Dimanche 24 décembre 2023

Messe de la nuit (B)

Lectures

  • Isaïe 9, 1-6 : Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière.
  • Psaume 95 Aujourd’hui, un sauveur nous est né, c’est le Christ, le Seigneur.
  • Lettre de Paul à Tite : La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut du monde.
  • Luc 2, 1-20 : Elle mit au monde son fils premier-né.

Lire les textes de la liturgie

Chantez au Seigneur un chant nouveau !

 

La nativité de Giotto (1266–1337)
église de l’Arena à Padoue (1304)

 

 

Homélie

Frères et soeurs

Vous connaissez la chanson de Charles Trenet : « Y’a d’la joie ! » ? Eh bien ce soir, il y a de la joie dans l’atmosphère ! Fêter la naissance d’un enfant, c’est probablement un des événements les plus joyeux qu’on puisse vivre dans une existence. Une vie nouvelle paraît, une promesse, une espérance, un monde de possibles ! Il y a quelque chose de miraculeux dans cet événement pourtant banal : tenir un nouveau-né dans ses bras, une nouvelle vie, un petit être qui grimace et qui crie, qui respire. Il y a là quelque chose d’absolument, de radicalement positif, d’absolument, de radicalement joyeux qui surgit et qui dit la bonté, la beauté de la vie, de la création. Il y eut un soir, il y eut un matin, et Dieu vit que cela était très bon !

Prenons le temps de contempler cette bonté, cette beauté, qui se dit à chaque naissance, au présent de chaque petit être qui naît et pour qui tout commence, qui se dit dans l’enfant de la crèche.

Car il ne manque pas de voix contraires pour venir gâcher la fête et casser la joie que donne l’espérance. Des voix qui nous disent qu’il faut être fou pour faire des enfants dans un monde comme le nôtre, qui disent que les enfants, c’est la fin de la liberté, soucis et ennuis, pleurs et disputes à tous les étages, que ça coûte cher, qu’il va tomber malade, qu’on en prend à perpette, j’en passe et des meilleures. Oui, il y a un autre esprit qui plane dans l’atmosphère, même à Noël, et qui distille tristesse, déprime, désespérance…

Qui allons-nous écouter ? Quel esprit allons-nous encourager ? Quel regard choisirons-nous de porter sur le monde, sur la vie, sur nous-mêmes ? Car, après tout, si Isaïe se réjouit qu’une grande lumière se lève et resplendisse, c’est parce que le peuple marche dans les ténèbres et le pays de l’ombre. Si saint Paul se réjouit de la grâce de Dieu et du Salut en Jésus-Christ, c’est parce qu’il y a les fautes, l’impiété, les convoitises dont il faut être purifié. Et si l’ange annonce la naissance d’un Sauveur aux bergers, ce Sauveur est couché dans une mangeoire parce qu’il n’y a pas de place pour lui à l’auberge. Il y a donc toujours un bémol possible, toujours une raison de se plaindre, toujours une raison de ne pas se réjouir.

Alors, Isaïe, Paul, les anges, seraient-il tous des naïfs, des optimistes béats, de doux rêveurs qui repeignent le monde en rose pour ne pas le voir comme il est… et plus dur sera le réveil ? Ou bien sont-ils capables, au contraire, de voir, dans le monde difficile, âpre, tel qu’il est, la vie, la grâce, le salut qui vient ? Et que cette nouvelle est d’autant plus inouïe, d’autant plus extraordinaire, d’autant plus source de joie, qu’elle arrive justement dans un monde qui ne l’attend pas et où elle paraît impossible ! La joie de voir pousser un coquelicot n’est-elle pas d’autant plus grande lorsque ce coquelicot pousse sur la terre d’un champ de bataille que l’on croyait stérile à jamais ?

Si la joie de Noël est si grande, si la joie de la naissance de Jésus-Sauveur est si débordante, ce n’est pas parce qu’elle fait semblant d’ignorer ou qu’elle oublie la méchanceté du monde. C’est exactement le contraire. C’est parce qu’elle se produit justement au beau milieu de ce monde-là, dont on pourrait croire qu’il est pourri jusqu’à la moelle. Cette naissance, elle nous dit : « Non, le mal et la violence ne sont pas le dernier mot des choses. » La vie naît, le Salut vient, Dieu ne renonce pas, il s’incarne, il sauve, Jésus vient au monde. Et même si ce salut n’est encore qu’une espérance, qu’une promesse, comme le nouveau-né dans la crèche, cette promesse suffit pour transfigurer le monde, pour nous rendre l’espérance et nous faire déborder de joie :

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson. »

« Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière, chantez au Seigneur et bénissez son nom ! Proclamez son salut, racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles ! Joie au ciel ! Exulte la terre ! Les arbres des forêts dansent de joie devant la face du Seigneur, car il vient. »

« Voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

Frères et sœurs, ne boudons pas notre joie. Ne laissons pas le défaitisme nous voler notre espérance. Dieu sauve, encore et encore. L’enfant de la crèche naît, et renaît encore. Aucune situation n’est à ce point désespérée que Jésus ne puisse y entrer et que la lumière ne puisse y briller à nouveau. C’est la promesse de Noël, c’est notre foi en Jésus-Christ. Ne nous laissons donc pas impressionner par le mal, par la violence, les guerres, les souffrances qui inondent notre horizon et s’efforcent de l’obscurcir. Jésus est déjà venu, il vient encore et, avec lui, la joie de la vie retrouvée, la joie de la vie, plus forte que tout.

Que cette joie transforme notre cœur et notre regard, car lorsque l’espérance les habite et les transforme, c’est Noël qui se découvre, enfin, à nos yeux émerveillés ! Amen.

Père Paul Malvaux sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Levons les yeux

Paroles : Alain Dumont-  Musique : Alexis Fleury

Levons les yeux, voici la vraie lumière,
Voici le Christ qui nous donne la paix ! 
Ouvrons nos cœurs à sa miséricorde, 
Notre Sauveur est au milieu de nous !

  1. Jésus Christ, le Fils de Dieu fait homme
    Vient demeurer au milieu de son peuple !
    Regardez ! Voici l’Emmanuel !
    Dieu avec nous, venu dans notre chair !
  2. Il est Dieu, il est notre lumière,
    Rayon jailli du cœur très saint du Père.
    Sa clarté embrase l’univers,
    Il est la vie illuminant la nuit !
  3. C’est par lui que fut créé le monde
    Pour l’habiter, l’habiller de sa gloire.
    Par son nom Dieu se révèle à nous.
    Accueillons-le, il vient parmi les siens !
  4. Viens, Jésus ! Entre dans ton saint temple !
    Nourris nos cœurs, donne-nous ta Parole !
    Nous voici, tes enfants rassemblés :
    Parle, Seigneur, et nous écouterons !
  5. Entendons l’appel de la sagesse,
    L’Epoux très saint nous invite à ses noces.
    « Venez tous au banquet de l’Agneau,
    Mangez ce pain et buvez ce vin ! »