Dimanche 2 octobre 2022

27ème dimanche
du temps ordinaire (C)

Textes de la liturgie

  • Ha 1, 2-3 ; 2,2-4 : Le juste vivra par sa fidélité.
  • Ps 94 : Aujourd’hui ne fermez pas votre cœur.
  • 2 Tim 1, 6-8, 13-14 : N’aie pas honte de rendre témoignage à Notre Seigneur.
  • Luc 17, 5-10 : Si vous aviez de la foi…

Lire les textes de la liturgie

Si vous aviez de la foi,
gros comme une graine de moutarde !

 

 

L’homélie

Frères et sœurs,

Il n’est pas facile d’être chrétien de nos jours. On aurait parfois envie de crier au-secours comme Habacuc le fait dans la première lecture ; on pourrait se laisser submerger par le découragement. Nos contemporains ne nous applaudissent pas spontanément quand ils nous reconnaissent comme croyants, ils ne s’écrient guère : « Que c’est cool ! » Découragés on pourrait se demander : « Cela vaut-il la peine ? Et demain, ne sera-ce pas encore plus difficile encore ? »

Aussi l’extrait de l’épitre de Saint Paul entendu aujourd’hui nous fait du bien. Une bonne partie des lettres de Paul sont des encouragements à persévérer, à espérer dans l’adversité. Ces insistances soulignent que ce n’était pas plus simple d’être chrétien dans le premier siècle de notre ère qu’au 21ème siècle. Alors profitons de ces encouragements :

« Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération. (…) Avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Evangile. (…) Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous ».

Chacun pourrait relire le passage de ce dimanche, choisir un demi-verset de cet extrait d’épitre, l’écrire sur un bout de papier, le placer dans son portefeuille et le relire chaque matin de cette semaine !

Voici l’extrait que je choisis pour ma part : « Ce n’est pas un esprit de peur ». Humainement – avec les lunettes des médias – nous pouvons nous dire : « Quelle triste Eglise ! Elle peut apparaître si fragile, et demain elle le sera encore davantage ». Mais avoir la foi – avoir confiance en Dieu, miser sur Dieu, parier sur Dieu – c’est oser penser qu’il n’y a pas que la mesure humaine ‑ ce que l’on perçoit avec des yeux humains, ce qui est prédit par des médias humains.

Le conseil final de l’Evangile d’aujourd’hui, quel est-il ? Vous en souvenez-vous ? L’avez-vous déjà oublié, ou bien avez-vous pensé qu’il ne vous était pas adressé personnellement ? (…) Le voici, ce conseil final : « Nous sommes de simples serviteurs, nous n’avons fait que notre devoir ! »

Nos craintes – « l’Esprit de peur » – viennent de ce que nous pensons trop souvent que tout dépend de nous : nous pensons être les maîtres, les organisateurs, les concepteurs… plutôt que de simples serviteurs. Aujourd’hui Jésus nous dit : « Fais ce que tu as à faire ; pour ce qui est de la fécondité, pour ce qui est du plan ou de la cohérence d’ensemble, ce n’est pas de ta responsabilité. Cela est de la responsabilité de mon Père ! ». Foi, confiance, pari sur Dieu, cela n’est pas théorique…

La foi est un décentrement continu de moi-même ! Me centrer sur mon nombril, c’est me condamner à l’échec ou au découragement ; à l’échec à cause du découragement ; au découragement à cause de l’échec.

J’aime me rappeler qu’il y a dans la vie chrétienne une saine division du travail : un service qui est de ma responsabilité, de notre responsabilité ; une cohérence et une fécondité qui dépendent de Dieu. Moi je suis simple serviteur.

Je sais que certains n’aiment pas l’expression (d’autant que l’ancienne traduction parlait de « serviteur quelconque »). Il faut effectivement se méfier de toute expression, même si elle vient de l’Evangile ; l’absolutiser – et la sortir de tout contexte – risque de trahir ce que Jésus veut dire au travers de l’expression. Toutefois si nous ne parvenons nullement à nous réconcilier avec l’expression, c’est probablement la trace du péché originel en nous : « Non je ne peux supporter de n’être que créature ! J’aimerais tant être créateur, et décider par moi-même de ce qui est bon et de ce qui est mal ! Je ne peux donc me résoudre à n’être que serviteur… et encore moins … simple serviteur ou serviteur quelconque ! »

A l’inverse je peux m’exercer à habiter l’expression : « Je suis un simple serviteur » ! Et avec un peu de chance, avec un peu de grâce, … je pourrai faire l’expérience d’une vraie libération : « Je ne suis que serviteur ! que cela ! Cela me libère, me déculpabilise, me fait reconnaître tant la place et l’action de Dieu, que celle des autres ! »

Je ne suis qu’un simple serviteur, mais il est bon de souligner que je suis « tout cela » également ! c’est-à-dire un serviteur qui a reçu une mission, qui a un service à accomplir et qui ne se débine pas ! Pas celui qui dit : « Ah je pensais que ce n’était pas important, je pensais que quelqu’un d’autre le ferait si je ne le faisais pas ». « Tout cela » signifie : ce qui m’avait été commandé, je l’ai accompli ! tout ce qui m’était commandé je l’ai accompli, sans me débiner et sans le négliger.

Je résume : regarder notre vie sans foi, c’est risquer le découragement : l’Eglise si fragile ; nous si peu nombreux et si peu fiers ! On peut aussi redécouvrir ce qu’est la foi : un pari sur Dieu qui nous fait nous décentrer de nous-mêmes. Se décentrer de soi au point de pouvoir dire « je suis un simple serviteur, ni plus ni moins », ce n’est pas facile, ce n’est pas courant, c’est le travail de toute une vie !

Père Thierry Dobbelstein sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

N’ayons pas peur de vivre au monde

Paroles : Jean Servel – Musique : Jo Akepsimas

  1. N’ayons pas peur de vivre au monde,
    Dieu nous a devancés.
    N’ayons pas peur de vivre au monde
    Où Dieu même s’est risqué.
  2. N’arrêtons pas la sève ardente,
    Dieu nous a devancés.
    N’arrêtons pas la sève ardente
    Qui tourmente l’univers.
  3. Chantons des chants gorgés de vie,
    Dieu nous a devancés.
    Chantons des chants gorgés de vie
    En dansant au pas de Dieu.
  4. Les pas de Dieu mènent au pauvre,
    Dieu nous a devancés.
    Les pas de Dieu mènent au pauvre,
    L’opprimé c’est Dieu caché.
  5. N’attendons pas que la nuit tombe,
    Dieu nous a devancés.
    N’attendons pas que la nuit tombe
    Sur le cri des mal-aimés.
  6. Pour tout gagner, s’il faut se perdre,
    Dieu nous a devancés.
    Pour tout gagner, s’il faut se perdre,
    Risquons tout dans un grand feu.