Dimanche 7 février 2021
Cinquième semaine du temps ordinaire:
Guérisons et exorcismes à Capharnaüm
Textes de la liturgie (à consulter ici)
- Job 7, 1-4.6-7 Prière de Job dans la détresse.
- Psaume 146 : Bénissons le Seigneur qui guérit nos blessures.
- 1 Corinthiens 9, 16-19.22-23 : Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile.
- Marc 1, 29-39 : Guérisons et exorcismes à Capharnaüm !
Voir la vidéo de l’évangile et de l’homélie sur youtube
L’homélie
Chers Frères et Sœurs,
Il nous arrive d’avoir des journées tellement chargées que nous ne voyons pas le temps filer. Les tâches se succèdent, le souci de bien faire nous absorbe au point qu’on s’oublie soi-même. L’évangile de ce dimanche décrit une journée très chargée de Jésus. On le voit à l’œuvre. A peine sorti de la prédication et de l’exorcisme de la synagogue de Capharnaüm qu’il enchaine avec une guérison chez Simon et André. Le soir c’est la petite ville entière qui littéralement l’assiège avec tous ses malades et ses possédés. Je vous propose d’accompagner Jésus et de tirer profits de ses faits et gestes.
La première chose qui frappe est que Jésus se fait don. Dès son arrivée chez Simon, on lui apprit que la belle-mère de celui-ci était fiévreuse et alitée. Aussitôt il partit la guérir. Sans se lasser, Jésus guérit beaucoup de malades et de possédés à la tombée de la nuit. Il s’en dégage l’impression d’une urgence à faire du bien. Jésus est ainsi occupé à répandre ces signes d’amour du Père pour l’humanité. Bien plus, il est empressé d’annoncer l’Évangile, un bien plus grand. C’est ainsi qu’il dit à Simon : « Allons ailleurs, dans les bourgades voisines, afin que j’y prêche aussi; car c’est pour cela que je suis sorti. » Luc le dit autrement en disant : « … car c’est pour cela que j’ai été envoyé. » (Lc 4, 43). Jésus est bien le don du Père pour l’humanité. Sa mission c’est sa personne. Il est la vie en abondance qui veut se déverser dans le cœur de tout homme.
Le deuxième point est que Jésus fait preuve de liberté. On lui amena tous les malades et les possédés. Nombreux étaient guéris ou libérés des mauvais esprits. Ils n’étaient pas tous guéris ou libérés. On s’attendrait à ce que Jésus, par souci de perfectionnisme, encouragé par l’effervescence et l’enthousiasme de la petite ville de Capharnaüm, reste dans cette petite cité pour continuer son travail. Cela ne fut pas le cas. Loin de sombrer dans l’activisme, Jésus s’écarte très tôt matin dans un lieu désert pour se ressourcer et prier. Il y puise ainsi la force intérieure qui le rend libre, qui le préserve d’être grisé par sa popularité. Contre l’attente de Simon, Jésus décide de partir ailleurs. La liberté du Christ est une attitude qui montre son attachement et sa fidélité à sa mission.
Le troisième point est le signe de guérisons et d’exorcismes. Le signe va toujours au-delà de lui-même. On observe dans la guérison de la belle-mère de Simon que Jésus la saisit de sa main et la fit lever. Le verbe lever utilisé ici est le même que ressusciter. La guérison de la belle-mère de Simon n’est pas fortuite. Elle est révélatrice de l’identité divine du Christ capable de relever de la mort, de libérer des forces destructrices. Cette indication est corroborée par le soin que prend Saint Marc de placer dans la même journée l’exorcisme d’un homme possédé puis la guérison d’une femme comme premières actions publiques rapportées. Comme si l’écrivain sacré voulait que nous percevions en Jésus celui qui remodèle, initie une nouvelle humanité. Enfin, Jésus guérit le jour du Sabbat, touche la femme malade. Des gestes apparemment proscrits par la loi de Moïse d’après l’usage de l’époque. Jésus se révèle comme le nouveau législateur. Il réinterprète la loi.
Chers Frères et Sœurs, qu’est-ce que tout cela nous apporte dans notre vie de tous les jours ?
Premièrement, l’Évangile de Jésus n’est pas une annonce désincarnée mais soucieuse de notre bien être à la fois physique, mentale et spirituelle. Jésus guérit bien des malades et des possédés. Aujourd’hui, il agit à travers nous chaque fois que nous exprimons de l’amour, de la charité, de la compassion envers les malades. Ces signes d’attention, à défaut de les guérir tous, les pacifie. Cet évangile nous invite aussi à être reconnaissant envers ceux qui nous tendent les mains aux moments de nos faiblesses. Comme la belle-mère de Simon, nous sommes invités à manifester de la gratitude envers ceux qui nous aident et de la générosité à notre entourage.
Deuxièmement, la peur, l’anxiété, la culpabilité, une faible estime de soi, les addictions de tout genre, l’amertume, etc. sont des démons qui peuvent fragiliser notre liberté. L’aide professionnelle ou amicale peut nous remettre sur pieds. Face aux pathologies mentales plus fortes, ne nous lassons pas d’être compatissant, patient et charitable. Jésus veut l’homme libre. Que ce désir du Christ nous habite en permanence.
Troisième chose, c’est l’invitation à croître en liberté intérieure. Bien des choses d’apparence bonnes peuvent nous emprisonner. Ainsi, travailler continuellement, se priver de repos, du temps pour soi et pour Dieu peuvent nous conduire à la catastrophe. De même, il y a lieu de se demander si l’on a assez de liberté à l’égard de notre famille, de nos amis, de l’opinion publique, de nos groupes politiques quand il faut s’opposer à eux au nom de l’Évangile.
Pour finir, nous venons de contempler Jésus accomplissant l’œuvre de son Père. Il s’est fait don conformément à la mission reçue de lui. Sa popularité ne l’a pas enivré, ni l’effervescence de la ville de Capharnaüm. Grâce à la prière, il a fait preuve de liberté et de fidélité à sa mission qui est d’annoncer toujours plus loin la Bonne nouvelle. Les miracles que Jésus accomplit sont des signes. Ils sont révélateurs de son identité et de sa mission. A nous d’imiter sa liberté, de continuer son travail de consolateurs des affligés et des malades. C’est à cette condition que le Règne de Dieu deviendra une réalité ici et maintenant.
Père Williams Dhelonga sj
Chapelle universitaire Notre-Dame de la Paix
Un chant pour accompagner la prière:
Signes par milliers
Paroles : Claude Bernard – Musique : Jo Akepsimas
R. Signes par milliers, traces de ta gloire,
Signes par milliers, Dieu dans notre histoire.
- Ta main, Seigneur, nous a donné des signes,
Des signes par milliers. (bis)
Le chant de l’univers, le souffle sur la mer, la flamme des vivants,
Dieu, à l’œuvre dans nos temps ! (bis). - Pour nous, Seigneur, tu as choisi des signes,
Des signes d’unité. (bis),
Le pain de nos travaux, le vin des renouveaux, la table partagée,
Dieu, la fête réveillée ! (bis). - Témoins choisis, que nous soyons des signes,
Des signes d’avenir. (bis),
Un peuple de croyants, disciples du Vivant, l’Eglise à découvert,
Dieu, soleil sur nos hivers ! (bis).