Dimanche 5 janvier 2025

L’Épiphanie du Seigneur

Lectures

  • Isaïe 60, 1-6 : Debout, Jérusalem, resplendis !
  • Psaume 71 : Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi.
  • Ephésiens 3, 2-3a.5-6 : Par révélation, Dieu m’a fait connaître le mystère.
  • Matthieu 2, 1-12 : Voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem.

Lire les textes de la liturgie

Pèlerins de l’Espérance

La Visitation de Jan Lievens (1607-1674)
Musée du Louvre, Paris (1639)

Homélie  

Frères et sœurs, une fois encore, comme chaque année à l’Epiphanie, qui signifie « manifestation », « dévoilement », nous venons d’entendre le récit, selon l’Evangile de Matthieu, de l’hommage rendu à l’enfant Jésus qui vient de naître, par des étrangers venus d’Orient.  Ce récit de la visite des mages a toutes les allures d’un conte merveilleux qu’il ne faut donc pas prendre, au pied de la lettre, comme un récit historique ; mais au-delà de son aspect merveilleux, ce conte peut nous livrer un message essentiel plein de sens et de vérité qui témoigne effectivement des merveilles de Dieu.  Alors, ce matin, cherchons les significations profondes pour nous de ce récit des mages aux pieds de l’enfant Jésus.

Selon le récit, voici quelques hommes qui se mettent en marche et en recherche à la suite de l’apparition d’une nouvelle étoile dans le ciel. Ils interprètent l’apparition de cette étoile comme l’annonce pour tous d’une nouvelle royauté, d’un nouveau roi pour toutes les nations. Le récit parle de mages. Qui sont-ils ? Ce sont des savants, curieux de tout, des pèlerins chercheurs épris à la fois de vérité et d’humanité.  On ne dit pas qu’ils sont trois, mais plusieurs. Ce ne sont pas des chercheurs solitaires, mais des chercheurs solidaires.  On ne dit pas leur nom : Melchior, Gaspard et Balthazar sont des noms qui leur ont été attribués au 7ème siècle. En outre, on ne dit pas qu’ils sont des rois, montés sur des chameaux, contrairement à l’imagerie populaire qui s’est construite à leur sujet à partir du psaume 72. Ils viennent d’Orient, du lieu où le soleil se lève. Ils franchissent les frontières culturelles et religieuses. Ils apprennent des différentes cultures qu’ils traversent.  Ils ne sont pas de tradition juive, mais, arrivés en Judée, ils interrogent et se mettent à l’écoute des représentants de la religion juive.

Ces mages ressemblent, à des égards, à nos contemporains, aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui, également, à la croisée des traditions et des cultures, en recherche de vérité, de beauté et de justice. Beaucoup de nos contemporains, en effet, sont des chercheurs : chercheurs en sciences, chercheurs en sciences humaines, chercheurs de sens en philosophie, en morale, en art de vivre. Un sociologue théologien tchèque, Tomas Halik, dit ceci à propos de nos contemporains : « Beaucoup de ceux qui ont perdu la foi en l’Eglise ne sont pas devenus athées mais des chercheurs. L’avenir de l’Eglise dépend de sa capacité de communiquer avec les chercheurs » (In Lumen Vitae, 2020, n°3, p.349)

Les mages du récit évangélique sont donc des savants chercheurs en marche. Et puis, à la rencontre de cette recherche, le récit montre un mouvement de révélation, de dévoilement. Il y a d’abord une étoile qui les intrigue et les met en route.  L’étoile leur indique la direction pour se rendre au lieu de naissance d’un nouveau roi. Ils interrogent les prêtres et les scribes en Israël. Et c’est la Bible qui leur sert de guide. C’est un verset du prophète Isaïe qui leur indique Bethléem où devrait naître un chef, un berger pour Israël.

Ces chercheurs, ces mages, ces pèlerins en recherche de vérité, de beauté et de justice, voici qu’ils viennent se prosterner devant un enfant, démuni, d’une famille pauvre, sans moyen de puissance, sans richesse. Ils viennent se prosterner devant un enfant qui représente, en fait, une espérance. Que sera cet enfant ? Ils font allégeance à cet enfant et à l’espérance qu’il porte. C’est donc par étapes successives et par un ensemble de renseignements conjoints que nos mages chercheurs sont conduits à la crèche, se prosternent devant l’enfant roi. Au nom de toutes les nations, ils lui offrent en hommage des présents royaux : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ils reconnaissent en lui un don du ciel, une promesse de justice et de paix pour toutes les nations. Les mages ne sont pas des rois, pourtant il est question de royauté dans le texte, mais cette royauté, elle est représentée, incarnée par cet enfant qui est là démuni. Ils sont devant lui comme des pèlerins de l’espérance.

Vous le savez, frères et sœurs, cette année comme tous les 25 ans, est une Année Sainte. Et le thème de cette année Sainte, selon le souhait du Pape, est précisément l’espérance. Les défis aujourd’hui sont énormes : voyez les guerres, la pauvreté, les réfugiés chassés de leur pays, la crise climatique. Voici ce que le Pape dit au seuil de cette Année Sainte : « Nous devons garder allumée la flamme de l’espérance qui nous est donnée et tout faire pour que chacun retrouve la force et la certitude de regarder l’avenir avec un esprit ouvert, un cœur confiant et une intelligence clairvoyante. (…) C’est pourquoi j’ai choisi comme thème pour l’Année Sainte « Pèlerins d’espérance ». Mais cela, poursuit le pape, implique que l’on marche. L’espérance, en effet, elle vient en marchant, elle s’éprouve en marchant : en marchant dans le souci d’une fraternité universelle, dans l’accueil des réfugiés et des migrants, dans l’écoute de la voix des pauvres, dans le respect de la terre qu’il ne faut pas exploiter, mais dont les fruits doivent être partagés équitablement.

Pèlerins de l’espérance, nous sommes aussi appelés à l’être par le travail de l’intelligence. Nous sommes appelés à mettre notre intelligence en mouvement, au service de la paix, de la réconciliation dans les familles et aussi entre les peuples. Nous sommes appelés à ne pas nous enfermer dans des préjugés ou dans les savoirs acquis, mais toujours inlassablement à être des chercheurs de beauté, de bonté et de vérité.

Avec tous les chercheurs d’humanité, nous sommes encore appelés comme citoyens à constituer ensemble des forces politiques qui luttent contre les puissances destructrices à l’œuvre dans le monde, qui font barrage à tous les pouvoirs avides d’avoir, de puissance et de domination.

Soyons comme les mages capables de franchir les frontières sociales, idéologiques ou culturelles. Soyons heureux de pouvoir fréquenter, avec bonheur, des personnes de couleurs, de cultures, de traditions différentes. Et il est bon à cet égard que nos assemblées comme celle-ci où nous sommes réunis en frères et sœurs d’origines diverses, reflètent cette universalité.

L’Epiphanie est la reconnaissance en Jésus d’une royauté autre que celle de tous les Hérode du monde : la royauté de la douceur, la royauté des béatitudes. L’allégeance à cette royauté change notre vie ; elle la réoriente, l’éclaire de nouvelle façon et nous engage de façon pressante à emprunter dans le concret de nos existences le chemin de la charité. Alors, avec le prophète Isaïe, nous pourrons dire : « Debout, resplendis. Elle est venue la lumière et la gloire de Seigneur s’est levée sur nous » (Is 60,1).

Père André Fossion sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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La prière universelle de ce dimanche

  1. Le célébrant : A Dieu, notre Père, confions nos prières aux dimensions du monde.R/ Etoile qui nous guides, Dieu notre espérance,
    montre-nous le chemin de la vie.

    1. Pour l’Eglise universelle, afin qu’elle soit lumière qui éclaire tous les hommes, qu’elle apporte la joie, la paix et l’amour de Dieu à notre monde qui en a tant besoin, et qu’elle continue d’annoncer l’Evangile avec persévérance. Seigneur nous te prions
    2. Pour les dirigeants politiques : aides-les Seigneur, à trouver en eux la sagesse de faire des choix qui amèneront la paix dans tous les pays en guerre. Prions pour les enfants qui subissent dans leur chair et dans leur cœur les violences de ces conflits, et aussi pour les enfants soldats. Seigneur nous te prions.
    3. Pour tous ceux qui autour de nous cherchent une étoile pour les guider, les malades inquiets, les jeunes sans repères, tous ceux qui manquent de force pour continuer leur marche. Que nous soyons capables de lever les yeux vers eux pour les accueillir et les aider, Seigneur nous te prions.
    4. Pour notre communauté paroissiale : que nous vivions pleinement cette fête de l’Epiphanie. Laissons-nous guider par cette lumière, qu’elle brille dans nos cœurs, dans nos familles, dans notre communauté. Que nous soyons nous aussi lumière qui conduit au Christ Jésus. Seigneur nous te prions.
    5. Nous te prions, Seigneur, pour toutes les intentions que nous avons encore dans le cœur.

    Le célébrant : Ecoute nos demandes, Seigneur, Dieu de l’univers, et daigne les exaucer, toi qui es vivant pour les siècles des siècles.

    Prière universelle du groupement paroissial de Pont-d’Ain en France

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Un chant pour accompagner notre méditation

Debout resplendis

Paroles et musique : Jean-Marc Morin (Communauté de l’Emmanuel)

  1. Debout resplendis, Car voici ta lumière
    Et sur toi la gloire du Seigneur (bis)µ
    Lève les yeux et regarde au loin
    Que ton cœur tressaille d’allégresse
    Voici tes fils qui reviennent vers toi
    Et tes filles portées sur la hanche.
    Jérusalem, Jérusalem
    Quitte ta robe de tristesse,
    Jérusalem, Jérusalem,
    Chante et danse pour ton Dieu.
  2. Toutes les nations marcheront vers ta lumière
    Et les rois à ta clarté naissante. (bis)
    Des nombreux troupeaux
    de chameaux te couvriront
    Les trésors des mers afflueront vers toi,
    Ils viendront d’Epha, de Saba, de Qédar
    Faisant monter vers Dieu la louange.
  3. Les fils d’étrangers rebâtiront tes remparts
    Et leurs rois passeront par tes portes. (bis)
    Je ferai de toi un sujet de joie.
    On t’appellera « Ville du Seigneur ».
    Les jours de ton deuil seront tous accomplis
    Parmi les nations, tu me glorifieras.