Homélie

Frères et sœurs,

Attardons-nous un instant sur la moisson. Elle apparaît ici comme une évidence. Et même, elle est abondante, en contraste avec les ouvriers qui sont peu nombreux. En plus il est précisé que cette moisson est celle du maître, un maître généreux dans ses semailles. La voyons-nous cette moisson abondante autour de nous, en nous ?

En cette fin d’année scolaire, beaucoup se sont penchés sur la récolte des points dans les bulletins. Souvent ils ont vu d’abord le manque. Tellement parfois qu’ils ont oublié l’essentiel : « Réjouissez-vous car vos (leurs) noms sont inscrits dans les cieux ». Or, comme le rappelle la lettre aux Galates, « ce qui compte, ce n’est pas d’être circoncis ou incirconcis (en ordre avec les prescriptions et les codes culturels ou religieux), c’est d’être une création nouvelle ».

Mais revenons aux ouvriers.

La première lecture, tirée du livre d’Isaïe, nous donne un bel exemple de l’ouvrier-prophète. Pour rappel, par notre baptême nous sommes toutes et tous prophètes, et même « prêtres, prophètes et rois ».

Contrairement à ce que pourrait nous faire croire une simple audition, Isaïe prend la parole dans des circonstances pénibles et décevantes : le retour d’exil. Les revenants sont mal accueillis, retrouvent le temple démoli, leurs maisons démolies ou occupées par d’autres. L’ambiance est plus que morose, faisant presque regretter l’esclavage ou l’exil. Où sont donc les « amis de la paix » ? Où est Jérusalem, lieu de convergence de tous les peuples ?

Et voilà que, dans ce contexte, la parole d’Isaïe surgit ; elle s’élève au-dessus de ce chaos, dans une direction totalement opposée au marasme ambiant. Réjouissez-vous, goûtez avec délices la paix qui surabonde comme les eaux du fleuve. « Vous serez nourris, … portés sur la hanche, … choyés … comme un enfant que sa mère console… votre cœur sera dans l’allégresse ». Merveilles de poésie et de tendresse.

Je ne sais comment les peuples/les personnes en détresse peuvent accueillir ces paroles ?

Opium, dirait Karl Marx, manière d’endormir, d’anesthésier.

Ou bien au contraire, véritables paroles de consolation qui permettent de retrouver le jaillissement des eaux vives, l’éveil de l’espérance.

Droguer ou réveiller (c’est-à-dire ressusciter) : il y a là un véritable chemin de crête dont le point de basculement est la croix du Christ.

Celle-ci est le lieu de la transformation de la passivité naïve ou lâche, en amour « jusqu’au bout », amour qui ouvre sur la création nouvelle. Là se trouve le lieu de l’ouvrier de la moisson, agneau au milieu des loups. Son message n’est porté ni par les moyens (bourse, sacs, sandales, …), ni par les succès (accueil triomphal de maison en maison ; pouvoir d’écrasement des serpents et des scorpions).  Il est éveil de l’espérance, éveil du cœur qui accueille ce qui est donné gratuitement, par grâce, le pain et le vin de la route, et tourne notre être vers la paix et le service : « guérissez les malades ».

Dans ce service de la paix, on trouve une petite mention qui mérite qu’on s’y arrête : « S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui : sinon, elle, reviendra sur vous ».

Pourquoi ce retour sur soi de la paix est-il mentionné ici ? Probablement parce que le refus d’être reçu amène souvent une tentation : celle d’entrer dans le trouble ou la colère ou la déception et l’amertume.

Que la grâce nous soit donnée à la fois de reconnaître la moisson dans toute son ampleur, et de devenir ouvriers de paix.

Père Bernard Peeters sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur

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La prière universelle de ce dimanche

Le célébrant :
Dieu notre Père ne se détourne pas de notre prière.  Confions à son Amour tous les habitants du monde.

Refrain : Seigneur, fais de nous des artisans de Paix ; Seigneur, fais de nous des bâtisseurs d’Amour.

1/ Seigneur, ton Fils Jésus envoie ses disciples au-devant de lui pour préparer sa venue. « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. »  À sa demande, nous te prions d’envoyer des ouvriers à ton Église, pour que ton Règne arrive jusqu’aux extrémités de la Terre. Seigneur écoute nos prières R/

2/ Seigneur, tu as déclaré par la bouche du prophète Isaïe : « Voici que je dirige vers Jérusalem la paix comme un fleuve et, comme un torrent qui déborde, la gloire des nations. »  Tu vois et tu entends les plaintes et les souffrances des populations en proie aux guerres avec tous leurs cortèges de destructions et de famines. Viens leur apporter la Paix et la Justice dont elles ont soif.
Pour que ton Règne vienne, Seigneur écoute nos prières. R/

3/Seigneur, tu envoies tes messagers pour apporter la Paix « comme des agneaux au milieu des loups, sans aucun moyen ni bourse ni sac ni sandales », en ne comptant que sur ta présence et ta force pour affronter leurs adversaires. Accompagne ceux qui sont chargés de bâtir la Paix et de lutter contre la violence au milieu de nombreux conflits : toi seul peux défaire les nœuds.
Pour que ton Règne vienne, Seigneur écoute nos prières. R/

4/Seigneur, viens faire de nous des sanctuaires de ta Présence, apprends-nous à être toujours plus en mesure de discerner, pour choisir des chemins de vie, et rejeter tout ce qui nous éloigne de toi et de l’Évangile. Pour que ton Règne vienne, écoute nos prières. Avec notre Pape Léon nous t’en prions. R/

Le célébrant : Seigneur, écoute nos prières et donne-nous la grâce de vivre dans l’amour et la fidélité à ton Fils, Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen.

Prière Universelle de Jardinier de Dieu – RMPP
Françoise Raison, Petite Sœur de Jésus

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