Homélie

Pistes pour méditer les textes de la fête de Pentecôte.

Pour je ne sais quelle raison, les théologiens qui ont choisi le découpage des textes pour la liturgie, ont supprimé (censuré) les deux derniers versets du récit de Luc dans les Actes des Apôtres. Seraient-ils trop humains, trop « familiers » ?

¹² Ils étaient tous dans la stupéfaction et la perplexité, se disant l’un à l’autre : « Qu’est-ce que cela signifie ? » ¹³ D’autres se moquaient et disaient : « Ils sont pleins de vin doux ! »

Stupéfaction, perplexité, mais aussi, plus haut dans le récit : confusion, émerveillement. Ou encore dans la suite du chapitre : cœur transpercé, allégresse, simplicité de cœur. Tout ceci nous montre que l’Esprit provoque du mouvement, des questionnements, des émotions, qui doivent conduire, suivant les paroles reprises par Jean, à accueillir l’enseignement de Jésus et se souvenir de tout ce qu’il a dit, ou encore à garder ses commandements.

Le récit de la Pentecôte écrit par l’évangéliste Luc est riche en éléments visuels et sensibles, dont certains peuvent nous surprendre. Cela renforce la perception que quelque chose de fort s’est passé et nous invite à être attentifs à ces mouvements dans nos vies.

Pour rendre compte de l’événement et de son retentissement, Luc utilise des images cosmiques bien différentes de celles que nous trouvons dans l’expérience d’Elie (1R 19), l’ardent défenseur de Dieu, appelé à découvrir la puissance de la douceur. Elie va recevoir la révélation de Dieu, non dans le feu, le tonnerre ou les tremblements de terre, mais dans le souffle à peine perceptible de la brise légère. Cette image, avec celle de la colombe, nous est sans doute plus familière ou commode. Nous sommes plus mal à l’aise avec un Dieu tout-puissant ou glorieux qu’avec un Dieu de tendresse, de douceur. Nous avons d’ailleurs l’habitude, à tort – comme on le voit ici – de distinguer le Dieu terrible de l’Ancien testament, avec le Dieu miséricordieux de Jésus-Christ, qui serait notre Dieu. Peut-être que comme Elie le fougueux doit découvrir la patience, notre époque plutôt affective dans sa foi doit (re)découvrir l’ardeur, le feu qui peut en allumer d’autres.

Dans son récit, Luc nous renvoie au don de la Loi à Moïse, cinquante jours après la Pâque juive. C’est une des grandes fêtes juives qui voit les pèlerins de toutes origines monter à Jérusalem. Coups de tonnerre, éclairs, fumée, montagne qui tremble avaient accompagné la descente de Dieu et le don de la Loi, du Décalogue. Ce don ne visait nullement à soumettre le croyant, mais au contraire à lui donner des balises pour ne pas retourner à l’esclavage de l’Egypte et de pharaon, des balises pour vivre en peuple libre : refus de l’idolâtrie, respect des générations, respect de la vie, de la parole donnée, des biens d’autrui. Autant de conditions pour une vie sociale libre, qui sont si souvent bafouées aujourd’hui.

Sans doute est-il bon aussi de célébrer la Pentecôte avec des images fortes : « bruit du ciel comme un violent coup de vent » (« coup de mistral » disaient des personnes ayant fait l’expérience d’un tremblement de terre) et « langues qu’on auraient dites de feu ». Le don de l’Esprit expulse les disciples hors du lieu trop étroit où ils sont rassemblés, comme est expulsé le bébé à la naissance en une poussée de vie, comme nous sommes appelés à sortir vers les périphéries pour être témoins du Christ ressuscité, comme l’Eglise est poussée à sortir de ses lieux clos, libre de ses peurs.

Après la référence au don de la Loi à Moïse, le récit de Luc nous renvoie aussi à cette autre image biblique : Babel. Babel est le récit mythique qui raconte comment l’homme cherche par ses propres forces à atteindre, voire maîtriser, le Ciel et à construire une unité-uniformité qui gommerait les difficultés de la vie sociale, les difficultés de se comprendre. Pas seulement entre peuples aux langues différentes, mais aussi entre époux, et au sein des communautés.

Toute autre est l’unité vers laquelle nous pousse l’Esprit. Aucune diversité n’est gommée. Chacun est rejoint dans sa langue, dans sa vie, dans sa situation. C’est bien ce que nous pouvons expérimenter dans la méditation des textes bibliques. Quand l’Esprit se met à souffler, à prier en nous, le texte devient parole vivante, parole qui nous est adressée aujourd’hui, dans notre langue maternelle. « Réjouis-toi » ; « Lève-toi et marche » ; « Suis-moi ». Ces paroles dites jadis à Marie, à Lazare, à Pierre, sont désormais adressées à moi, à ma communauté. « L’Esprit Saint vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ». Non pas souvenir nostalgique d’un passé révolu, mais mémoire vive de ce que Dieu a fait et continue de faire, mémoire qui nous met en route, qui nous sort de nos espaces clos : « Faites ceci en mémoire de moi ».

Viens, Esprit Saint, rends brûlants nos cœurs, vivifie l’Église, corps du Christ dans toute sa diversité.

Parler de l’Esprit Saint est toujours un fameux défi et un piège. En effet, peut-on mettre le souffle, le vent en bouteille ? Certainement pas, même si de temps en temps nous pensons le réussir : « l’Esprit Saint m’a dit que… ». Par contre nous pouvons l’entendre chanter, siffler, nous pouvons nous sentir poussés, toutes voiles dehors. Mais c’est à nous d’orienter les voiles et de tenir la barre du voilier pour avancer au mieux.

Père Bernard Peeters sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur

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La prière universelle de ce dimanche

Le célébrant : Nous avons la même foi, la même charité qui nous viennent de l’Esprit Saint : que ce soit aussi la même prière qui monte vers Dieu notre Père…

Refrain :       Jésus, toi qui as promis d’envoyer l’Esprit à ceux qui te prient,
Ô Dieu, pour porter au monde ton feu, voici l’offrande de nos vies.

1. En ce week-end de Pentecôte, 28 adultes à la Cathédrale et 15 à Arlon ont été confirmés par Mgr Warin. De nombreux autres, jeunes et adultes, l’ont été dans le diocèse, autour de cette date. Que l’esprit Saint leur donne la sagesse de garder en tête le message de Jésus tout au long de leur vie afin qu’ils sachent tendre la main à ceux qui leur sont proches, et les aimer. Prions le Seigneur.
2. La Terre est notre maison à tous. Que l’esprit Saint nous donne l’intelligence de nous en souvenir et de partager ses ressources pour que chaque être humain puisse vivre dignement dans le respect de la nature. Prions le Seigneur.
3. Quelles que soient les différences, tout Homme est notre frère. Et pourtant, dans notre monde, il y a trop de guerres.
   Que l’esprit Saint soit pour nous comme une lampe qui guide celles et ceux qui prennent des décisions importantes pour le monde, sur le chemin de la paix. Prions le Seigneur.
4. Que l’Esprit Saint reçu par les apôtres au Cénacle de Jérusalem
   et envoyé aujourd’hui encore à toute l’humanité
   nous aide à nous rappeler que nous sommes importants et aimés de Dieu. Prions le Seigneur.

Le célébrant : C’est ton Esprit qui nous conduit Seigneur, c’est toi qui prends soin de nous : sois favorable à nos prières ; que tes bienfaits viennent toujours soutenir notre foi. Par Jésus Christ, notre Seigneur.

D’après la Prière Universelle
de la Paroisse de Bouge Moulin-à-Vent

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