Dimanche 2 avril 2023

Dimanche des Rameaux (A)

Lectures

  • Matthieu 21, 1-11 : Entrée de Jésus à Jérusalem.
  • Isaïe 50, 4-7 : Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours.
  • Psaume 21 : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
  • Philippiens 2, 6-11 : Le Christ Jésus ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
  • Matthieu 26, 14 à 27, 66 : La Passion de notre Seigneur Jésus Christ.

Lire les textes de la liturgie

Sur la croix, Dieu avec nous !

 

L’entrée de Jésus à Jérusalem
Fresques du monastère de l’Emmanuel à Bethléem (1978/9)

L’église du monastère de Bethléem est située au bord du mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie occupée. Elle a été ornée de fresques par les frères roumains Gabriel et Michel Moroshan, entre la fin de l’année 1978 et Pâques de l’année suivante. Les peintres ont travaillé en priant et en jeûnant, parfois accompagnés du son de la cithare dont jouait l’une des sœurs.

Les images accompagnant les homélies du Carême 2023 à la Chapelle Universitaire sont des reproductions tirées du livre Fresques de Bethléem, contemplation de la Parole, Salvator 2014. Elles accompagneront notre chemin de Pâques avec Jésus, en communion avec ces deux peuples, israéliens et palestiniens, à nouveau en un terrible conflit.

 

L’homélie

Frères et Sœurs,

Nous venons d’entendre le récit de la mort de Jésus. Le peuple de Dieu auquel Jésus appartient, avec ses anciens et ses chefs autour du grand-prêtre Caïphe, se réunissent et le condamnent. La foule réunie pour la Pâques, encouragée par ces chefs, réclame sa mort. Parmi elle, il y a certainement celles et ceux qui l’ont accompagné pour entrer à Jérusalem, quelques jours plus tôt : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! ». Parmi ces gens, Pierre et ses amis les plus proches étaient prêts à mourir avec lui : « Si tous viennent à tomber à cause de toi, moi, je ne tomberai pas. » Le récit de la Passion nous raconte leur défection. Ils vont tous l’abandonner. De leur côté, les païens avec Pilate et les soldats à son service le mettent à mort. Ainsi c’est l’humanité toute entière, croyants et non-croyants réunis, qui se ligue pour assassiner Dieu.

En méditant sur la mort du Christ, regardons cette humanité à laquelle nous appartenons. Partout elle souffre, de la guerre, de la faim, de l’injustice, de la haine, de la violence… Et nous pouvons nous interroger : qui que nous soyons ne sommes-nous pas de cette humanité, chacune, chacun à notre manière ? Jalousie, mépris, abus, colère, trahison… Depuis le premier meurtre, celui d’Abel par son frère Caïn, nous participons au meurtre de toujours !

Les évangélistes ne cessent de répéter que c’est la volonté de Dieu que Jésus subisse ainsi la croix. Dieu veut assumer, intégrer, dépasser, notre mal et notre malheur. Il vient, par son Fils Jésus, se mettre à la place des victimes de l’humain. Cela signifie que tout mal fait à des hommes atteint Dieu lui-même. Et nous pouvons entendre Jésus nous dire : « Chaque fois que vous avez fait cela à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (cf. Mt 25, 40). Jésus accueille et accepte librement sa passion : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » C’est Dieu lui-même qui accepte de mourir sur la croix. On peut parler de la croix en termes de sacrifice, de rançon, de dette à payer, comme les théologiens l’ont fait depuis toujours, mais au-delà de tout cela nous pouvons simplement contempler ce qui se joue : sur la croix Dieu se révèle comme amour, un amour qui va jusqu’au pardon total et universel.

En contemplant le Christ en croix, un mot peut alors résonner dans notre cœur : Emmanuel, Dieu avec nous. Ce mot nous invite à relire tout l’Evangile, de la naissance à la croix, de la crèche au crucifiement, comme le disait le cantique de Noël. Dieu nous rejoint au cœur de notre détresse, jusque dans nos enfers, ces enfers que nous subissons ou que nous fabriquons, bien souvent sans le savoir. Dieu se révèle être « Dieu avec nous » jusqu’au bout, jusqu’à la Résurrection. C’est une autre manière de méditer ce qu’est l’« amour ». Il n’y a pas de désastre dans nos vies dont nous puissions dire : Dieu n’y est pas.

Toutes nos morts, deviennent sa mort. Et la mort n’a plus de pouvoir sur lui, ni sur nous, puisque nous pouvons nous aussi nous appuyer sur elle pour faire resplendir l’amour. En méditant la Passion du Christ, il ne nous est pas tellement demandé de nous attrister, de nous affliger, mais de prendre conscience de l’amour dont nous sommes aimés. La croix est glorieuse et contient déjà le germe de la Résurrection.

Père Henri Aubert sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

D’après Marcel Domergue,
« Ouvrir la Bible », année A, Salvator 2001

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Un chant pour accompagner notre méditation

Fais paraître ton jour

Texte : Didier Rimaud – Musique : Jacques Berthier

Refrain : Fais paraître ton jour et le temps de ta grâce.
Fais paraître ton jour que l’Homme soit sauvé !

  1. Par la Croix du Fils de Dieu,
    Signe levé qui rassemble les nations.
    Par le corps de Jésus-Christ,
    Dans nos prisons, innocent et torturé.
    Sur les terres désolées, terres d’exil,
    Sans printemps, sans amandier. R/
  2. Par la Croix du bien-aimé,
    Fleuve de paix où s’abreuve toute vie.
    Par le corps de Jésus-Christ,
    Hurlant nos peurs dans la nuit des hôpitaux.
    Sur le monde que tu fis pour qu’il soit beau
    Et nous parle de ton nom. R/
  3. Par la croix du Serviteur,
    Porche royal où s’avancent les pécheurs.
    Par le corps de Jésus-Christ, nu, outragé
    Sous le rire des bourreaux.
    Sur les foules sans berger et sans espoir
    Qui ne vont qu’à perdre cœur. R/
  4. Par la croix de l’Homme-Dieu,
    Arbre béni où s’abritent les oiseaux.
    Par le corps de Jésus-Christ,
    Recrucifié dans nos guerres sans pardon.
    Sur les peuples de la nuit et du brouillard
    Que la haine a décimés. R/