Dimanche 17 décembre 2023

Troisième dimanche de l’Avent (B)

Lectures

  • Isaïe 61, 1-2a.10-11 : L’Esprit du Seigneur est sur moi.
  • Cantique (Luc 1) : Mon âme exulte en mon Dieu.
  • 1ère Lettre de Paul aux Thessaloniciens : Soyez toujours dans la joie.
  • Jean 1, 6-8.19-28 : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert.

Lire les textes de la liturgie

Je suis la voix de celui qui crie dans le désert.

 

Image de Mireille d’Acremont
(Éditions Jésuites)

 

Homélie

Frères et soeurs

« Qui es-tu ? » demandent les envoyés des pharisiens à Jean-Baptiste. « Qui es-tu ? » Question plutôt directe qui indique une perplexité : d’où vient cet écart entre ce que les gens savent de l’origine de Jean-Baptiste, fils de Zacharie, prêtre, et d’Élisabeth, d’un milieu lettré, religieux, privilégié, et son comportement, se nourrir d’herbes et de miel sauvage, vivre au désert et baptiser dans le Jourdain ? Il y a là un décalage d’où surgit cette question : « Qui es-tu ? ». Un peu comme lorsque Jésus revient dans son village natal et que ceux qui croyaient le connaître depuis tout petit se sentent interpelés : « N’est-ce pas le fils du charpentier ? Marie n’est-elle pas sa mère ? Ses frères et ses sœurs ne sont-ils pas parmi nous ? D’où lui vient cette sagesse ? » (Mt 13, 55) Il y a un décalage entre la façon attendue, normale, habituelle, socialement respectable et acceptable de se comporter, et les paroles et les actes concrets qui se manifestent. D’où jaillit la question : « Mais qui est-il ? », « D’où lui vient tout cela ? », « Y a-t-il quelque chose de différent, une autre manière d’être et de vivre à découvrir ? »

C’est en effet ainsi que se comportent et agissent les prophètes, les apôtres, et tous les témoins du Christ et de l’Évangile : par une parole, une manière d’être, une façon de vivre, qui contraste, pose question et interroge. Et qui témoigne d’un appel, d’une espérance, d’une présence, ignorée jusque là mais qui soudain donne envie, met en route et transforme la vie.

Voilà qui devrait nous interroger. Avons-nous déjà, nous-mêmes, été pour d’autres l’occasion de se demander : « Qui est-il celui-là ? D’où lui vient cette manière d’être qui m’étonne et me donne envie d’en savoir plus ? Qu’est-ce qui le fait vivre ? Qu’est-ce qui l’anime pour qu’il se comporte comme ça ? » Avons-nous déjà été signes et témoins pour d’autres ?

Que ce soit Jean-Baptiste dans l’Évangile, ou Isaïe dans la première lecture, ils sont tous les deux animés par une conviction, une force intérieure et une foi telles que toute leur vie déborde, appelle et devient témoignage. Jean baptise, annonce le pardon des péchés, appelle à préparer les chemins du Seigneur, annonce la venue imminente du Messie. Isaïe proclame la libération, le retour des exilés, la délivrance des captifs retenus en terre étrangère. Il annonce la bonne nouvelle, la bénédiction du Seigneur, la venue du Salut, de la justice, de la joie, de la vie en abondance…

Et nous, que proclamons-nous ? De quoi notre vie est-elle le signe ? Quelle espérance annonçons-nous ? De quelle libération, de quelle joie, de quel salut notre vie témoigne-t-elle ? Ne sommes-nous pas les successeurs des prophètes de l’Ancien Testament, de Jean-Baptiste, des disciples et des apôtres du Christ ?

Normalement, notre réaction à ce point devrait ressembler à celle de Jean-Baptiste qui commence par dire : « Je ne suis pas le Christ, je ne suis pas Élie, je ne suis pas le prophète annoncé. » Et en effet, nous ne sommes pas Isaïe, nous ne sommes pas Jésus, Pierre, Paul, Marie-Madeleine ou Marie. Mais alors, qui sommes-nous ? Et comment sommes-nous, à notre manière unique, singulière, les témoins de la même bonne nouvelle et de la même bénédiction pour nos contemporains ?

Vous savez, au début de son itinéraire spirituel, saint Ignace a cru qu’il devait faire comme saint François, comme saint Dominique, et pourquoi pas mieux, comme saint Bruno… Il a cru qu’il devait imiter, « être comme ». Et puis, petit à petit, il a découvert sa vocation propre et il est devenu… saint Ignace. Il en va de même pour nous. Chacun, chacune, nous sommes appelés à être témoins, apôtres, disciples, à notre manière, propre, singulière, en sorte que notre vie toute entière devienne question et invitation pour les autres.

Alors, vous vous demandez peut-être comment faire, comment réaliser cela. Écoutons pour finir ce que dit saint Paul aux Thessaloniciens.

« Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance. » Voilà la base : cultivons avec détermination notre relation à Dieu, vivons enracinés dans sa parole, dans la prière, dans la joie de vivre en sa présence, dans l’action de grâce qui naît de voir toute chose en lui.

« N’éteignez pas l’esprit. Discernez la valeur de toute chose, ce qui est bien, gardez-le et éloignez-vous de toute espèce de mal. » Autrement dit, tracez votre chemin et votre route au présent, dans le milieu et l’environnement qui est le vôtre, sans éteindre l’esprit qui donne de comprendre et de discerner, au fil de la vie, des circonstances et des événements, la valeur des choses, ce qui est bon et à faire, et ce qui est mauvais à repousser ou à éviter.

Sans oublier enfin que tout cela n’est pas le fruit de notre volontarisme ou de la seule force de nos poignets, mais cadeau et don gratuit de la part du Seigneur qui nous accompagne de jour en jour : « Il est fidèle celui qui vous appelle : tout cela il le fera ! »

« Qui es-tu ? » demandent les juifs à Jean-Baptiste, parce que ses paroles et ses actes interrogent et témoignent. Et nous, qui sommes-nous ? N’éteignons pas l’esprit. Ne nous laissons pas voler notre espérance, celle que nous donne Jésus ! Mettons-nous à son écoute et vivons de lui. Il nous donnera de devenir ses témoins. Amen !

Père Paul Malvaux sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Préparez à travers le désert

Paroles et musique : Communauté de l’Emmanuel (C. Boet)

R. Préparez, à travers le désert,
Les chemins du Seigneur.
Écoutez, veillez, ouvrez vos coeurs,
Car Il vient, le Sauveur.

1. Tracez, dans les terres arides,
Une route aplanie pour mon Dieu.
Les ravins seront relevés,
Tous les monts et les collines abaissés.

2. Portez à mon peuple la joie,
Consolez, consolez mes enfants !
Proclamez le salut de Dieu,
Le rachat et le pardon des péchés.

3. Voici, le Seigneur vient à nous,
Et sa gloire en ce monde paraît.
Sa Parole nous est donnée
Pour nos pas elle est lumière à jamais.

4. Élève avec force ta voix !
Le voici, ton berger, ne crains pas !
Il rassemble tous ses enfants,
Les conduit sur les chemins de la Vie.