Dimanche 24 mars 2024
Dimanche des Rameaux et de la Passion (B)
Lectures
- Bénédiction des Rameaux. Marc 11, 1-10 : Entrée à Jérusalem.
- Isaïe 50, 4-7 : J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient.
- Psaume 21 : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
- Philippiens 2, 6-11 : Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort.
- Marc 14, 1 à 15, 47 : La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ.
Lire les textes de la liturgie
Nous irons à la maison du Seigneur
Homélie
Après la bénédiction des Rameaux
Ce matin, nous avons bousculé nos habitudes, nous avons quitté nos maisons, nos lieux ordinaires de célébration, pour nous rassembler dans cette église Saint-Loup, au cœur de Namur. Nous ne faisons qu’un, nous faisons corps et nous marcherons ensemble vers la Cathédrale, conduit par notre pasteur, Mgr Pierre Warin.
C’est une foule comme la nôtre qui acclame Jésus entrant dans Jérusalem sur le dos d’un petit âne, au terme de ces années où il a annoncé et mis en œuvre la bonne nouvelle du Salut.
Nous pourrions chanter un de ces psaumes que les juifs entonnent quand ils montent en pèlerinage à Jérusalem ; on les appelle justement les psaumes des montées. Ecoutez ! C’est toute l’espérance d’Israël, c’est toute notre espérance :
« Quelle joie quand on m’a dit : « Nous irons à la maison du Seigneur ! » Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ! Jérusalem, te voici dans tes murs : ville où tout ensemble ne fait qu’un ! C’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur, là qu’Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur. » (Psaume 121/122)
Cette joie accompagnait la montée du peuple vers Jérusalem. Notre foi et notre lecture des Ecritures nous disent qu’aujourd’hui c’est la montée de toute l’humanité, la montée vers la vie.
Et pourtant, aujourd’hui Jérusalem souffre. On dit même que les pèlerins ont déserté la ville ! Toute la Palestine souffre… Et on ne voit pas comment cela finira. Les violences d’aujourd’hui annoncent celles de demain… Il faut ajouter que ce qui se passe en Israël est à l’image de ce qui se vit en tant de lieux de notre monde.
Je vous invite à contempler Jésus. Juché sur un ânon, il entre à Jérusalem. Ecoutez la foule en liesse. Et pourtant il sait que là est l’ultime lieu de sa vie, de sa passion, de sa mort. Il est venu apporter la vie, on lui donnera la mort. Nous allons faire mémoire de ces douloureux événements au long de la semaine qui commence.
Mais si nous pouvons ainsi chanter « Hosanna au Fils de Dieu » et faire procession dans les rues de Namur au milieu d’un monde bien souvent hostile, indifférent pour le moins, c’est bien parce que nous croyons que ce Jésus est le Fils de David. Il est le Messie, le Fils Dieu et nous sommes assurés que la vie est plus forte que la mort… Alors marchons et entraînons les foules avec nous !
Avant la lecture de la Passion
Maintenant nous allons écouter la lecture de la Passion.
La Passion de Jésus est un récit étonnant qui peut nous toucher au plus profond de notre cœur. Jésus vient d’être acclamé à l’entrée de Jérusalem. Il est notre Roi et notre sauveur. Mais cette belle histoire que nous venons de revivre, les rameaux à la main, ne s’arrête pas là. Dans quelques jours, Jésus mourra sur la croix. La croix est le cœur de notre foi.
Sur la croix, Jésus se donne à ses frères les humains. Il est trahi, abandonné par ceux-là même avec qui il vient juste de fêter la Pâque. Il est appréhendé, jugé, condamné, exécuté comme un criminel. Il affronte tout cela pour nous, parce qu’il nous aime. En mourant sur la croix, il nous redonne la vie, cette vie que nous perdons régulièrement dans les vicissitudes et les épreuves de l’existence.
Mais quel est le sens de la Croix ? Pourquoi en faisons-nous encore le cœur de notre foi, deux mille ans après ? Rien n’est plus inhumain que la mort, et celle que Jésus va subir est le paroxysme de l’inhumanité ! Qu’est-ce que la mort peut avoir de noble et de grand ? Pourquoi Jésus qui manifestait la bonté et la miséricorde de Dieu a accepté les pires infamies, jusqu’à la mort ? Dieu l’aurait-il abandonné dans son dernier cri : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
La réponse à toutes ces questions est bien sûr dans la Résurrection dont nous ferons mémoire dans huit jours. Et pourtant, ce ne sera pas un happy-end, comme si tout cela était fini et n’était qu’un mauvais instant à passer. Et puis cela n’a apparemment rien changé à notre condition humaine !
La réponse, en réalité, est en nous ! Durant sa vie Jésus a dit à ses disciples qu’il fallait perdre sa propre vie pour la gagner, qu’il fallait renoncer à soi, prendre sa croix, être le serviteur et l’esclave de tous. C’est le grand mystère de notre foi. La vie renaît de la mort, de l’épreuve, de tout ce qui fait les drames de notre existence.
Alors, en écoutant la Passion de Jésus, nous pouvons le contempler et nous pouvons nous interroger : Qui es-tu Jésus pour m’aimer ainsi ? Pourquoi acceptes-tu que des hommes te donnent la mort ? Que vais-je répondre à ce don extraordinaire que tu me fais ? Nous pouvons regarder chacun des acteurs de la Passion, un à un. Ils sont témoins de ce que Jésus souffre, Jésus les regarde et chacun réagit à sa manière. Cela commence par Judas : jusqu’au bout Jésus l’aura regardé avec amour et lui il répondra librement, terriblement, à sa manière. Et puis vous regarderez les gardes, les chefs du sanhédrin, sûrs d’eux-mêmes et de leur pouvoir, les disciples, particulièrement Pierre, fragile et impuissant, Pilate le lâche, Barabbas le brigand que la condamnation de Jésus libère, les soldats, Symon de Cyrène, qui passe et soulage humblement Jésus, les deux brigands de chaque côté de Jésus, les passants qui se moquent de lui, le centurion qui proclame sa foi, les femmes qui observent de loin en silence…
Oui, regardons, au fur et à mesure du récit, ces personnages, ce qu’ils font, et contemplons Jésus qui les regarde, qui nous regarde, ce qu’il fait, et interrogeons-nous : « Serait-ce moi Seigneur ? Je te regarde sur cette croix où tu meurs pour moi, et je pleure avec toi. Que vais faire, quand je te regarde vivre ta passion, Seigneur Jésus ? »
Père Henri Aubert sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur
Un chant pour accompagner notre méditation
Par la croix qui fit mourir
Texte : CNPL – Musique : Joseph Gélineau © Ed. Musicales du LEVAIN
- Par la Croix qui fit mourir le Fils du Père,
Sarment béni où la grappe est vendangée,
R/ Jésus-Christ, nous te bénissons !
Par la Croix qui met le feu sur notre terre,
Buisson ardent où l’amour est révélé,
R/ Jésus-Christ, nous te glorifions !
Par la Croix qui fut plantée sur la Calvaire,
Rameau vivant qui guérit de tout péché,
R/ Dieu vainqueur, ton Église t’acclame ! - Par le Sang dont fut marqué le bois des portes,
Pour nous garder dans la nuit où Dieu passait,
R/ Jésus-Christ, nous te bénissons !
Par le Sang qui nous sauva dans notre exode,
Lorsque les eaux sur l’enfer se refermaient,
R/ Jésus-Christ, nous te glorifions !
Par le Sang qui rend la vie aux sèves mortes
En détruisant le venin du fruit mauvais,
R/ Dieu vainqueur, ton Église t’acclame ! - Par la mort du Premier-Né sur la colline,
Portant le bois et la flamme du bûcher,
R/ Jésus-Christ, nous te bénissons !
Par la mort du Bon Pasteur dans les épines,
Agneau pascal dont le cœur est transpercé,
R/ Jésus-Christ, nous te glorifions !
Par la mort du Bien-Aimé hors de sa vigne,
Pour qu’il changeât l’homicide en héritier,
R/ Dieu vainqueur, ton Église t’acclame ! - Par le Bois qui a chanté le chant des noces,
Du Dieu vivant épousant l’humanité,
R/ Jésus-Christ, nous te bénissons !
Par le Bois qui fait lever en pleine force,
Le Fils de l’Homme attirant le monde entier,
R/ Jésus-Christ, nous te glorifions !
Par le Bois où s’accomplit le Sacerdoce
Du seul Grand Prêtre immolé pour le péché,
R/ Dieu vainqueur, ton Église t’acclame ! - Arbre Saint qui touche au ciel depuis la terre
Pour que le Dieu de Jacob soit exalté,
R/ Jésus-Christ, nous te bénissons !
Grand vaisseau qui nous arrache à la Colère
En nous sauvant du déluge avec Noé,
R/ Jésus-Christ, nous te glorifions !
Tendre Bois qui adoucit les eaux amères
Et fait jaillir la fontaine du Rocher,
R/ Dieu vainqueur, ton Église t’acclame !