C’est de Beyrouth
que j’écris ces mots de Pâques

En marchant dans la ville encore défigurée par l’explosion d’août 2020, je repense au poème de Blaise Cendrars « Les Pâques à New York » rédigé en avril 1912, au sortir d’une nuit d’errance dans New-York et ses bas-fonds. Croisant les visages de l’humanité souffrante et aimante, cet homme qui n’était pas un pilier d’Église, se souvient de l’agonie du Christ au milieu du monde. Et il lui parle, doutant que ce Seigneur puisse faire quelque chose pour sortir le monde de son « désespoir farouche ».

Nous aussi, nous marchons, traversant les endroits sombres et peu fréquentables de nos vies, partageant les malheurs et les peurs du monde. Les jours saints ont eu le goût de nos lassitudes et de nos petitesses, de nos résignations et de nos tristesses, mais aussi de nos espérances et de nos combats. Il y a des croix et des passions qui paraissent ne jamais prendre fin, et des résurrections qui semblent tellement tarder à se réaliser.

Passer du désespoir à l’espérance, de la crainte à la confiance, c’est le chemin de la foi. Celui que les femmes ont parcouru au matin de Pâques. La nouvelle de la Résurrection arrive comme par effraction dans l’histoire de l’humanité. Elle déplace et remue ce qui semblait arrêté pour toujours.

François Boëdec sj
Provincial d’Europe Occidentale Francophone
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