
Dimanche 26 octobre 2025
30ème dimanche ordinaire
- Ben Sira le Sage 35,15b-17.20-22a : La prière du pauvre traverse les nuées.
- Psaume 33 : Un pauvre crie, le Seigneur entend.
- 2 Timothée 4, 6-8.16-18 : J’ai achevé ma course, j’ai mené le bon combat.
- Luc 18, 9-14 : Le pharisien et le publicain.
Lire les textes de la liturgie
Gardez-vous du levain des pharisiens
Le pharisien et le publicain
Icône russe
Homélie
Frères et sœurs,
Le récit évangélique nous montre, à l’évidence, que les relations entre Jésus et les chefs religieux de son temps – pharisiens, docteurs de la Loi et grand-prêtres – furent loin d’être faciles. Elles furent même houleuses. D’ailleurs, ce sont eux, les représentants et les gardiens de la religion juive, qui l’ont accusé et condamné à mort pour blasphème, en réclamant de Pilate qu’il soit crucifié.
Dans sa prédication aux foules comme dans son enseignement aux disciples, Jésus mettait en garde contre ce qu’il appelait le levain des pharisiens : « Prenez garde au levain des pharisiens » (Mc 8,14 ou Mt 16,6). Le levain, au sens positif, c’est ce qui fait lever la pâte et amplifie la croissance. Au sens négatif, le levain – comme celui des pharisiens – c’est ce qui corrompt tout le reste. C’est, pourrait-on dire, le ver dans le fruit. Dans l’évangile, en particulier dans l’évangile de Luc au chapitre 11, Jésus se lamente à propos des pharisiens et des docteurs de la loi, en énumérant et en décrivant leurs comportements. Ils sont soucieux d’observance, ils pratiquent formellement et scrupuleusement toutes les prescriptions de la loi mais en réalité, ils n’aiment pas et ne sont pas aimés. Ils suivent la loi à la lettre, mais ils oublient l’esprit de la loi. Ils aiment les premières places, se pavanent dans les lieux publics mais ne se soucient ni de la justice ni de la miséricorde. Ils sont hypocrites, se donnent des apparences, mais comme le dit Jésus, ils sont des sépulcres blanchis, des espaces d’infécondité et de mort. Le levain des pharisiens consiste pour eux à se parer de vérité et de justice, mais, en réalité, ils sont dans l’illusion, dans l’aveuglement relativement à leurs propres comportements. Jésus dit aux pharisiens : « Vous dites, nous savons, nous voyons ; votre péché demeure » (Jn 9, 41). Le levain des pharisiens, c’est, au cœur de la religion, ce qui la corrompt ; ce qui était fait pour libérer, sert de domination ; ce qui était fait pour vivre, sème la mort, comme dans l’épisode de la femme adultère : la loi pour la vie est détournée pour donner la mort.
L’évangile d’aujourd’hui est une illustration éloquente de ce levain des pharisiens.
Voici deux hommes. Ils ont en commun de monter au temple pour prier. Mais aussitôt une différence est marquée : l’un est pharisien, c’est-à-dire un homme plein de zèle religieux, soucieux d’accomplir scrupuleusement la Loi. L’autre est publicain, un collecteur d’impôts au bénéfice de l’occupant romain.
Au temple, le premier est debout, la tête haute. Et, dit le texte, il prie « en lui-même» : « Mon Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme les autres hommes qui sont voleurs, malfaisants, adultères ou encore comme ce collecteur d’impôts ». Il prie en lui-même, est enfermé en lui. Il se hausse et, de sa hauteur, accable tous ceux qu’il juge inférieurs à lui. Il généralise ses accusations et les particularise aussi en visant à côté de lui « ce collecteur d’impôts ». Il se voit comme un être d’exception. De surcroît, il souligne l’excellence de sa personne : « Je jeûne deux fois par semaine et je donne la dîme de tout ce que je me procure ». Ainsi le pharisien se mire-t-il comme dans un miroir. Il est enfermé dans sa propre image. Et il prête à Dieu la haute opinion qu’il a de lui-même. Tout part de lui qui dit « Je ». Il s’approprie une éminence et il en rend grâce. Il fait de Dieu un témoin de ce qu’il affirme être lui-même. A Dieu de lui rendre grâce ! Par là, il dédaigne Dieu.
L’attitude du publicain est à l’exact opposé. Il n’est pas debout il regarde le sol, n’osant même pas lever les yeux vers le ciel. Il ne méprise personne. Il endosse l’image méprisante que le pharisien a de lui. Il ne se vante pas. Il se qualifie de pécheur et il se frappe la poitrine, Il ne fait pas de Dieu son obligé. Il implore sa grâce : « Sois propice pour moi ». Il n’est pas dans l’imaginaire narcissique du pharisien. Il est dans la vérité de Dieu qui ne méprise pas le pauvre qui appelle. « D’un cœur humilié, Dieu n’a pas de mépris », dit le psaume (Ps 51,17). Le publicain est conscient de la bonté de Dieu qui relève et sauve.
Si l’évangile nous invite à nous garder du levain des pharisiens, il nous engage, en même temps, à nous confier en la miséricorde et en la bonté de Dieu qui toujours nous élève. « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé », dit Jésus. En ce sens, on peut aussi saisir ses faiblesses pour entretenir un rapport à Dieu fait de confiance et d’abandon à sa miséricorde qui ne se reprend jamais. « Le Seigneur entend ceux qui l’appellent. Il est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu. Le Seigneur rachètera ses serviteurs : pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge. » (Psaume 33)
Ces prières rejoignent cette affirmation de Paul : « J’en ai l’assurance : ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, (…) ni aucune créature ; rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, notre Seigneur » (Rm 8,37-3). Ni même le péché. Croire en l’amour de Dieu, c’est s’interdire de mépriser autrui et s’interdire de se mépriser soi-même. C’est se laisser revêtir par le regard de bonté que Dieu a pour les hommes. Nul n’est méprisable. Le pharisien en descendant du temple n’a pas prié de manière juste. Mais Dieu ne le méprise pas et le chemin d’une prière juste lui reste toujours ouvert.
Père André Fossion sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur
La prière universelle de ce dimanche
Le célébrant :
Comme des publicains et de petits pauvres, nous exprimons la prière de notre communauté chrétienne auprès de notre Père.
Refrain : Seigneur, entends la prière qui monte de nos cœurs.
- Donne, Seigneur, à ton Église et à ses membres, la force et l’audace de rappeler la mission que le Christ confie à chacun :
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés »
et donne-nous de ne jamais oublier cette loi d’amour.
Nous t’en prions. - Donne, Seigneur, à nos dirigeants, le sens de la justice et le respect des plus humbles, des « sans défense ».
Nous t’en prions. - Donne-nous, Seigneur, la simplicité qui nous fait parfois défaut pour nous rassembler et faire véritablement communion en Eglise,
et pour nous adresser à toi dans la prière.
Nous t’en prions. · - Donne aux riches et aux satisfaits de ce monde le sens de leur pauvreté et la soif de ton salut.
Et accorde aux pauvres et aux méprisés des personnes qui leur révèlent le prix qu’ils ont à tes yeux.
Nous t’en prions.
Le célébrant : Exauce notre prière, Seigneur, puisque tu l’inspires toi-même dans nos cœurs. Par Jésus. Amen
D’après la Prière Universelle de la Paroisse Saint-Pierre-Saint-Paul de Colombes
Un chant pour accompagner notre méditation
Tel que je suis
Paroles : Charlotte Elliot – Musique : W. B. Bradbury
- Tel que je suis sans rien à moi sinon ton sang versé pour moi
Et ta voix qui m’appelle à toi. Agneau de Dieu, je viens, je viens ! - Tel que je suis, bien vacillant, en proie au doute à chaque instant ;
Luttes au dehors, craintes au-dedans. Agneau de Dieu, je viens, je viens. - Tel que je suis, ton cœur est prêt à prendre le mien tel qu’il est
Pour tout changer, Sauveur parfait. Agneau de Dieu, je viens, je viens ! - Tel que je suis, ton grand amour a tout pardonné sans retour.
Je veux être à toi dès ce jour. Agneau de Dieu, je viens, je viens !