Dimanche 9 mai 2021
Septième dimanche de Pâques
La prière de Jésus pour ses disciples

L’homélie

Frères et sœurs,

Est-ce que je mène une vie de communion – communion avec Dieu et communion avec les autres ? Est-ce que j’éprouve une vraie joie dans ma vie – une joie intérieure qui dure ? Suis-je protégé de toutes les formes de mal qui m’entourent ? Est-ce que je mène une vie consacrée – une vie qui reflète la grâce divine ?

L’Évangile d’aujourd’hui nous fait entendre la prière de Jésus qui répond à ces questions. Jésus prie pour ceux qu’il envoie dans le monde en mission comme disciples. Cette prière ne se limite pas aux prêtres et religieux. Chacun de nous, par notre foi chrétienne, est appelé à être son disciple en mission – à témoigner donc de son amour. Jésus prie son Père pour que nous obtenions les grâces nécessaires à notre témoignage : la communion fraternelle, la joie, protection contre le mal, et la consécration.

Jésus adresse cette prière à un moment crucial de sa vie. C’est juste avant sa mort et sa résurrection. Au bout de sa vie, il se met à prier son Père. C’est une prière ardente et suppliante. Ce qui est très frappant, c’est que dans la période la plus difficile de sa vie, Jésus ne prie pas pour lui-même mais pour les autres et pour l’avenir de l’Eglise. Un acte d’altruisme extraordinaire. Il pense à nous jusqu’au bout.

Cela me fait penser à un certain Jean dans un centre pour les malades de cancer à la fin de leur vie sous traitement palliatif où j’ai travaillé pendant un mois. Chaque matin, quand j’arrivais au centre, il me demandait sur le bien-être des autres. Et puis, il aidait tant qu’il pouvait ceux qui en ont le plus besoin. Et tout cela, sachant qu’il compte lui-même ses derniers jours. Et cette expérience me marque profondément pour toujours.

N’est-il pas vrai que la qualité première exigée d’un disciple est d’être moins centré sur lui-même et plus centré sur les autres ? Suivant l’exemple de Jésus, redécouvrons la puissance de la prière d’intercession. Prions les uns pour les autres, pour ceux qui nous sont chers, ceux qui nous entourent et surtout ceux qui souffrent – de la crise sanitaire actuelle, de la crise religieuse entre Israël et Palestine, de la crise migratoire, des SDF’s, des chômeurs. Prier pour les autres non seulement nous rend désintéressés, mais crée également des vibrations positives dans nos familles, dans notre quartier et dans notre société.

Revenons au contenu de la prière. Elle comprend quatre grâces que nous allons énumérer. La première grâce : L’unité. Pour qu’ils soient un comme nous sommes un. ‘Nous’ ici signifie le Père et le Fils. Il s’agit donc, avant tout, l’union entre le Père et le Fils – l’unité divine, à laquelle nous devons participer. Notre société d’aujourd’hui est plus que toute autre, malade du virus de l’individualisme, de l’indifférence et des divisions. Et à cause de cela, nous risquons de devenir des contre-témoins. Comment pouvons-nous témoigner de l’amour de Dieu si nous ne pouvons pas aimer les uns les autres ? Cela peut parfois nous paraître trop idéal. Mais, rappelons-nous que même si nous sommes fragiles et faibles, ce n’est que par le don de Dieu que nous pouvons vivre la fraternité et l’unité qui nous dépasse.

Deuxième grâce : La joie. Pour qu’ils aient en eux ma joie dans sa plénitude. Remarquons ici que Jésus ne demande pas la grâce de la joie mais de sa joie. Il s’agit de la joie divine et non pas de la joie éphémère. Quelle est la joie de Jésus au moment où il va mourir ? Cette joie qui trouve sa source en Jésus est née de la communion avec Dieu. Elle est nourrie de l’écoute de sa Parole et des sacrements. Elle est cultivée en se décentrant de soi et en se mettant au service des autres. Elle est plus forte que les souffrances et les épreuves. Rappelons-nous des paroles du pape François : La joie « est le souffle, la manière de s’exprimer du chrétien ». Elle n’est pas le fruit de nos efforts mais elle est un fruit de l’Esprit Saint. Nous ne pouvons pas la donner sans le recevoir. Jésus demande la grâce de la joie pour que non seulement nous la recevions mais aussi que nous la répandions autour de nous.

Troisième grâce : La protection contre le mal. Je ne te demande pas de les ôter du monde, mais de les garder du mauvais. Pour les disciples, le danger immédiat était la persécution à laquelle ils seraient confrontés de la part des juifs. Jésus prie pour la protection non seulement contre les dangers physiques, mais contre toutes les formes de mal. Jour après jour, nous sommes confrontés à de nombreuses tentations que nous avons du mal à surmonter. Rappelons-nous dans cette demande de Jésus à son Père que nous ne sommes jamais abandonnés et que Dieu nous accompagne dans nos épreuves.

Quatrième grâce que Jésus demande pour nous : La consécration. Consacre-les par la vérité : ta Parole est vérité. Le sens étymologique du mot consécration est d’être mis à part. Ici, Jésus n’a pas l’intention d’éloigner ses disciples de ce monde. Au contraire, Il souhaite qu’ils s’engagent pleinement dans le monde. Être consacré, c’est participé à la sainteté de Dieu. Il s’agit d’une vie remplie de grâce et qui reflète la grâce divine. Loin d’être trop idéal, la consécration se manifeste dans notre vie quotidienne. Que ce soit dans nos familles, les lieux de notre travail ou les moments de nos rencontres, nous manifestons notre vie consacrée en vivant à la manière de Dieu. La consécration, c’est l’œuvre de Dieu.

Chers frères et sœurs, laissons-nous porter par cette belle prière de Jésus. Accueillons en nous les grâces que Jésus demande de son Père pour nous. Fortifiés par ces grâces, soyons ses disciples qui font briller sa joie et son amour. AMEN.

Thomas Madanu Lourdu s.j
Communauté Notre Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner la prière:
Que soit parfaite notre unité

Paroles : Didier Rimaud – Musique : Jacques Berthier

R. Que soit parfaite notre unité, que soit parfaite notre joie !
Ainsi le monde connaîtra les œuvres de Dieu. (Bis)

Comme le Père m’a envoyé, à mon tour, je vous envoie.
Je vous envoie dans le monde comme des brebis au milieu des loups.

Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et comme je vis par le Père,
Celui qui me mangera vivra, lui aussi, par moi !

Le serviteur est comme le Maître, l’envoyé comme celui qui envoie :
On m’a persécuté, vous serez persécutés ; On a méprisé ma parole, on méprisera la vôtre.

L’Esprit que le Père enverra en mon nom vous enseignera toutes choses ;
Il vous fera vous souvenir de tout ce que je vous ai dit.