Dimanche 10 novembre 2024
32ème dimanche ordinaire
Lectures
- 1 Rois 17, 10-16 : Jarre de farine point ne s’épuisera.
- Psaume 145 : Chante, ô mon âme, la louange du Seigneur.
- Hébreux 9, 24-28 : Le Christ s’est offert une seule fois, pour enlever les péchés de la multitude.
- Marc 12, 38-44 : Cette pauvre veuve a mis tout ce qu’elle avait pour vivre.
Lire les textes de la liturgie
Regarder avec les yeux du coeur
Jésus Mafa, Collectif pour la catéchèse
Cameroun, 1973
Image extraite de “À l’écoute des Évangiles,
actualiser la Parole au travers de l’image et du témoignage”
Homélie
Frères et sœurs
Jésus est assis dans le Temple en face de la salle du trésor. Il y a là un tronc, une urne, où l’on peut déposer de l’argent pour contribuer au service de la prière et de la louange, pour rendre grâce à Dieu. Contemplons Jésus qui regarde cette foule qui rend hommage à Dieu. Il la regarde avec les yeux du cœur, celui qui sait voir derrière les apparences, les yeux de celui qui aime.
Il y a les riches, ils déambulent là devant tout le monde, ils exposent leur richesse et leur générosité, ils déposent beaucoup d’argent. Ils sont de cette catégorie que Jésus fustige au début de notre récit. Ils accaparent l’argent des veuves, ces femmes qui ont perdu leur mari. A l’époque c’était le mari qui faisait vivre la famille, femmes et enfants. Sans lui les femmes n’avaient plus de moyen de subsistance. Veuves, elles n’ont plus rien et pourtant ces riches leur prennent même ce qu’elles n’ont plus. Jésus ne condamne pas ces riches, seulement il est touché au cœur, il est triste car il comprend que cette arrogance ne les conduira à rien, sinon à se perdre dans le malheur : « Ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »
Et puis Jésus regarde cette veuve, elle aussi lui touche le cœur, mais d’une certaine manière elle est sa consolation. Elle a perdu son mari, elle est pauvre, elle n’a presque rien pour vivre. Les peintres, au long de l’histoire de la tradition représente cette femme soit comme une vieille dame, comme Anne qui accueille l’enfant Jésus quand sa mère vient le présenter au Temple, soit comme une jeune veuve avec un ou plusieurs jeunes enfants… Elle n’a plus rien, sinon ces jeunes enfants à qui elle doit donner cette vie qu’elle ne peut plus leur donner. Et pourtant elle donne à Dieu, au Temple, deux petites pièces de monnaie, deux piécettes. Les spécialistes disent que cela ne représente vraiment rien. Et ce rien elle le donne à Dieu. « Elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » Ce rien, elle l’offre à Dieu comme une offrande de grand prix. Elle fait confiance à Dieu, c’est lui qui lui donnera tout ce qu’il faut pour elle et ses enfants.
Elle est comme cette veuve du temps des Rois, au temps d’une sécheresse terrible qui a duré trois années. Elle aussi n’avait plus rien, sinon un fils. Le prophète Elie le sait bien, il connaît la situation misérable de son peuple, et pourtant il lui demande ce petit reste de vie qu’elle a encore : « Cuis-moi une petite galette, – cette dernière galette qu’elle avait l’intention de cuire pour elle et son fils -, et apporte-la moi. » Et cette femme lui donne ce reste de vie, toute sa vie. Et vous avez entendu la suite : ce don absolu lui vaut de vivre avec son fils jusqu’à la fin de la sécheresse.
Alors je vous le demande, ces deux femmes n’évoquent-t-elles pas l’Eucharistie, ce mystère divin dont nous faisons mémoire chaque fois que nous nous retrouvons pour la messe, comme aujourd’hui. Jésus se donne dans un simple morceau de pain : « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps livré pour vous. » Jésus a tout donné de son amour et de sa miséricorde au long des années qu’il a vécues parmi les hommes. Et maintenant, parce que, justement, il aimait les hommes, d’autres hommes vont le crucifier, lui donner la mort. Ils veulent le réduire à néant. Il ne sera plus rien, un corps qui ne sera plus bon à rien sinon à être mis au tombeau. Comme ce pauvre morceau de pain que la veuve, au temps d’Elie, va manger avec son fils avant de mourir, comme ces deux piécettes de la veuve du Temple. Et Jésus nous dit que cette vie réduite à rien va redonner la vie à toute l’humanité : « Ceci est mon corps livré pour vous et pour la multitude. » Il va ressusciter, la vie redonnée en surabondance !
Jésus se donne tout entier, comme ces femmes veuves donnent ce qu’elles ont de plus cher, à Dieu et aux autres, leurs enfants en premier. Et Dieu leur redonne la vie en surabondance, Jésus nous promet la surabondance ! Souvenez-vous : « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des Cieux est à eux », c’était il y a quelques jours pour la fête de tous les saints.
Pour terminer, je voudrais actualiser notre regard. Regardons aves les yeux de Jésus. Dans note monde, les riches tout le monde les voit, les pauvres femmes passent inaperçues, il faut les yeux du cœur pour les voir. Nous avons beaucoup regardé et discuté ces derniers temps au sujet de la dernière élection aux Etats Unis. Mais finalement qu’est-ce qui nous bouscule et nous fait peur ? N’est-ce pas l’isolationnisme de cette première puissance mondiale qui nous menace en Europe : nous craignons de nous retrouver dans une catastrophe économique, sans le sou ! Alors je vous le demande, ne regardons-nous pas souvent le monde avec les yeux de ceux qui possèdent ? Alors que ce sont les petits, ceux qui n’ont rien qui vont encore plus perdre, être rejetés ? Savons-nous regarder la pauvre veuve du Temple, comme Jésus ?
Que cette histoire d’une pauvre veuve qui donne deux piécettes à Dieu nous aide à transformer notre regard, à regarder avec le cœur de Dieu, et ainsi à espérer en un monde de paix et de justice.
Père Henri Aubert sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur
Un chant pour accompagner notre méditation
Bienheureux le pauvre
Paroles : Rimaud D. – Musique : Robert PH. – Éditeur : Bayard-liturgie
- Bienheureux le pauvre au seuil des festins :
Les palais de Dieu lui sont fraternels !
Bienheureux le monde où l’argent n’est rien :
Les trésors de Dieu seront éternels ! - Bienheureux les yeux qui cherchent le jour :
La splendeur de Dieu demain brillera !
Bienheureux le cœur assoiffé d’amour :
L’océan de Dieu pour lui jaillira ! - Bienheureux les cris au fond des prisons :
La cité de Dieu résonne de joie !
Bienheureux le sang des martyrs sans nom :
Le jardin de Dieu fleurit de leur foi ! - Bienheureux les bras ouverts au pardon :
La bonté de Dieu reçoit leur espoir !
Bienheureux l’enfant dans son abandon :
Car la main de Dieu ne peut décevoir ! - Bienheureux le nom du juste opprimé :
La pitié de Dieu sera sans défaut !
Bienheureux le corps qui n’a pas compté :
Car l’amour de Dieu veille à son repos !