Dimanche 7 mai 2023

5ème  dimanche de Pâques (A)

Lectures

  • Actes 6, 1-7 : Sept frères pour servir aux tables.
  • Psaume 32 : Que ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi.
  • 1 Pierre 2, 4-9 : La pierre qu’on rejetée les bâtisseurs.
  • Jean 14, 1-12 : Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.

Lire les textes de la liturgie

Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie

 

Chemin de Pâques – Isabelle Hanotte 2023

L’homélie

Frères et sœurs,

Dans le dialogue entre Jésus et ses disciples pendant la dernière Cène, il est question de plusieurs relations et de la manière dont ces différentes relations se mêlent et mènent l’une à l’autre : il y a Dieu, le Père, il y a Jésus, le Christ et il y a les disciples c’est-à-dire aussi chacun et chacune d’entre nous.

La première chose que Jésus manifeste, c’est sa proximité et sa sollicitude, le soin qu’il prend de ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé, dit-il, je pars vous préparer une place. Je reviendrai et vous emmènerai auprès de moi afin que, là où je suis, vous soyez aussi. » Jésus, non seulement, réconforte ses disciples, mais encore, il leur promet de les prendre avec lui, de les emmener à la même place que lui. Proximité, sollicitude du Christ pour ses disciples. Jésus nous prépare une place, il vient pour nous y conduire, afin que nous soyons là où il est. Que pourrions-nous encore avoir à craindre ? Pourquoi devrions-nous encore nous inquiéter ou être bouleversés ? Une place nous attend auprès du Christ, avec lui !

Mais si la relation fonctionne bien entre Jésus et les disciples, l’inverse n’est pas aussi vrai, il y a du brouillard sur la ligne : « Nous ne savons pas où tu vas, dit Thomas à Jésus, comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Et Jésus de dire à Philippe qui demande à voir le Père : « Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas Philippe ! » Les disciples, malgré leur longue fréquentation du Christ, ont du mal à le comprendre, à comprendre ce qu’il dit et le sens de ce qu’il fait. Cet écart ne fera que se confirmer tout au long du repas, jusqu’au moment où les gardes viendront pour l’arrêter. Malgré tout ce qu’ils ont vu et entendu, malgré tout ce qu’ils ont vécu à ses côtés, les disciples ne comprennent pas où Jésus les mène, ni le chemin qu’il trace pour eux, devant leurs yeux. En particulier, lorsque Jésus parle de son Père et qu’il exprime la communion qui l’unit à lui et dans laquelle il invite ses disciples à entrer.

Car la deuxième relation qui se manifeste ici, c’est celle qui unit le Christ à son Père : « Celui qui m’a vu a vu le Père », dit Jésus. Et encore : « Le Père demeure en moi, je suis dans le Père et le Père est en moi. » Il ne s’agit plus ici seulement de proximité mais d’unité et de réciprocité. Non pas identité, mais communion, en sorte que les paroles de l’un sont les paroles de l’autre, et que les œuvres de l’un sont les œuvres de l’autre.

Rappelons-nous, au premier chapitre de son évangile, Jean affirme : « Dieu, personne ne l’a jamais vu. » (Jn 1, 18) Et c’est une constante dans toute l’expérience humaine, comme dans toute la Bible. On ne peut voir Dieu face à face et vivre. Dieu apparaît toujours caché dans une nuée, quand il apparaît. Et s’il se montre, on ne l’apercevra que de dos, après son passage. Jamais en personne. Le Dieu créateur reste à distance, insaisissable, invisible, et s’il parle, il ne se montre, ni ne se voit jamais.

Pas étonnant dès lors que les disciples aient du mal à croire et à comprendre ce qu’ils entendent. Comment cela pourrait-il être possible ? Comment Jésus peut-il dire ce qu’il dit ? Les pharisiens ne s’y tromperont d’ailleurs pas, qui l’accuseront de blasphème et de se faire Dieu. Et pourtant, cette union et cette connaissance intime, mutuelle, du Père qui donne de faire son œuvre, c’est ce à quoi les disciples eux-mêmes sont invités, c’est ce qui leur est promis et ce qui s’accomplit déjà au moment même où Jésus leur parle. Et c’est ça le plus étonnant !

« Puisque vous me connaissez, dit Jésus, vous connaîtrez aussi mon père » Promesse. « Dès maintenant, vous le connaissez et vous l’avez vu. » Réalisation et accomplissement. Et puisque les disciples n’osent pas encore comprendre, Jésus en rajoute une couche : « Qui m’a vu a vu le Père. Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne va vers le Père sans passer par moi. »

Vous voulez voir Dieu ? Regardez le Christ. Vous voulez l’entendre ? Écoutez ce que dit Jésus. Vous voulez savoir comment Dieu agit ? Regardez comment Jésus agit : ses œuvres sont celles du Père et ses paroles sont celles du Père.

Pouvons-nous, nous-mêmes entrer dans cette foi, dans cette intimité du Père et du Christ ? Croyons-nous dans la réalité de ces paroles ? Ce qu’elles nous montrent et là où elles nous mènent ? Cela vaut la peine de s’y arrêter, de prendre le temps et de les laisser nous rejoindre. Et de nous laisser conduire par le Christ jusque là, puisqu’il nous dit qu’il nous prépare une place et qu’il vient nous chercher pour que nous soyons là où il est, dans cette même union qui est la sienne avec son Père.

A vrai dire, ces paroles sont tellement fortes, puissantes, audacieuses, que je ne suis pas sûr que nous puissions les faire nôtres davantage que ne le pouvaient les disciples qui les ont entendues en direct : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais, il en fera même de plus grandes parce que je pars vers le Père. »

L’évangile de Jean nous apparaît souvent à la fois beau et difficile. Ce que nous y entendons est tellement dense et va tellement loin, que nous avons du mal à le comprendre et à l’accepter, comme les disciples. Nous ne sommes pas différents d’eux. Prions, dans cette eucharistie, pour que, comme eux, nous puissions être capable d’entrer peu à peu dans la profondeur de ce mystère dont Jean témoigne et qui parle de nous. Amen.

Père Paul Malvaux sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Maître, montre-nous le père

Paroles d’après Jn 14, 5-23 – Musique : P. Scheide et Michaël Hagemann

Maître, montre-nous le Père,
Maître, où est le chemin ?
Maître, montre-nous le Père,
Cela nous suffit.

  1. Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie, qui me voit, voit le Père,
    Et qui me connaît, connaît aussi le Père et déjà vous l’avez vu !
  2. Depuis si longtemps que je suis avec vous, et vous ne croyez pas.
    Je suis dans le Père et le Père est en moi, qui me voit, voit le Père !
  3. Les paroles que je dis viennent du Père, et le Père en moi demeure.
    Je suis dans le Père et le Père est en moi. Ayez foi en ses œuvres !
  4. Qui croit en moi lui aussi accomplira ce que j’ai accompli.
    Et vous ferez même de plus grandes œuvres, car je vais vers le Père !
  5. Tout ce que vous demanderez en mon Nom, Dieu vous le donnera.
    Il vous enverra l’Esprit de Vérité, défenseur à jamais !
  6. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole et mon Père l’aimera.
    Chez lui, nous établirons notre demeure, je vous laisse ma paix !

Refrain final :
Maître, montre-nous le Père, Maître, tu es le chemin.
Maître, montre-nous le Père, cela nous suffit.