Impatience et patience
L’espérance est à la fois impatiente et patiente. Impatiente chez le Baptiste, patiente chez le cultivateur. Elle s’enracine dans la confiance en celui qui fait pousser la semence.
Le Baptiste est impatient. Il a présenté Jésus comme celui qui accomplirait la grande promesse de Dieu, celle de la justice et de la paix. Et, de sa prison, il en vient à s’impatienter.
Comme nous le comprenons ! Aujourd’hui, les menaces pour la paix, la justice, l’égalité, la fraternité sont plus visibles que les avancées. Le Grand soir n’est pas pour demain matin !
Faut-il donc renoncer à espérer ?
Il faut certainement renoncer à ces rêves d’un changement radical et définitif des structures de nos sociétés. Du reste qui accorde encore du crédit à ceux qui proclament – ou plutôt qui proclamaient – : Demain, il fera jour, camarade ? Ce n’est pas une telle espérance que propose l’Évangile.
Pour entrer dans l’espérance, l’Évangile nous invite à ouvrir les yeux : Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez ; Voyez le cultivateur.
L’espérance naît d’abord de la confiance. Celui qui a créé et promis est fidèle. Et, à son image, des femmes et des hommes, aujourd’hui, sèment le bon grain et veillent sur sa croissance.
Et même, ces semences lèvent déjà. Il s’agit non seulement de le voir, mais de l’annoncer. Annoncer est en effet le verbe utilisé ici : Allez annoncer à Jean.
Chaque fois qu’un être humain écrasé est relevé, la résurrection est à l’œuvre. Chaque fois qu’un enseignant encourage un petit et lui donne confiance, le Royaume des cieux est proche
En ces temps où nous sommes submergés, par des mauvaises nouvelles et des mensonges, l’espérance ne peut naître et grandir que si les yeux des aveugles se dessilent et les oreilles des sourds s’ouvrent.