Homélie

Frères et sœurs,

aujourd’hui nous célébrons le 34è dimanche qui marque la fin de l’année liturgique B. Pour terminer cette année liturgique, l’Église universelle nous donne cette joie de célébrer la solennité du Christ Roi de l’Univers.

L’évangile de Jean, va nous aider à comprendre de quelle manière le Christ est Roi de l’univers. Pouvoir, Puissance, Domination, Honneur, Gloire, richesse et luxe, voilà des mots faisant partie du champ lexical de la royauté pour notre monde et selon notre entendement. En revanche, la personne du Christ, sa vie et sa mission sont bien étrangers à ces mots. Né dans une mangeoire, accueilli en premier lieu par des bergers, charpentier de métier, Jésus de Nazareth n’a rien d’un roi, encore moins d’un aristocrate à la distinction reconnue. Ami de tous y compris des prostituées et des gens à la réputation douteuse, Jésus ne ressemble guère à un roi de ce monde. Bien loin d’imiter leur style de vie, le fils de l’homme n’a pas d’endroit ou reposer la tête (Mt 8, 20), il côtoie des pécheurs, se laisse toucher par les lépreux et dit à ses disciples : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations païennes commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mc 10, 42-45).

Devant Pilate, c’est un homme marqué, un homme humilié, bafoué, frappé, moqué, au visage et à l’allure peu soigné qui se tient face au représentant du plus grand empire que le monde ait connu pour être jugé. Jamais dans son discours et dans son attitude, il n’affiche une quelconque volonté d’être révéré et même à plusieurs reprises il s’enfuit devant la volonté du peuple de faire de lui un roi, en cet instant qui est celui de sa condamnation, mais encore plus, celui du don de sa vie pour la multitude, Jésus-Christ accepte ouvertement le titre de roi et s’assume comme différent des rois de ce monde. Il peut sembler curieux qu’il ait choisi ce moment où, la situation, au regard humain, accorde moins de crédit à son propos, pour parler de sa Royauté, car elle n’est évidemment pas de ce monde. D’une nature différente de celle que Pilate exerce et que les juifs de son temps attendaient de la part d’un Messie-Guerrier et politique, vengeur du peuple, qui l’affranchirait de la domination romaine. Non, le Christ n’est pas ce genre de roi qui triomphe par la violence, domine, s’impose et propose un salut circonstancié et limité. D’ailleurs, sa Royauté, il ne la conquiert pas, mais la reçoit de Dieu lui-même pour être le souverain de l’Univers.

Pour l’Évangéliste Jean, c’est bien ici l’heure de la gloire et du triomphe du Messie, car en effet, c’est par l’offrande de sa personne que Dieu en Jésus-Christ se révèle comme le souverain éternel qui sauve la multitude des hommes pour en être le salut. Ultime réponse de Dieu au mal de tous les hommes, de tout homme et de tout l’homme, le Christ apporte une réponse définitive à l’angoisse humaine ; il nous donne en partage sa vie. Par sa puissance d’Amour, il triomphe des forces du mal pour être la force de tous ceux et celles qui trouvent refuge en lui. Doux et Humble de Cœur, le Christ est Roi d’Amour ; enraciné dans la Vérité dont il est le témoin privilégié et mandaté. Qu’est-ce que la vérité ? demande Pilate visiblement interloqué par la liberté dont fait montre ce justiciable.

En réalité, la Vérité est une personne : Dieu lui-même. Personne ne peut alors prétendre détenir la vérité ! On appartient à la vérité, elle ne nous appartient pas. Comprendre cela, nous porterait à la simplicité, au respect de la différence, de l’irremplaçable singularité des personnes et à la relativisation de nos certitudes acquises. Le Christ Roi de l’Univers, nous veut libre et ne s’impose à personne ; à chacun, il offre son Amour et, par ceux qui l’acceptent, veut étendre son Règne de paix et de justice. « Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix » (Jn 18, 37). Alors frères et sœurs, appartenons-nous à la vérité ? De qui écoutons-nous la voix ? De qui ou de quoi sommes-nous les sujets ? C’est à chacun d’y répondre, car en notre monde, on peut se laisser conduire par bien des voix autres que celle de Dieu.

Seigneur, alors que nous pourrions préférer servir les royaumes de ce monde pour en tirer les bénéfices, donne-nous de désirer de te servir pour vivre de ta présence et partager la gloire éternelle de ton nom. Bonne fin d’année liturgique et bonne fête à tous et à toutes !

Père Philippe Amanfo sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

Télécharger le PDF de l’homélie

La prière universelle de ce dimanche

Le célébrant : Présentons nos prières au Seigneur, Christ Roi de l’univers,
Christ Roi de nos vies. Prions-le pour tous les peuples de la terre.

R/ Fais paraître ton jour et le temps de ta grâce,
fais paraître ton jour, que l’homme soit sauvé.

1. En cette fête du Christ Roi, nous te prions Seigneur pour les gouvernants de la terre. Que la figure de ton Fils Jésus, venu en ce monde pour rendre témoignage à la vérité, leur inspire de vivre de manière renouvelée
   le pouvoir qu’ils exercent et leur responsabilité au service de tous.
2. En ce mois de novembre, nous reprenons l’intention de prière du Pape François.
   Nous te prions Seigneur pour que tous les parents qui pleurent la mort d’un fils ou d’une fille trouvent un soutien au sein de leur communauté humaine et obtiennent de l’Esprit consolateur la paix du cœur.
3. Les paroissiens de Saint-Jean-Saint Loup se retrouvent en ce dimanche, après la messe dominicale, en assemblée pour entreprendre une évaluation de la vie de leur communauté chrétienne.
   Nous te prions pour ces hommes et ces femmes qui veulent se parler et s’écouter dans la confiance. Donne-leur ton Esprit sur ce chemin synodal d’espérance.
4. Aujourd’hui la messe de midi est celle des familles. Nous te prions pour toutes les familles de la terre, particulièrement celles qui se retrouvent ici
   à la Chapelle Universitaire, qu’en elles se construise une société de justice et de paix, d’amour et de vérité.
5. Seigneur, nous te confions les intentions qui restent encore dans notre cœur.

Le célébrant : Écoute nos demandes, Seigneur, Christ Roi de l’univers, et daigne les exaucer, toi qui es le Vivant pour les siècles des siècles.

Télécharger le texte de la prière Universelle