Homélie

Frères et sœurs,

Au temps de Jésus, les juifs religieux devaient observer 613 commandements. Il y en avait 248 qui disaient ce qu’il fallait faire et 365 qui disaient ce qu’il fallait ne pas faire.

S’il s’agissait de croire que, pour être sauvé, il suffisait d’appliquer minutieusement chacune de ces règles, on comprend l’inquiétude de l’interlocuteur de Jésus : « Peu, les sauvés ? ».

Jésus répond mais par un double détour. D’abord par une unique et mystérieuse injonction : « Luttez pour traverser la porte étroite » et ensuite, par une brève parabole où il est question d’une autre porte, fermée, celle-là.

Commençons par la parabole. Elle raconte un évènement tumultueux. Des gens sont là à frapper et à argumenter pour se faire ouvrir une porte. Ils veulent faire tout ce qu’il faut faire pour entrer. Ils invoquent des passe-droits. Ils exigent d’être reçus en vertu de leurs titres et qualités : « Nous avons mangé et bu avec toi et nous nous sommes rencontrés sur les places ». Ils mettent en avant tous leurs mérites accumulés, le nombre de préceptes observés ou les indulgences additionnées

Mais Jésus le dit : tous ceux-là n’auront pas la force d’obtenir que s’ouvre la porte.  L’entrée n’a rien à voir avec les efforts déployés.

La réponse du maitre de maison de la parabole ne varie jamais : « Eloignez-vous, je ne vous connais pas ».  Et ceux qui disent : « Laisse-nous entrer nous, les bons avant eux les mauvais », ils s’entendront dire : « Loin de moi, ouvriers d’injustice ».

Ce récit est la description d’une scène d’impuissance. C’est l’impuissance à entrer par ses propres forces dans le Royaume de Dieu, là où se trouvent « Abraham, Isaac et Jacob ». Il est dit ici qu’on n’est pas l’auteur de son salut. On ne l’achète pas. On ne se sauve pas soi-même.

« Peu, les sauvés ? »  Par ses propres forces, aucun, répond Jésus.

Nous comprenons déjà que nous devons abandonner l’idée de « gagner notre ciel ». Non, nous est-il dit. Ni à la force des poignets, ni même à force de sainteté de vie. Ni à la force de ses bonnes actions ni même à la force de la perfection. Le salut est un don. Dieu l’offre « pour rien ». En échange de rien. Gratuitement, c’est-à-dire par grâce. Ecoutons la conclusion de la parabole : « Ils viendront de l’orient et de l’occident, du septentrion et du midi, pour s’installer à la table du Royaume de Dieu ». Le Royaume n’a pas de porte. Il n’est que largeur. Il est ouverture de l’espace et du temps. « Peu, les sauvés ? ». Tous, nous dit Jésus. Les premiers comme les derniers. Tous.

Venons-en à cette consigne donnée par Jésus : « Traversez la porte étroite ». Observons d’abord que la parabole avait pour but d’expliquer le pourquoi de cet impératif : « Traversez la porte étroite parce que revendiquer son salut devant une porte fermée n’est que peine perdue ».

En même temps nous comprenons que nous devons traverser la porte étroite parce que nous sommes sauvés. Nous avons fait un pas. Nous avons saisi que le fait de nous reconnaitre sauvés entraine un comportement accordé à cet état.

Mais l’énigme demeure : en quoi consiste ce comportement ? Que signifie « traverser la porte étroite » ? La réponse est peut-être là, tout près, dans la première phrase écrite par Luc à côté de la phrase prononcée par Jésus. Voyons comme elles se ressemblent.

            « Jésus traversait villes et villages en avançant vers Jérusalem ».

            « Traversez la porte étroite en avançant vers … »

La destination nous est donnée par le contexte : en avançant vers le “salut”.

Dans les deux phrases du texte grec, mêmes verbes, mêmes prépositions, « vers » et « à travers » et, surtout, même insistance, par la conjugaison, sur la durée des actions.

Dans la première phrase, saint Luc résume toute la vie publique de Jésus. Elle fut tout entière une montée vers Jérusalem où nous fut donné le salut.  Elle fut tout entière une traversée des villes et des villages pour guérir, relever et libérer. Une lutte pour la vie et contre la mort.

Mais la vie terrestre de Jésus fut bien petite en un point minuscule de l’espace et du temps. Le sauveur du monde a fait l’expérience de l’étroitesse de vie de ceux qu’il a sauvés.

Est-il étrange que les sauvés que nous sommes, nous ayons à marcher vers le royaume en nous conformant à la vie de Jésus ?

Est-il étrange que nous traversions l’étroitesse de notre petite vie en nous comportant en sauveurs traversant villes et villages pour guérir, relever et libérer ?

C’est ici et maintenant que nous avons besoin de force. De toutes nos forces. Pas pour être sauvés mais parce que nous sommes sauvés.

Père Jean-Paul Laurent sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur

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La prière universelle de ce dimanche

Le célébrant :
Après avoir entendu, commenté et médité la Parole de Dieu, nous nous tournons vers le Père pour lui confier les prières qu’elle nous inspire pour la société, l’Église et notre communauté chrétienne.

Refrain : Seigneur, entends la prière qui monte de nos cœurs.

1. Nous te prions, Seigneur, pour les nations de ce monde qui souffrent de la faim et de la guerre, du fait de la violence de leurs ennemis…
   Donne à leurs gouvernants de trouver les mots et les actions
   qui peu à peu redonneront à l’humanité la paix et la justice.
   Seigneur, nous te prions.
2. Nous te prions, Seigneur, pour les enfants, les jeunes et les étudiants qui reprennent dans les jours qui viennent le chemin des études.
   Donne-leur le goût des choses à apprendre,
   pour la construction de leur personnalité et de l’humanité ;
   donne-leur la joie de travailler.
   Seigneur, nous te prions.
3. Nous te prions, Seigneur, pour toutes les personnes qui se retrouvent seules, sans soutien, celles qui sont hospitalisées, mais aussi toutes celles qui souffrent physiquement ou moralement. Donne-nous de savoir nous faire proches d’elles pour être les témoins de cet amour fort dont tu veux les entourer.
   Seigneur, nous te prions.
4. Nous te prions, Seigneur, pour notre communauté chrétienne ici rassemblée.
   Donne-nous la force de marcher vers le royaume en nous conformant à la vie de ton Fils Jésus.
   Donne-nous de traverser avec Lui la porte étroite du Royaume.
   Seigneur, nous te prions.

Le célébrant : Seigneur, écoute avec bonté les prières de ton peuple.
Accorde à tous ce qu’ils te demandent, et à chacun ce qu’il lui faut.
Par le Christ, notre Seigneur. Amen.

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