Dimanche 6 octobre 2024

Vingt-septième dimanche du temps ordinaire (B)

Lectures

  • Genèse 2, 18-24 : L’homme s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un.
  • Psaume 127 : Que le Seigneur nous bénisse tous les jours de notre vie.
  • Hébreux 2, 9-11 : Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés …
  • Marc 10, 2-16 : Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.

Lire les textes de la liturgie

Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.

 

La création d’Adam et Eve,
verre coloré de la collégiale de Dinant

Homélie

Frères et sœurs,

s’il y a bien une propriété que l’on ne peut qu’attribuer à la race humaine, c’est celle de se questionner. Les grandes découvertes, les avancées scientifiques et technologiques qui ont considérablement modifié la vie des hommes sont le résultat de longues recherches ayant à la base le questionnement. L’Homme a besoin de savoir. Le récit de la création du livre de la Genèse, que nous connaissons presque tous, est une réponse de foi aux multiples interrogations que l’humanité se posait et continue de se poser sur son origine et sur l’Univers. D’où ou de qui venons-nous ? Pourquoi la mort ? D’où vient le mal ? Pourquoi tant de problèmes de couple ?

Probablement vers le dixième siècle avant Jésus-Christ, au temps du roi Salomon, un théologien décide de répondre à ces interrogations, qui, sans nul doute, lui taraudaient l’esprit. Le début du livre de la Genèse ne cherche pas à répondre à la question du comment, à livrer des détails exacts sur les grands ouvrages du début des temps, comme le ferait un journaliste reporter. A l’instar du Christ, ce théologien utilise des paraboles et des contes pour dire des vérités fondées par la foi. Quelles sont-elles ?

  • La Création tout entière est l’Œuvre d’un seul Dieu (nous sommes dans un milieu polythéiste).
  • Dieu crée par amour et met tout à la disposition de l’homme parce qu’Il le veut heureux.
  • L’homme et la femme sont l’un et l’autre voulus par Dieu et égaux.

On se contentera de ces quelques points. Concernant la question de l’égalité de l’homme et de la femme, cela peut actuellement sembler aller de soi, encore que… Ce ne fût pas le cas dans la Mésopotamie ancienne ou certaines conceptions appréhendaient la femme comme un être secondaire dont on pouvait même se passer. Pour le milieu d’où il émerge, ce texte est une grande rupture. Il n’y a qu’un seul Dieu, qui n’utilise pas l’Homme comme esclave, mais travaille à son bonheur, il lui soumet toute la création. L’homme et la femme sont de Lui… Mieux, Ève est un cadeau de Dieu à Adam. Il les établit dans une relation de complémentarité.

Dans l’Univers, « l’homme ne trouva aucune aide qui lui corresponde ». Il faut l’entendre dans le sens de « qui soit comme lui ». Dieu fît donc la femme comme l’alter-ego de l’homme. On comprend alors la joie de l’homme qui s’extasie à la vue de la femme : « Cette fois-ci voilà l’os de mes os, la chair de ma chair ». « Ishsha », la femme est le dérivé féminin de « Ish » l’homme. C’est bien pourquoi elle est ici tirée de sa côte. Entre la femme et l’homme, il y a un tel lien que l’absence de l’un aux côtés de l’autre se fait vite sentir, comme un manque, un vide que rien d’autre ne peut combler. Partenaire pour la vie, le couple Homme et Femme est appelé à être un duo fusionnel : « L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et les deux ne feront plus qu’un ». C’est de cette manière que Dieu l’a voulu dès les commencements.

Le mariage revêt alors une grandeur et une sacralité conférées par Dieu Lui-même. C’est bien pour cela que ceux qui veulent prendre Jésus à défaut en testant sa connaissance de l’Écriture sont ramenés à un autre niveau de la compréhension du rapport Homme et Femme. La femme n’est pas une propriété de l’homme dont il peut se servir comme il veut pour ensuite s’en débarrasser à n’importe quel moment. D’ailleurs, dans l’Ancien Testament, il n’existe aucune prescription sur le divorce, aucune évocation de conditions, aucune loi formelle ayant été reçue de Dieu par Moïse. Les pharisiens de l’Évangile de ce jour évoquent le passage de deutéronome (Dt 24, 1) qui dit ceci « Lorsqu’un homme prend une femme et l’épouse, puis trouvant en elle quelque chose qui lui fait honte, cesse de la regarder avec faveur, et qu’il rédige pour elle un acte de répudiation et le lui remet en la renvoyant de chez lui… » Après qu’elle a quitté sa maison, il lui est interdit de se remettre avec elle. C’est ce sous-entendu qui affirme ce que Moïse aurait autorisé : faire un certificat de répudiation.

Jésus restitue les choses dans leur contexte pour réaffirmer que le divorce n’est pas et n’a jamais été la volonté de Dieu. À la base, le mariage est indissoluble et l’homme ne doit pas se permettre de séparer ce que Dieu a uni. Si le besoin du divorce s’est fait sentir et que Moïse l’a concédé, c’est à cause de la dureté du cœur de l’homme. Oui frères et sœurs, c’est cette dureté de cœur, qui nous fait ne pas être capables d’aimer d’un amour pur, vrai et miséricordieux comme celui de Dieu. Cette dureté de cœur, c’est elle qui nous lie au péché, au manque de pardon, de remise en cause et nous remplit d’orgueil. C’est en réalité elle qui nous donne d’être plus favorables aux opinions et aux tendances du monde, même quand elles sont contraires à la volonté de Dieu.

Au cœur de ce monde où l’on dissocie amour et sexe, fidélité de cœur et fidélité de corps, vivre la fidélité en tant qu’époux chrétiens requière une assiduité à la prière et une ouverture à la grâce de Dieu sans laquelle nous ne pouvons pas vivre et refléter son amour.

Seigneur, donne-nous la grâce de devenir comme des enfants, vrais et simples.

Père Philippe Amanfo sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

A l’image de ton amour  

Paroles : Jean-Paul Lécot   Musique : Jean-Paul Lécot et Sébastien Temple

Fais-nous semer ton évangile,
Fais de nous des artisans d’unité,
Fais de nous des témoins de ton pardon,
A l’image de ton Amour.

  1. Seigneur Jésus, tu nous as dit :
    « Je vous laisse un commandement nouveau :
    Mes amis, aimez-vous les uns les autres,
    Écoutez mes paroles et vous vivrez. »
  2. Devant la haine, le mépris, la guerre,
    Devant les injustices, les détresses
    Au milieu de notre indifférence,
    Ô Jésus, rappelle-nous ta Parole.
  3. Tu as versé ton sang sur une croix,
    Pour tous les hommes de toutes les races,
    Apprends-nous à nous réconcilier,
    Car nous sommes tous enfants d’un même Père. R.