La Trinité Miséricordieuse
Céramique de Soeur Caritas Müller (couvent de Cazis, Suisse)

Écouter, voir et comprendre la Trinité Miséricodieuse

L’homélie

Frères et sœurs, permettez-moi, en ce jour où nous célébrons la fête de la Trinité, de, d’abord, évoquer une expérience humaine. Pas n’importe laquelle : la plus fondamentale qui soit. Celle à laquelle nous sommes tous inévitablement convoqués et que je vous propose de nommer entretien. Dans tous les sens de ce terme. Le fait de se parler, mais aussi d’être en relation et encore de se tenir debout les uns les autres.

Avant même de naître, le petit enfant, dans le ventre de sa mère, l’attend et il l’entend. Il entend le murmure des conversations. Il est promené au milieu des échanges de mots. Il va bientôt être projeté dans la communication interhumaine.

Nous sommes toujours déjà dans l‘entretien et c’est ce qui nous permet de vivre.

Bien entendu, l’entretien peut être vécu à des niveaux bien divers d’intensité.

Par le sens même que l’on peut donner à ce mot, par sa nature même, « s’entre-tenir » est de l’ordre de la vérité et de l’amour d’autrui. La vérité de l’entretien c’est de se relier les uns aux autres librement et fraternellement. Dans le respect des différences et dans l’unité. C’est pourquoi, dans l’entretien vérité et amour d’autrui sont synonymes.

« Appartenir à la vérité, c’est mettre de la communion, donc de l’amour, partout » a dit un philosophe.

Mais l’être humain peut rejeter son humanité et détruire toute forme d’entretien. Pour faire place au mensonge de la haine et au meurtre. Cela existe depuis le serpent de la Genèse.

Et le prince des ténèbres s’appelle le diviseur. Alors, plus de sujets ni de relations ni de paroles.  Nous savons que tout régime totalitaire, pour asservir, attaque la parole par le mensonge et la censure.

Quoi d’étonnant donc à ce que nous découvrions, dans les évangiles, combien la négation de l’entretien conduise les Grands Prêtres au meurtre de Jésus et, à la fois, combien l’entretien, poussé à son plus haut degré d’intensité, conduise Jésus à donner sa vie par amour.

Mais la figure de l’entretien aide aussi à parler de Dieu. Tel est le cas du texte évangélique que nous venons d’entendre (Jn 16, 12-15).

Remarquons d’emblée, que tout, dans ce texte, parle d’entretien. Jésus tient un discours d’adieu à ses disciples. Il s’en va. Un entretien se termine : « J’ai encore beaucoup à vous dire » déclare-t-il. Mais l’Esprit viendra, « il vous parlera et il vous annoncera » : un nouvel entretien commence.

La relation de Jésus avec l’Esprit Saint est mise au premier plan : « Ce qu’il a entendu, il le dira. C’est de ce qui est à moi que l’Esprit reçoit ». Puis Jésus souligne sa relation avec le Père : « Tout ce qui est au Père est à moi ». Jésus dit ainsi la relation entre l’Esprit, le Père et lui. Tout, ici, est écoute, circulation et échange de paroles. Il nous est dit que Dieu est, en lui-même, entretien. Des personnes s’entretiennent. Dans l’unité et la différence.

Il y a plus. Jésus parle de Dieu en recourant au nom de Père, de Fils et d’Esprit, c’est-à-dire, littéralement de souffle. Il est remarquable que ces noms soient chargés d’humanité plus que le mot lui-même de Dieu. Ces noms se réfèrent à des situations humaines concrètes. Ils disent notre appartenance au corps et à la chair. La personne du père qui est don et source de vie, celle du Fils qui est la vivante reconnaissance rendue pour ce qui est reçu, le souffle qui dit l’union comme dans la parole ou le baiser.

Ainsi Dieu, Père, Fils et souffle, se présentent-t-ils comme le modèle d’entretien le plus absolu qui soit, à l’image et à la ressemblance duquel se vivent les entretiens en humanité.

L’entretien relie le divin et l’humain.

Mais il nous faut faire encore un pas de plus. Reprenons le texte de saint Jean : « L’Esprit, le souffle saint, vous guidera dans la vérité tout entière », dit Jésus. Vérité qui est amour.

L’esprit d’amour vous guidera dans l’amour humain tout entier.

Il nous est dit ici que l’entretien humain est divin.

Quand circulent la paix, la concorde, l’unité, Dieu Trinité est présent, en acte.

Lorsque l’entretien des hommes entre eux tend vers sa plus haute puissance d’humanité, c’est Dieu, Père, Fils et Esprit qui est de la partie.

Frères et sœurs, nous le savons, il y a des actes de langage qui réalisent ce qu’ils disent. Ainsi, par exemple, dire « Je te pardonne », réalise le pardon. Ou encore « Je te promets » qui accomplit un engagement ou simplement « Bonjour » qui établit une relation.

En cette fête de la Trinité, l’occasion nous est donnée de retrouver toute la force d’une formule bien familière : « Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ».

On la prononce pour ouvrir ou clôturer un entretien avec Dieu ou avec des hommes.

C’est un acte de langage qui réalise ce qu’il dit. Il crée un lien entre ce que nous échangeons et Dieu lui-même. Ces paroles nous engagent à être les plus humains possible. Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Père Jean-Paul Laurent sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Lire la prière universelle de ce dimanche

Pour accompagner la prière

Source nouvelle

Paroles : Jean Servel – Musique : Jean Liesse

1. Source nouvelle, vie éternelle,
   Fontaine vive en nos déserts,
   L’Esprit fait naître l’univers.
   Christ est lumière au cœur des pauvres,
   Christ est lumière au cœur du monde. (bis)
2. Source en attente, partout présente,
   Mêlée au souffle créateur,
   L’Esprit se tait pour dire Dieu.
   Christ est silence au cœur des pauvres,
   Christ est silence au cœur du monde. (bis)
3. Source féconde, secret du monde,
   Eveil des terres du semeur,
   L’Esprit respire en toute chair
   Christ est parole au cœur des pauvres,
   Christ est parole au cœur du monde. (bis)
4. Source riante, esprit d’enfance,
   Fraîcheur de grâce dans nos yeux,
   En nous l’Esprit sourit à Dieu.
   Christ est sagesse au cœur des pauvres,
   Christ est sagesse au cœur du monde. (bis)
5. Source éternelle, toujours nouvelle,
   En toi les siècles vont à Dieu,
   L’Esprit nous mène au cœur de Dieu.
   Christ est promesse au cœur des pauvres,
   Christ au cœur du monde. (bis)