Homélie

Frères et sœurs,

La liturgie d’aujourd’hui nous invite à célébrer la fête du Christ Roi. Le Nouveau Testament nous révèle de nombreux titres de Jésus – Emmanuel, Fils de Dieu, Fils de l’homme, Sauveur, Seigneur, Rédempteur, Rabbi, Maître, Agneau de Dieu, et aujourd’hui c’est le titre du Roi. Le nombre de titres nous indique précisément qu’aucun titre n’est suffisant pour décrire complètement qui est Christ pour nous. Chaque titre est riche à sa manière et porte une signification spécifique. Quelle est la spécificité du titre de Roi avec lequel nous nous adressons à Jésus ? Quelle signification cela a-t-il pour nous ? Quel message nous communique-t-il ?

Peut-être que l’image d’un roi, qui avait une grande signification à l’époque de Jésus, n’a pas la même signification pour nous aujourd’hui, même si l’image est évoquée lorsque nous appelons la Belgique comme Royaume de Belgique.

Cependant, prêtons attention aux sentiments que le titre évoque en nous. Lorsque nous considérons quelqu’un comme roi, nous pensons à quelqu’un qui est suprême, qui a le pouvoir, qui exerce son pouvoir sur un domaine qui est son royaume. Des sentiments semblables sont évoqués au début de l’Évangile d’aujourd’hui : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire… ». Ici, nous remarquons que le mot « gloire » apparait deux fois dans le texte – sa gloire et trône de gloire.

Cela me fait penser au Gloria que l’on chante ou récite chaque dimanche lors de la liturgie où l’on s’adresse à Dieu comme ‘Roi du ciel’.  Mais de quelle gloire s’agit-il et de quelle royauté ? Jésus a toujours fui la foule qui voulait le faire roi. Et, lors de son entrée à Jérusalem, alors que la foule l’acclamait, il montait le petit d’une ânesse.

Mais quel type de roi avons-nous en Jésus ? La première lecture du prophète Ézéchiel l’explique bien en le comparant à un berger. Il est roi à l’image du berger qui prend soin de son troupeau, un roi qui prend soin de son peuple non pas en déléguant la responsabilité à d’autres mais en prenant soin de son peuple par lui-même. Ce passage est tissé des mots qui parlent de l’inquiétude et de l’amour que le berger porte à son troupeau. “Moi-même, je m’occuperai de mes brebis” ; “je veillerai sur elles” ; “j’irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées” ; “C’est moi qui ferai paître mon troupeau”; “c’est moi qui le ferai reposer”. Il s’applique aussi bien au Christ Roi. Jésus reprend cette image dans les Évangiles, “Je suis le bon berger…”, pour parler de son attention aimante envers son peuple, en particulier les faibles, les perdus, les blessés et les malades. C’est un Roi que se fait proche de nous et qui prend soin de nous. C’est un roi qui est « autrement roi », qui ne domine pas, qui prend la place du serviteur et fait de l’autre un roi. Ainsi par le baptême, sommes-nous constitués « prêtres, prophètes et rois ». Le baptisé est revêtu, par la grâce du Christ Roi, de la dignité royale.

Rendre gloire à Jésus Roi, c’est rester émerveillé de sa présence en nous, de la création, de la beauté de la vie, de ses actes de bonté, de gentillesse et de charité. Il n’y a rien de plus beau dans la vie que d’être assuré qu’on prend soin de nous et qu’on nous aime. La fête du Christ Roi nous appelle à être rassurés, à avoir confiance, à ne pas avoir peur, surtout lorsque nous sommes confrontés à des situations difficiles de la vie.

Cependant, la première lecture ne s’arrête pas à l’image d’un berger attentionné. Elle parle aussi du jugement : « voici que je vais juger entre brebis et brebis, entre les béliers et les boucs ». Le même thème concernant le jugement se retrouve également dans l’Évangile d’aujourd’hui. La venue de Jésus et le jugement final sont des éléments importants de notre foi chrétienne. Ils ont une signification profonde et pourraient nous guider dans nos actions s’ils sont bien compris.

Les critères du jugement sont très clairs et simples. Ces critères ne sont pas là pour nous séparer en bons et en mauvais, mais pour montrer une direction à prendre. Il s’agit d’être compatissants et attentionnés envers les autres. Il s’agit de se mettre au service de l’autre, surtout à ceux qui sont dans le besoin. Jésus l’explique à travers la parabole du jugement final. Son jugement repose uniquement sur le critère du souci d’autrui.

Se mettre aujourd’hui dans la ligne du jugement final, c’est faire preuve de compassion, c’est prendre comme règle de vie le souci d’autrui, le souci des affamés, des assoiffés, des nus, des malades et des prisonniers. Dans notre vie quotidienne, cette liste peut être bien étendue. Le Christ Roi ne demande pas à être honoré ou plutôt il est honoré quand nous honorons les négligés, les oubliés et les nécessiteux. Le Christ Roi ne nous demande pas de le servir dans les « temples » mais dans les « rues » en se mettant au service des « plus petits ». Son royaume n’est pas construit sur les piliers de l’individualisme, de l’indifférence, de l’égoïsme et de la haine. Son royaume est construit sur les piliers de la charité, de la bienveillance, de la bonté et de l’amour. Avec le Christ Roi qui est avec nous, qui prend soin de nous et qui se met au service de nous, travaillons avec Lui pour bâtir ensemble son royaume ici et aujourd’hui. AMEN.

Père Thomas Madanu sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Gloire à toi source de toute joie

Paroles et musique : Chants de l’Emmanuel (M. Deboeuf)

Gloire à Toi, Seigneur, source de toute joie
Gloire à ton nom, ô Dieu très saint.
Gloire à Toi, Seigneur, ô toi le Roi des rois,
Amen, Alléluia !

1. Le Seigneur est ma lumière et mon salut,
   Le Seigneur est le rempart de ma vie.
   Je vivrai dans la maison du Seigneur,
   Maintenant et à jamais.
2. Que mon cœur exulte, mon âme te loue,
   Tu ne peux m’abandonner à la mort.
   Tu m’apprendras le chemin de vie,
   Plénitude de la joie.
3. Tous les peuples de la terre louez Dieu
   Annoncez la Vérité aux nations
   Bienheureux qui met sa foi dans le Seigneur,
   Eternel est son amour !