Homélie

Frères et sœurs,

La célébration de ce jour est spéciale. En effet, nous célébrons aujourd’hui le 34^è dimanche qui marque la fin de l’année liturgique C. C’est l’occasion pour nous, de nous réjouir avec l’Église notre mère pour fêter le Christ Roi de l’Univers.

Jésus Roi des rois est célébré alors qu’il se trouve condamné au milieu de deux pécheurs. Le Trône de Jésus est ainsi fixé sur cette terre des hommes qu’il est venu sauver. Car il est : le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout, la primauté. Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel (Colossiens 1, 18-20).

Célébrer le Christ Roi de l’Univers, nous permet de comprendre que le nom de Roi n’a pas la même résonnance selon l’endroit ou les milieux où il est employé. En effet, utiliser ce terme déclenche diverses représentations connotées pour les uns positivement, mais suscitant pour d’autres un attrait, de la curiosité au point de leur inspirer du rejet. La personne du Christ est renvoyée à des positions clivées et cela, encore aujourd’hui. Dire que le Christ est Roi de l’Univers, alors que parler de « roi » ou de « royauté » renvoie à des mots tels que : richesse, couronne, trône, cour, pouvoir, serviteurs, faste, grandeur, armée et bien d’autres encore, peut pour certains paraître bien curieux. Mais Jésus lui-même tient à prendre de la distance d’avec les rois de ce monde qui sont des grands. A Pilate, Jésus affirme que son royaume n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, « dit-il » j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici (Jean 18, 36). D’où vient donc la royauté du Christ et en quoi se distingue-t-elle de sa représentation courante ?

La seconde lecture de ce jour nous en fournit une réponse. Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, Dieu le Père nous a placés dans le Royaume de son fils bien-aimé : en lui nous avons la rédemption, le pardon de nos péchés. Et saint Paul peut poursuivre en nous manifestant la qualité du Fils qui est l’image parfaite du Dieu invisible par lequel et en lequel tout fut créé. Car en effet, Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout par le Christ lui soit enfin réconcilié. La Royauté du Christ, il la tient du Père et elle est une Royauté de service. Elle est au service de tous pour nous assurer le salut total et plénier, lui en qui habite toute plénitude. C’est bien pour cela qu’il affirme en Matthieu 20, 28 que : Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. Un Roi serviteur qui n’a pas d’endroit où poser la tête (Matthieu 8, 20), un Roi qui appelle ceux qui le suivent ses amis et non ses serviteurs, un Roi qui n’a pas de trône parce qu’il désire trôner en nos cœurs et y régner. Un Roi qui n’a pas de couronne en or et des diamants parce qu’il porte la douleur des pauvres et des faibles au point d’en être couronné d’épines. Un Roi qui, à la force de la violence, oppose la force de l’Amour, celle qui va jusqu’au sacrifice ultime de ce qu’il a de plus cher, la vie.

Le Christ Roi de l’Univers veut régner, mais pas à la manière de ce monde. Par son amour infini, il désire conquérir nos univers singuliers, nos cœurs, pour qu’à jamais s’inaugure pour tous et pour chacun un monde nouveau. Celui où l’amour sera tout et où l’envie de dominer qui mine nos rapports se transformera en envie et en besoin d’aimer. Le Christ veut régner dans l’univers de notre vie intérieure pour que la Foi nous porte à contaminer le monde d’une paix profonde afin de le pacifier. Le Christ veut régner dans l’univers de nos cœurs pour que nous soyons des princes et des princesses au service d’une fraternité qui ne discrimine personne et nous fait tous chanter en chœur que Dieu est Père. Le Christ veut régner dans l’univers de nos cœurs pour mener avec nous et en nous les combats les plus âpres de nos vies, car c’est dans le cœur des Hommes que naissent l’égoïsme, la méchanceté, la haine, le mensonge et la violence qui finalement accouchent de la guerre.

Frères et sœurs, le Christ veut régner dans l’univers de nos cœurs pour que la mesure de nos jours ne se juge pas à l’aune de nos possessions et réalisations éphémères, mais à celle de la fidélité au Dieu d’Amour. C’est ainsi que nous guérirons de nos illusions de bonheur, celles qui nous poussent à considérer les hommes un peu plus comme un moyen et non comme une fin, à nous servir d’eux par amour des choses. Mais en réalité, si le Christ n’a pas d’armée, c’est bien parce qu’il ne veut obliger personnes. Nous avons donc à choisir librement de l’aimer ou de le rejeter, de le moquer comme les chefs religieux et le malfaiteur de cette page de l’évangile ou de le prier comme le second larron afin d’obtenir miséricorde et de nous entendre dire au soir de notre vie : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis (Luc 23, 43).

Bonne fête du Christ Roi de l’Univers et bonne fin d’année liturgique à tous et à toutes.

Père Philippe Amanfo sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur

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La prière universelle de ce dimanche

Le célébrant : En ce tout dernier dimanche de l’année liturgique, confions au Christ Roi de l’univers les grandes intentions du monde et de l’Eglise.

Refrain : Toi qui nous aimes, écoute-nous, Seigneur.

1. Christ, Roi de l’univers, nous te prions pour l’Église, chargée d’annoncer l’Évangile et la Miséricorde de Dieu à tous les peuples.
   Que sans cesse, renouvelée par l’Esprit Saint, elle soit le signe vivifiant du Royaume et le fasse advenir en plénitude conformément à sa mission. Prions le Seigneur.
2. Christ, Roi de l’univers,
   nous te prions pour les chefs d’État et de gouvernement
   afin qu’ils ne se laissent pas griser par le pouvoir et se mettent
   au service du bien commun et des peuples qui leur sont confiés en vue d’établir une paix durable respectueuse des droits de tous.
   Prions le Seigneur.
3. Christ, Roi de l’univers, nous te prions pour nos frères et sœurs malades, bafoués, oubliés et méprisés,
   qu’ils rencontrent au milieu de leurs difficultés un regard, une parole, un geste qui les réconfortent et les rétablissent dans leur dignité.
   Prions le Seigneur.
4. Christ, Roi de l’univers, nous te prions pour notre communauté dont tu connais la diversité́ et les richesses.
   Donne-lui de grandir dans ton amour ; qu’elle témoigne au quotidien de la Vérité́ de l’Évangile.
   Prions le Seigneur.

Le célébrant : Seigneur Jésus, sur la croix tu partages l’immensité de notre misère, et celle du malfaiteur qui meurt avec toi, donne-nous de comprendre le mystère de notre rédemption et accueille-nous dans le paradis où tu nous prépares une place.
Toi qui es vivant pour les siècles des siècles. Amen.

D’après la Prière Universelle du doyenné des Coteaux de Loire

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