
Dimanche 28 décembre 2025
La Sainte Famille
- Isaïe 62, 11-12 : Voici ton Sauveur qui vient.
- Psaume 96 : La lumière aujourd’hui a resplendi sur nous : un Sauveur nous est né.
- Tite 3, 4-7 : Dieu nous a sauvés par sa miséricorde.
- Luc 2, 15-20 : Les bergers découvrirent Maire et Joseph, avec le nouveau-né.
Lire les textes de la liturgie
Etre providence pour autrui.
Le songe de Joseph
Eglise St-Hugues de Chartreuse
Arcabas (1926-2018)
Homélie
Frères et sœurs,
Ce dimanche après Noël est le dimanche dit de la « Sainte Famille ». Vous avez sans doute en mémoire les images traditionnelles de la Sainte Famille ; le plus souvent, on y voit Marie et Joseph de face, avec, au centre, Jésus encore tout petit, grandissant ou déjà adolescent. Parfois, on représente Marie portant l’enfant tandis que Joseph travaille à son atelier de charpentier. Et chaque fois, tous ces personnages sont auréolés. Il y a d’autres images traditionnelles également de la Sainte Famille qui la représentent, cette fois, dans sa fuite en Egypte, ancien lieu d’esclavage du peuple d’Israël, devenu ici lieu de refuge. On y voit Marie, portant Jésus, montée sur un âne conduit par Joseph. C’est cet épisode de la fuite en Egypte qui est évoqué aujourd’hui par le récit évangélique. Cette scène de la fuite en Egypte retrouve aujourd’hui toute son actualité quand on pense aux violences et aux guerres qui poussent des familles par milliers à quitter leur habitat, à prendre la route de l’exil et à chercher un refuge ailleurs.
Ce qui est à remarquer dans le récit évangélique d’aujourd’hui, c’est que, par trois fois, Joseph apparaît capté et instruit par un songe. Joseph est un songeur ; des pensées lui adviennent en songe. En français, le verbe « songer » peut prendre plusieurs nuances. Songer, cela peut signifier penser profondément. Songer peut signifier aussi rêver, se laisser aller à la rêverie pour imaginer l’avenir et le préparer. Songer, peut encore signifier se mettre à l’écoute : discerner et se rendre disponible aux appels de la vie, aux appels de Dieu.
Dans le texte d’aujourd’hui, Joseph songe et l’ange du Seigneur, le messager de Dieu, lui parle : « Voici, dit le texte, que l’ange du Seigneur, apparaît en songe à Joseph et lui dit : “Lève-toi : prends l’enfant et sa mère et fuis en Egypte. Reste-là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr” ». La parole de l’ange, en songe, prévient Joseph d’une menace qui pèse sur l’enfant. Grâce au message de l’ange, Joseph prévoit le danger et le prévient. Dans cette prévenance, Joseph prend Marie et l’enfant pour les conduire dans un lieu sûr et les mettre à l’abri. Ainsi Joseph se fait-il « providence » pour Marie et Jésus.
Considérons un instant le mot « providence ». Il vient du verbe latin providere, qui signifie « voir en avant », « prévoir », « être prévenant », « voir pour autrui et pour lui ». Le verbe signifie aussi « pendre ses précautions », « faire des prévisions », « faire des provisions ». Il signifie encore « pourvoir », « veiller à fournir le nécessaire ». L’enjeu de toutes ces significations, c’est d’être « providence pour autrui », c’est se faire « ange gardien de l’autre » ; c’est s’en rendre solidaire, non point abstraitement, mais en prenant des décisions concrètes comme Joseph le fit à l’appel de l’ange, trois fois. Il prit l’enfant et sa mère pour se rendre en Egypte, puis, toujours averti en songe, revint en Galilée et pour se fixer finalement à Nazareth.
Dans le texte évangélique qui nous retient ici, une leçon nous est donnée pour nos vies de famille. Elle invite à nous faire ange protecteur pour autrui, un gardien qui prévient, qui pourvoit, qui prévoie, qui veille au bien des uns et des autres dans les circonstances parfois imprévues et difficiles auxquelles nous avons à faire face. Nos vies de famille – la fête de Noël nous en donne l’occasion – sont appelées à être des lieux d’attention aux autres : une attention inventive, soucieuse du bien de l’autre, des enfants, de l’époux, de l’épouse ; une attention prévenante qui devance les attentes, devine les désirs, prévoit les dangers et pourvoit de bons conseils. C’est cette attention mutuelle que recommande Saint Paul dans sa lettre aux Colossiens : « Puisque vous êtes sanctifiés, aimés par Dieu, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement ». Il y a là pour les familles un idéal de vie radicalement précieux ; une condition du bonheur.
Mais élargissons notre réflexion. La providence dont il vient d’être question ne concerne pas seulement la famille au sens strict du terme. Le christianisme, en effet, nous fait sortir de la famille au sens étroit du terme au point que nous pouvons nous appeler « frères et sœurs » quelles que soient nos origines géographiques, ethniques ou culturelles. « Qui est ma mère, qui sont mes frères, qui sont mes sœurs ? Celui qui fait la volonté de mon Père, voilà ma mère, mon frère et ma sœur » (Mt 12,50), dit Jésus. Il y a là une audace prophétique pour la communauté multiculturelle que nous formons ici, une audace prophétique pour notre pays traditionnellement terre d’immigration, une audace prophétique aussi pour notre monde où existent encore, hélas, tant de violences nationalistes, ethniques ou religieuses. Dès que des êtres humains, hommes ou femmes, se font « providence » les uns pour les autres, dans des circonstances qui peuvent être très diverses, y compris dans des situations réputées irrégulières, c’est la famille humaine qui s’édifie, c’est la famille de Dieu qui se construit. Les chrétiens ont une magnifique sagesse à proposer au monde. Mais, en même temps, en raison de leur foi, sans juger les personnes, il leur revient de reconnaître la famille de Dieu qui s’étend dès lors que l’amour est présent, dès lors que des hommes, des femmes et des enfants s’efforcent d’être les uns pour les autres des anges gardiens prévoyants et prévenants.
Dieu est providence. Chaque fois que nous sommes providence les uns pour les autres, proches ou lointains, c’est l’appel de Dieu qui se fait entendre, c’est la sainteté de Dieu qui vient à nous et nous habite. C’est la famille de Dieu qui grandit.
Père André Fossion sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur
La prière universelle de ce dimanche
Le célébrant : En ce dimanche où s’achève l’année du jubilé, à la Cathédrale de Namur, nous présentons au Seigneur les intentions du monde, de l’Eglise et de notre communauté chrétienne.
Refrain : Accueille au creux de tes mains, la prière de tes enfants.
- Père très bon, nous te confions l’Eglise universelle qui termine en ces jours l’année jubilaire. Le thème en était : “Pèlerins d’espérance”, une invitation à vivre la foi et la conversion à travers l’espérance.
Consolide et ravive notre foi pour le temps à venir où les défis ne manqueront pas.
Seigneur nous te prions. R/ - Père très bon, nous te confions toutes les familles qui sont exilées, séparées, à travers le monde en raison des guerres, et particulièrement les familles chrétiennes qui vivent dans ces zones de conflit.
Nous te confions les personnes qui les accueillent, les réconfortent et les soutiennent dans leur souhait de vivre en paix.
Seigneur nous te prions. R/ - Père très bon, nous te confions les membres des familles qui cherchent un logement, un travail et les membres des associations ou institutions qui les soutiennent dans leurs démarches.
Seigneur nous te prions. R/ - Père très bon, nous te confions les membres de nos communautés et en particulier ceux et celles qui ont reçu la mission de témoigner de ton Évangile auprès des plus jeunes.
Seigneur nous te prions. R/
Le célébrant : Seigneur, écoute les prières que nous venons d’exprimer, exauce-les et donne à notre humanité d’accueillir ta venue dans la paix et la fraternité. Toi qui es vivant pour les siècles des siècles. Amen.
Un chant pour accompagner notre méditation
Notre Dieu s’est fait homme
Paroles et musique : M. Dannaud – Chants de l’Emmanuel
- Notre Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit Dieu,
Mystère inépuisable, fontaine du Salut.
Quand Dieu dresse la table, Il convie ses amis,
Pour que sa vie divine soit aussi notre vie! - Le Seigneur nous convoque par le feu de l’Esprit
Au banquet de ses noces célébrées dans la joie.
Nous sommes son Eglise, l’Epouse qu’il choisit,
Pour vivre son alliance et partager sa vie. - Merveille des merveilles, miracle de ce jour!
Pour nous Dieu s’abandonne en cette Eucharistie.
Chassons toute indolence, le Christ est parmi nous,
Accueillons sa présence et offrons-nous à lui. - Dieu se fait nourriture pour demeurer en nous,
II se fait vulnérable et nous attire à lui.
Mystère d’indigence d’un Dieu qui s’humilie
Pour que sa créature soit transformée en lui. - II frappe à notre porte le Seigneur Tout-Puissant,
II attend humble et pauvre, mendiant de notre amour.
Dénudé d’arrogance, sous l’aspect de ce pain
II se donne en offrande pour demeurer en nous. - Que nos cœurs reconnaissent en ce pain et ce vin
L’Unique nécessaire qui surpasse tout bien.
Ce que nos yeux contemplent, sans beauté ni éclat,
C’est l’Amour qui s’abaisse et nous élève à lui.