Alors faisons nôtre la prière attribuée à saint François d’Assise : « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix! Là où il y a de la haine, que je mette l’amour. Là où il y a l’offense, que je mette le pardon. Là où il y a la discorde, que je mette l’union. »

Père Benoît Willemaers s.j.
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Pour accompagner la prière

Maître, montre-nous le père

Paroles d’après Jn 14, 5-23 – Musique : P. Scheide et Michaël Hagemann

Maître, montre-nous le Père,
Maître, où est le chemin ?
Maître, montre-nous le Père,
Cela nous suffit.

1. Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie, qui me voit, voit le Père,
   Et qui me connaît, connaît aussi le Père et déjà vous l’avez vu !
2. Depuis si longtemps que je suis avec vous, et vous ne croyez pas.
   Je suis dans le Père et le Père est en moi, qui me voit, voit le Père !
3. Les paroles que je dis viennent du Père, et le Père en moi demeure.
   Je suis dans le Père et le Père est en moi. Ayez foi en ses œuvres !
4. Qui croit en moi lui aussi accomplira ce que j’ai accompli.
   Et vous ferez même de plus grandes œuvres, car je vais vers le Père !
5. Tout ce que vous demanderez en mon Nom, Dieu vous le donnera.
   Il vous enverra l’Esprit de Vérité, défenseur à jamais !
6. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole et mon Père l’aimera.
   Chez lui, nous établirons notre demeure, je vous laisse ma paix !

Refrain final :
Maître, montre-nous le Père, Maître, tu es le chemin.
Maître, montre-nous le Père, cela nous suffit.