Dimanche 24 avril 2022

Deuxième dimanche de Pâques (C)

De la peur à la paix, à la joie et à l’envoi

Jean 20, 19-31

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Actes des Apôtres 5, 12-16 : Beaucoup de signes et de prodiges.
  • Psaume 117 : Rendez grâce au Seigneur, il est bon !
  • Apocalypse de saint Jean 1, 9-19: Je suis le Premier et le Dernier, le Vivant.
  • Jean 20, 19-31 : L’apparition aux disciples.

Duccio di Buoninsegna. Apparition aux Apôtres attablés.
1308-1311. Sienne, musée du Dôme.

L’homélie

Frères et sœurs,

Dimanche dernier, le jour de Pâques, nous avons entendu la Bonne Nouvelle de la résurrection de Jésus.  Ce Jésus qui a passé sa vie à faire le bien, qui a aimé jusqu’à l’extrême au nom de Dieu qu’il appelait son Père, a été crucifié injustement. Mais Dieu lui a rendu justice et témoignage en le ressuscitant. Christ est ressuscité. Il est le Sauveur. Croyez à la Bonne Nouvelle.

La liturgie d’aujourd’hui nous fait faire un pas supplémentaire. Elle porte notre regard sur les effets de la résurrection du Christ en nous. A quelle vie sommes-nous entraînés par le message de la résurrection ? Qu’est-ce que l’annonce de la résurrection produit en nous si nous y faisons foi ?

Examinons le récit évangélique de ce jour. Il commence par l’évocation de la peur dans laquelle les disciples sont enfermés. Ils sont rassemblés, portes verrouillées, dit le texte, par peur des juifs. Et voici qu’un événement se produit : Jésus se tient au milieu d’eux. Par deux fois, il leur dit : « La paix soit avec vous ». Et les disciples, le voyant, furent remplis de joie. La paix leur est donnée et, puis, immédiatement, la joie.

La paix d’abord.  C’est le tout premier fruit de la résurrection en nous. La paix est le signe et l’effet de la présence de Jésus ressuscité. Le mot « paix » désigne une relation dénuée de toute violence, empreinte de reconnaissance mutuelle. Le mot « paix » est le même que « pacte » : un pacte d’alliance. La paix, elle consiste, en effet, à s’engager dans une relation d’alliance, de confiance, de don mutuel.

Cette paix que Jésus donne est riche de contenu. On peut la détailler. Elle est la paix avec Dieu, la paix entre nous et la paix avec soi-même.

La paix avec Dieu, tout d’abord. Elle consiste dans l’assurance que rien, ni mort, ni vie, ni puissance, ni domination, ni même notre péché, ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu (Rm 8, 38-39). La paix avec Dieu, en d’autres termes, elle réside dans la certitude que, quelle que soit notre histoire, qui que nous soyons, bons ou mauvais, de la première ou de la dernière heure, nous sommes accueillis par Lui, aimés, sans condition, sans devoir mériter son amour, sans devoir payer. Cette paix avec Dieu nous établit dans une relation avec lui sans peur. « L’amour bannit la crainte », dit saint Jean (1 Jn 4,18). Ou encore dit St Paul : « Nous n’avons pas reçu un Esprit qui nous ramène à la peur, mais un Esprit qui nous fait crier : Abba, Père. » (Rm 8,15)

La paix du Christ, c’est aussi la paix entre nous. Elle est fraternité, elle est accueil de l’autre reconnu comme un frère ou une sœur. Elle est alliance d’amitié, sans frontières, qui engage à sortir de la violence,
à mettre fin à toutes les luttes fratricides qui ont jalonné l’histoire humaine depuis Caïn et Abel.

La paix, enfin, elle est aussi avec nous-mêmes, en nous-mêmes. La paix avec nous-mêmes que le ressuscité donne, consiste à se voir soi-même sous le regard de Dieu, un regard de tendresse, un regard qui sans cesse nous relève à nos propres yeux et détrône les images négatives que nous pouvons entretenir sur nous-mêmes. La paix du Christ, elle est réconciliation de chacun et chacune avec sa propre histoire sous le regard de Dieu.

Et immédiatement, avec la paix, vient la joie. « Les disciples furent remplis de joie », lisons-nous dans l’évangile de ce jour. La Bonne nouvelle de la résurrection, en effet, met en joie. « Evangelii Gaudium » : la joie de l’Evangile, c’est le titre de l’exhortation apostolique du pape François sur l’évangélisation. Le christianisme, en effet, est fondamentalement un hymne à la joie. Il invite à l’allégresse, il invite au festin, aux chants de fête, aux pas de danse.

Voilà donc l’effet en nous de la résurrection ; elle nous fait passer de la peur à la paix et de la paix à la joie. Mais, après la paix et la joie, vient encore s’ajouter un troisième moment : l’envoi. Nous l’avons entendu, le Christ ressuscité envoie ses disciples en mission : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Et il donne de son Esprit pour accomplir cette mission.

La mission, elle est précisément de communiquer ce que nous avons reçu : la paix et la joie. Rappelons-nous, déjà avant les événements de la Pâque, durant sa vie publique, Jésus envoyait ses disciples en mission. Il leur disait : « Quand vous entrez dans une maison, dites “Paix à cette maison”. Et s’il y a là un fils de la paix, si vous êtes reçus, demeurez dans cette maison. Mangez et buvez ce que l’on vous servira. Guérissez les malades et dites “le Royaume de Dieu est arrivé” ». (Cf. Lc 10, 1-12) Jésus ressuscité envoie à nouveau ses disciples en mission pour témoigner de la Bonne Nouvelle.

Mais, dans l’évangile de ce jour, il y a une deuxième partie que nous n’avons pas encore évoquée.  C’est la réaction de Thomas qui, précise l’évangile, était absent lors de la venue de Jésus au milieu des disciples. Thomas ne veut pas croire, il objecte et met des conditions : « Si je ne vois pas les marque des clous dans ses mains et la marque de sa plaie à son côté, je ne croirai pas ». Jésus, venant une nouvelle fois au milieu des disciples, ne fait aucun reproche à Thomas pour ses doutes. C’est bien légitime, en effet, de douter de la résurrection. Cela nous arrive aussi à chacun d’entre nous. Est-ce bien vrai tout cela ? N’est-on pas dans la fable et dans l’illusion ?

Jésus invite Thomas – et nous aussi – non pas à la crédulité, mais à la foi, à la confiance. « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Heureux-celui qui fait foi en la parole entendue. Comment sortir du doute ? Comment oser croire sur parole ?  Par comparaison, c’est, comme lorsqu’on se jette à l’eau et que l’on éprouve que l’eau peut nous porter.  Ainsi en va-t-il de la foi en la résurrection. Avoir foi en la résurrection, c’est entendre le message du Seigneur, accueillir sa paix, la faire notre, se jeter à l’eau sur sa parole et devenir soi-même artisan de paix. Si nous devenons effectivement des artisans de paix, nous éprouvons alors que la joie se lève, que la vie passe. Nous éprouvons, alors, au sein même des relations humaines, une force qui réveille, qui guérit, qui redresse, qui relève et met debout. Nous faisons alors dans notre chair l’expérience de la résurrection dans laquelle nous pouvons discerner la puissance du ressuscité « qui a déjà pénétré la trame cachée de notre histoire » (Evangelii Gaudium, 278). Croire en la résurrection de Jésus, c’est dès lors, sur sa parole, s’engager à être des artisans de paix et éprouver que si nous nous aimons les uns les autres, nous passons effectivement de la mort à la vie.

Frères et sœurs, tout à l’heure, nous avons lu dans l’évangile du jour la parole de Jésus adressée aux disciples « La paix soit avec vous ».  Au cours de cette Eucharistie, nous dirons également « la paix du Seigneur soit avec vous ». Cette parole de paix, nous pouvons l’entendre aujourd’hui comme nous étant adressée directement par le Christ ressuscité, présent au milieu de nous. Amen

Père André Fossion s.j.
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Pour accompagner la prière

Dieu nous accueille en sa maison.

Paroles : Jean-Paul Lécot – Musique : Palestrina

Dieu nous accueille en sa maison,
Dieu nous invite à son festin :
Jour d’allégresse et jour de joie. Alléluia !

  1. Oh quelle joie quand on m’a dit :
    « Approchons-nous de sa maison,
    Dans la cité du Dieu vivant. »
  2. Jérusalem, réjouis-toi,
    Car le Seigneur est avec toi :
    Pour ton bonheur il t’a choisie.
  3. Criez de joie pour notre Dieu
    Chantez pour lui, car il est bon,
    Car éternel est son amour.
  4. Avec Jésus nous étions morts.
    Avec Jésus nous revivons.
    Nous avons part à sa clarté.
  5. Approchons-nous de ce repas
    Où Dieu convie tous ses enfants,
    Mangeons le pain qui donne vie.
  6. « Si tu savais le don de Dieu »,
    Si tu croyais en son amour,
    Tu n’aurais plus de peur en toi.
  7. Que Jésus Christ nous garde tous
    Dans l’unité d’un même corps,
    Nous qui mangeons le même pain.
  8. Soyons témoins de son Esprit !
    Que disparaisse toute peur.
    Montrons au monde notre foi.