
Dimanche 14 décembre
Troisième dimanche de l’Avent
Impatience et patience !
- Isaïe 35, 1-6a.10 : Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent…
- Psaume 145 : Viens, Seigneur, et sauve-nous !
- Jacques 5, 7-10 : En attendant la venue du Seigneur, prenez patience.
- Matthieu 11, 2-21 : Es-tu celui qui doit venir ?
Lire les textes de la liturgie
Heureux ceux qui tournent le regard vers le Christ
Es-tu celui qui doit venir ?
Berna, Evangile et Peinture
Homélie
Frères et sœurs,
Nous pouvons, en ce dimanche Gaudete, entendre dans ces textes trois « heureux », parfois paradoxaux. Heureux ceux qui osent croire à la promesse ; heureux ceux qui s’exposent au doute ; heureux ceux qui tournent leur regard vers le Christ.
Premier « heureux » : « heureux ceux qui osent croire à la promesse »
Depuis le début de l’Avant, la liturgie nous fait entendre, jour après jour et dimanche après dimanche, les grandes promesses du livre d’Isaïe. À bien des égards, ces promesses sont autant déroutantes aujourd’hui qu’à l’époque où Isaïe les proclamait. Oubli de Dieu, troubles politiques, menaces de guerres, trahison des élites… voilà ce qu’Isaïe ne cesse de dénoncer et de combattre.
Mais à côté de ces dénonciations, il dresse ces grandes visions, ces grandes promesses de la venue de Dieu. « Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent (…) Voici votre Dieu qui vient. » « Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. »
On aurait tort de voir dans ces paroles des espérances à bon compte, ou l’évocation d’un futur qui ne nous concerne pas. Car si Isaïe peut dénoncer si fortement les errements de son temps sans sombrer dans le cynisme ou le désespoir, c’est qu’il garde sans cesse devant les yeux la promesse de Dieu. Les deux vont même ensemble : c’est parce qu’il voit le désir de Dieu pour son peuple, le désir de Dieu pour l’humanité, qu’Isaïe peut faire de son existence une lutte contre ce qui défigure ce désir.
Cette promesse d’Isaïe ne parle donc pas seulement du futur : elle est une lumière sur notre présent. A qui ose la recevoir comme venant de Dieu, la promesse ne nous éloigne pas du monde : elle nous apprend à le regarder comme Dieu le regarde.
C’est l’expérience que fit Pierre Favre, l’un des premiers compagnons d’Ignace de Loyola. Envoyé dans une Allemagne plongée dans les crises et affrontements de la Réforme, et qu’il voyait sur le point de s’éloigner tout à fait de la foi catholique, il réalise à quel point les images de l’avenir sont le lieu d’un combat spirituel. Il l’écrit dans ses notes personnelles :
« Ne te fie pas à ces mauvais esprits d’après lesquels tout se terminera mal, tout se présente mal, ou qui soulignent ce qui va mal. Esprits mauvais, ils dépeignent à l’image de ce qu’ils sont la situation qu’ils veulent et souhaitent aggraver encore. Efforce-toi plutôt de devenir l’instrument du bon esprit : il te montre la situation et la conjoncture telles qu’il les souhaite et comme il est prêt à les faire évoluer avec ton aide… » (M. 158)
Voilà le premier « heureux » : heureux ceux qui osent croire à la promesse. Heureux ceux qui la laissent conduire leurs pas et leurs actions. Heureux sont-ils, par qui la promesse peut entrer dans le monde.
Second heureux : « heureux ceux qui s’exposent au doute »
Le second « heureux » accompagne immédiatement le premier. Oser croire à la promesse, c’est s’exposer. C’est s’exposer au démenti des faits. C’est s’exposer à sa propre faiblesse ou à celle des autres. C’est s’exposer aussi à la trahison, lorsque la promesse est déformée ou manipulée. On en trouverait malheureusement beaucoup d’exemples, dans l’Église et en dehors.
Pourtant, sans rien retirer à ce que ces situations ont de terrible, il faut oser dire : heureux ceux qui ont osé s’exposer, qui ont osé miser leur vie sur la parole d’un Autre. Heureux celles et ceux qui, tels Jean-Baptiste en prison sous la menace d’une mort violente, peuvent demander, peut-être avec angoisse, et sachant que le sens de leur vie en dépend : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
La profondeur de cette question, c’est aussi la profondeur à laquelle les gestes et les paroles de Jésus pourront la rejoindre. Heureux celui, heureuse celle, qui a osé donner à Dieu cet espace-là.
Troisième « heureux » : heureux ceux qui tournent le regard vers le Christ
Voilà qui nous conduit au troisième « heureux », celui auquel Jésus invite ses auditeurs. Il le leur dit : Jean-Baptiste fut le plus grand des prophètes, celui qui récapitule les promesses de Dieu, celui qui indique Jésus du doigt. Et pourtant, « le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui ». Phrase étonnante, mais qui confirme ce que le Baptiste dit de lui-même : « Il faut qu’il grandisse et que je diminue ». C’est toute la nouveauté que le Christ apporte, qui se dit là.
Le Christ est plus encore que le sceau de Dieu sur les promesses d’Isaïe. Il est celui en qui le désir de Dieu pour son peuple prend un corps et un visage. Saint Paul le dira aux Corinthiens : « Toutes les promesses de Dieu ont en effet leur oui en lui » (2 Cor 1, 20a).
Voilà l’invitation de ces semaines qui viennent : tourner le regard vers le Christ. Vers ce qu’il fait. Vers qui il est. Et laisser cette image nous orienter, nous façonner. Pour qu’en regardant le monde du même regard avec lequel nous regardons le Christ, nous puissions nous aussi préparer son chemin. Dans nos cœurs, et dans le monde.
Père Perrin Lefebvre sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur
La prière universelle de ce dimanche
Le célébrant : En ce dimanche de la joie, laissons-nous toucher par les bienfaits de Dieu et prions-le dans la confiance. .
Refrain : Fais paraître ton jour, que l’homme soit sauvé
- « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez. »
Seigneur, nous te prions pour ton Église : que chacun de ses membres contribue à faire grandir la paix et la joie dans son milieu de vie. R/ - « Le Seigneur délie les enchaînés. »
Seigneur, en ce jour du jubilé mondial des détenus, nous te prions pour tous les prisonniers de la terre, dont certains souffrent de conditions de détention indignes ou déshumanisantes. Que nos prières les rejoignent et leur donnent force. Accorde à chacun de pouvoir bénéficier d’un regard miséricordieux qui les relève. R/ - « Tenez ferme, car la venue du Seigneur est proche. »
Seigneur, nous te rendons grâce pour les 50 martyrs de la foi béatifiés ce 13 décembre, à Notre-Dame de Paris. Ils ont témoigné de ton amour au milieu des ténèbres du nazisme. Aujourd’hui encore, des chrétiens vivent dans des contextes des guerre ou de conflit. Nous te prions afin qu’ils soient eux aussi des semences de paix, de réconciliation et d’espoir. R/ - « D’âge en âge, le Seigneur règnera. »
Seigneur, nous te prions pour que vienne ton Règne de justice et d’amour, où les pauvres et les affamés seront rassasiés. Donne à nos communautés d’être artisans de ce Règne en prêtant attention à nos frères et sœurs dans le besoin et en leur venant en aide selon nos possibilités. - En silence, confions au Seigneur les intentions que nous avons dans le cœur.
Le célébrant : Seigneur, écoute les prières que nous venons d’exprimer, exauce-les et donne à notre humanité de préparer ta venue dans la paix et la fraternité. Toi qui es vivant pour les siècles des siècles. Amen.
Prière Universelle de « Jardiniers de Dieu », Sœur Véronique Xavière
Un chant pour accompagner notre méditation
Le monde ancien s’en est allé
Texte : Joseph Gelineau – Musique : Joseph Gelineau
- Le monde ancien s’en est allé,
Un nouveau monde est déjà né :
Nous attendons le jour de Dieu
Qui transfigure terre et cieux. - Le monde ancien s’en est allé,
Un nouveau monde est déjà né :
Ne vois-tu pas le jour venir
Et tous les arbres reverdir ? - Le monde ancien s’en est allé,
Un nouveau monde est déjà né :
Le Fils de l’Homme est revenu,
Ressuscité, il ne meurt plus. - Le monde ancien s’en est allé,
Un nouveau monde est déjà né :
Il s’est levé le jour de Dieu
Qui fait renaître terre et cieux.