Dimanche 15 septembre 2024

Vingt-quatrième dimanche du temps ordinaire (B)

Lectures

  • Isaïe 50, 5-9a : J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient.
  • Psaume 114 : Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.
  • Jacques 2, 14-18 : Si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre…
  • Marc 8, 27-35 : Celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera.

Lire les textes de la liturgie

Dépenses luxueuses.

Les yeux s’ouvrent : “Tu es le Christ”
Bernadette Lopez, Évangile et Peinture

Homélie

Frères et sœurs, parmi les nombreuses actions que nous accomplissons au long de nos journées, il en est une qui nous est bien familière et à laquelle nous ne pouvons pas échapper : c’est l’acte de dépenser.

Mais ne nous méprenons pas. Nous ne parlerons pas ici de dépenses financières. Il va s’agir d’autres dépenses : de celles que nous faisons de nos propres forces. Ce sont des dépenses fondamentales : sans elles, la vie humaine serait impossible.

En effet, vivre, c’est dépenser sa vie. Pour que les autres vivent. Et si nous vivons, nous, c’est parce que d’autres dépensent leur vie pour nous.

Vivre, ce n’est pas seulement être vivant. Il faut encore que la vie soit entretenue. Dès notre naissance, nous avons besoin d’être entourés de soins. Abandonnés à nous-mêmes, nous ne pourrions vivre longtemps. Il nous faut, notamment, être nourris. Par les fruits de la terre, sans nul doute, mais aussi par le travail des hommes avec sa part de peine, de sueur et de sang.

Nous sommes tous tenus en vie par l’immense dépense de travail de l’humanité. Nous en bénéficions et nous y contribuons. Pas toujours très justement. Certains humains n’hésitent pas à en exploiter d’autres tandis que, au contraire, certains autres se dévouent sans compter.

Quoi qu’il en soit, vivre, c’est dépenser sa vie. Nous la dépensons jusqu’à l’épuiser, c’est-à-dire jusqu’à la perdre dans la mort. Comme le dit le texte de saint Marc : toute personne au monde qui voudrait sauver sa vie, même en se préservant de toute dépense, la perdra. Et de même, personne au monde qui dépenserait sa vie jusqu’à l’extrême, ne serait dispensé de mourir.

Personne, même pas Celui dont nous parle saint Marc. Même pas Lui.

A Pierre qui voudrait que Jésus soit un Messie invincible, capable de résister à toutes les puissances terrestres, Jésus lui-même répond que « le Fils de l’homme doit beaucoup souffrir, être rejeté, livré aux mains des hommes et être tué ».  Sa vie doit être dépensée sans réserve jusqu’à la mort. Sans que rien ne lui soit épargné. N’échappant en rien à ce qui fait la condition humaine. Et personne au monde qui participe à la condition humaine ne retrouvera jamais sa vie perdue.

Personne au monde sauf Lui. Il nous le dit lui-même : « Le Fils de l’homme doit, après trois jours, se relever ». La dernière dépense de Jésus a été sur la croix et sur la croix, elle a donné les fruits d’une vie rendue. A son Fils qui a dépensé sa vie, le Père a fait le don de la lui rendre. A dépense luxueuse, don luxueusement rendu. Tellement luxueusement qu’elle s’étend à l’humanité entière. Sans limites. Jusqu’à nous.

Nous comprenons alors cette phrase de saint Marc : « Qui perd sa vie, la sauve ». A cause de Lui.

Nous pensions que personne au monde ne retrouve sa vie dépensée en pure perte. Nous savons maintenant que grâce à Lui, chacune et chacun sauvera sa vie.

Mais saint Marc nous mène plus loin encore. Pour le comprendre, reprenons le texte.

D’abord, il nous est dit que Jésus appelle avec insistance à l’accompagner. Ce verbe vient deux fois sur les lèvres de Jésus : « Si quelqu’un veut m’accompagner qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il m’accompagne ».

Accompagner signifie, littéralement, « marcher côte à côte sur le chemin ».

Ce chemin dont il est question représente le parcours de la vie. Jésus nous appelle à accomplir ce parcours en joignant notre vie à la sienne. D’une certaine façon, c’est une invitation à nous nourrir de ce que fut sa vie à lui. C’est une forme d’incorporation. A l’écoute de sa parole et par la communion à son corps livré pour nous. Le texte de saint Marc revêt ici une dimension eucharistique.

Ensuite, il y a le renoncement à soi-même. Comment comprendre cette expression si ce n’est comme un appel à refuser tout repli sur nous-mêmes pour, au contraire, nous dépenser pour les autres.

Enfin, il y a la croix. Il y a la sienne. Il y a la nôtre. Des croix qui se rejoignent l’une et l’autre et qui, l’une avec l’autre, se font salvatrices.

Mesurons l’enjeu de ce qui nous est ici enseigné.

Saint Marc nous fait comprendre que non seulement, grâce à Jésus, nous sauvons notre vie mais aussi qu’avec Lui, avec sa vie jointe à la nôtre, nous participons à son œuvre de salut.

Ce récit nous apprend que chaque fois que nous dépensons pour les autres si peu que ce soit de notre temps ou de notre sang, de notre labeur ou de notre sueur, Lui, il y joint la dépense de son corps livré et de son sang versé.

Il donne à nos pauvres dépenses humaines une valeur divine.

Et alors nos vies deviennent, à leur tour, dépenses luxueuses.

Père Jean-Paul Laurent sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Un homme au cœur de feu

Texte : Didier Rimaud/CNPL – Musique : Jacques Berthier – Ed. Musicales Studio SM

  1. Un homme au cœur de feu
    Qui est venu du Père et qui retourne à lui,
    Jésus, le Premier Né,
    Un homme au cœur de feu,
    Nous invite à le suivre en son retournement,
    Jusqu’à renaître au jour irradiant de Pâque.
    Jésus, le Premier Né, nous invite à le suivre,

R./ Pour la gloire de Dieu
et sa haute louange
Pour la gloire de Dieu
et le salut du monde !

  1. Un homme sous l’Esprit,
    A l’œuvre au sein du monde en mal d’enfantement,
    Jésus, Maître et Seigneur,
    Un homme sous l’Esprit,
    Nous invite à le suivre au rang des serviteurs,
    A servir aux chantiers où il poursuit sa Pâque.
    Jésus, Maître et Seigneur, nous invite à le suivre, R/
  2. Un homme épris de Dieu,
    Le Fils obéissant jusqu’à mourir en croix,
    Jésus le Bien-Aimé,
    Un homme épris de Dieu,
    Nous invite à le suivre en son abaissement,
    A marcher au chemin orienté vers Pâque.
    Jésus, le Bien-Aimé, nous invite à le suivre, R/
  3. Un homme au cœur de chair
    Qui veut réconcilier la terre avec le ciel,
    Jésus, Verbe de Vie,
    Un homme au cœur de chair,
    Nous invite au bonheur que donne son amour :
    La joie qui vient de lui vient témoigner de Pâque !
    Jésus, Verbe de Vie, nous invite au bonheur. R/