Dimanche 27 juillet 2025

17ème dimanche ordinaire

  • Genèse 18, 20-32 : La prière d’Abraham pour Sodome et Gomorrhe.
  • Psaume 137 : Le jour où je t’appelle, réponds-moi Seigneur.
  • Colossiens 2, 12-14 : Dieu nous a pardonné toutes nos fautes.
  • Luc 11, 1-3 : Seigneur, apprends-nous à prier.

Lire les textes de la liturgie

Quand vous priez, dites…

Miniature du monastère de Dyonysiou,
sur le Mont Athos, vers 1059.

Homélie

Frères et sœurs,

Jésus avait coutume de se rendre, dans le désert ou sur la montagne pour prier. Ainsi lit-on dans le récit évangélique : « Les gens venaient en foule pour entendre Jésus et pour être guéris de leurs maladies, et lui se retirait dans les déserts, et priait. » (Luc 5,16) « Alors, Jésus se rendit sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu » (Lc 6,12). Ce que voyant, les disciples lui demandent : « Seigneur apprends-nous à prier ». Et Jésus, alors, leur apprend le « Notre Père » et leur livre un enseignement sur la prière. C’est l’objet de l’évangile de ce jour.

Avant de commenter les différentes demandes du Notre Père, remarquons que Jésus commence par dire : « Quand vous priez, dites… ». Dans le propos de Jésus, la prière se présente donc un « dire » ; elle est une activité qui prend corps dans le langage, qu’il soit mental ou vocalisé, comme tout à l’heure quand ensemble, à haute voix, nous dirons le « Notre Père ». La prière est donc une parole dite, souvent précédée ou suivie, comme nous le savons, d’un temps de silence. Mais ce silence ne nous fait pas sortir du langage ; le silence n’a de sens, en effet, qu’en étant un moment d’écoute, d’attention, d’éveil à ce que l’on entend. L’écoute est d’ailleurs le premier des commandements dans la tradition biblique : « Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique » (Dt 6,4). Puis, après l’écoute, vient la prière.  Ainsi, la prière se présente-t-elle comme un va-et-vient incessant entre l’écoute et le dire.

Venons-en aux différentes demandes du « Notre Père ». Ces différentes demandes ont en commun d’être l’expression d’un désir. Et le désir est toujours, nous le savons, une manière d’être ou d’entrer en communication avec l’autre, avec autrui.

« Quand vous priez, dit Jésus, dites Notre Père ». Dire « notre Père », c’est, dans l’acte même, se reconnaître dans une relation filiale avec Dieu, le créateur, le donateur de qui nous recevons « la vie, le mouvement et l’être » (Ac, 17,29). Et, en même temps, dire « notre Père », c’est entrer en relation fraternelle entre nous puisque, par là, nous nous reconnaissons liés par une commune filiation en Dieu.  Ainsi donc, dire « Notre père », c’est d’emblée nous situer dans une alliance filiale envers Dieu et, à la fois, dans une alliance fraternelle entre nous.

« Qui es aux cieux ». L’expression témoigne du fait que Dieu est reconnu comme le tout autre. Il est autre que nous-mêmes, d’une autre nature. Infiniment grand, transcendant, il ne fait pas partie du monde. Dieu est mystère au-delà de toutes nos représentations. Et, pourtant, l’étonnant est qu’il se rend à ce point proche que nous osons le tutoyer, en reconnaissant ainsi la relation intime avec Lui, confiante et filiale, à laquelle nous sommes invités. Dans la relation à Dieu notre Père, il y a un « toi », un « moi » et un « nous ». Et ensemble nous pouvons l’appeler sans peur, en toute confiance et affection, « abba, Père » (Ga 4,6)

« Que ton nom soit sanctifié. Que ton règne vienne. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » On a affaire ici, par excellence, à une prière de désir : un désir qui s’inscrit dans le désir de Dieu lui-même. Désir que le nom de Dieu soit connu, reconnu, loué ; désir que son royaume s’étende, désir que le règne des béatitudes prenne corps en nous comme dans le corps social : règne de douceur, de paix, de miséricorde et de vérité. Désirer dans l’Esprit de Dieu, c’est vouloir que sa volonté se réalise : que la vie en abondance, la vie éternelle, soient communiquées à tous et à toutes. Cette prière oriente fondamentalement notre désir vers une fin heureuse selon la volonté et le cœur de Dieu. Elle mobilise aussi notre action et appelle notre participation à l’avènement de cette fin heureuse dès ici-bas et dans l’au-delà.

« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » Ce qui est demandé ici, ce n’est pas seulement le pain à manger, mais, plus largement, ce qui nous est nécessaire pour chaque jour. Donne-nous de quoi vivre et subsister jour après jour. Il y a dans cette prière de demande, à la fois, un abandon et une confiance en Dieu qui donne, en Dieu qui pourvoit.

« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». Cette demande de pardon énonce une vérité essentielle : il est dans la nature de la miséricorde d’être partagée. Le pardon est appelé à être, à la fois, donné et reçu, reçu et donné en retour. C’est ce partage de miséricorde dont Dieu a l’initiative que nous sommes appelés à vivre et à répandre en nous et autour de nous.

Enfin, « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal ». La prière ne dit pas « délivre-nous des épreuves, délivre-nous de la maladie, épargne-nous de mourir ». La prière dit : « délivre-nous du mal » au singulier. Qu’est-ce que le mal au singulier, qu’est-ce que ce mal absolu dont nous demandons la délivrance, sinon la désespérance ? La tentation, en effet, serait de désespérer. « Délivre-nous du mal », c’est dire : « Délivre-nous de la désespérance ». En d’autres termes, donne-nous de croire, en toutes circonstances, même les plus rudes et les plus douloureuses, que l’espérance est plus forte que tout et demeure. C’est à cette espérance que la prière du Notre Père nous conduit.

Mais, me direz-vous, où est Jésus dans cette prière ? Jésus, il est bien là puisque c’est lui qui nous apprend la prière du « Notre Père » et nous initie ainsi à la relation à Dieu notre Père et aux autres, nos frères et sœurs.

Et Jésus, après avoir appris la prière du Notre Père aux disciples, continue son enseignement : « Demandez et on vous donnera, qui cherche trouve, à qui frappe on ouvrira ». Et qu’est-ce qui est donné à celui qui cherche, à celui qui frappe et demande ? Ce qui est donné, ce n’est pas ceci ou cela ; ce qui est donné en toute hypothèse à celui ou celle qui prie, c’est l’Esprit Saint : un souffle de vie qui vient de Dieu lui-même, qui ne s’éteindra jamais.

Quoi que nous demandions dans la prière, ce que nous recevons, c’est la grâce de prier ; et la grâce de prier, c’est la grâce d’être mis en relation avec Dieu, en nous laissant habiter par son Esprit. On peut tout demander à Dieu, mais l’essentiel, ce n’est pas de recevoir en retour ceci ou cela ; ce qui est donné dans la prière, c’est la grâce de recevoir l’Esprit Saint lui-même afin d’en vivre en toutes circonstances.

Père André Fossion sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur

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La prière universelle de ce dimanche

Le célébrant :
Pour que les hommes puissent mener sur terre une vie digne et fraternelle,
faisons monter ensemble notre prière vers le Seigneur.

Refrain : Seigneur, entends la prière qui monte de nos cœurs.

  1. Seigneur, nous te confions notre Eglise en mutation, qu’elle soit le lieu où tout le monde se sente accueilli, aimé, pardonné,
    et qu’elle suscite des liens de fraternité pour annoncer l’évangile,
    nous t’en prions.
  2. Seigneur, regarde et guide ceux qui gouvernent le monde.
    Donne leur l’humilité et le courage de dénoncer ce qui n’est pas juste. Dirige leurs décisions pour plus de bien et de paix,
    nous t’en prions.
  3. Seigneur, notre planète est fragile. Le changement climatique a des conséquences importantes sur la santé humaine.
    Aide les agriculteurs à relever les défis majeurs auxquels ils sont confrontés,
    nous t’en prions.
  4. Seigneur, donne ta joie aux jeunes du monde entier qui vont célébrer à Rome leur jubilé.
    Que l’enthousiasme les habite toujours,
    nous t’en prions.

Le célébrant : Seigneur, écoute avec bonté les prières de ton peuple :
Accorde à tous ce qu’ils te demandent, et à chacun ce qu’il lui faut.
Par le Christ, notre Seigneur. Amen.

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Un chant pour accompagner notre méditation

Venez, Dieu nous appelle

Paroles : Benoît Gschwind – Musique : Bertrand Bayle

Venez, Dieu nous appelle, sa Parole nous rassemble.
Venez, c’est jour de fête ; entrez, Dieu nous attend.

  1. Entrez, entrez avec confiance, la table déjà est préparée…
    Peuple de Dieu marqué par son passage,
    Dieu nous attend avec patience pour être son Église.
  2. Entrez, entrez dans le silence, la table déjà est préparée…
    Peuple de Dieu, d’exode en exode,
    Dieu nous attend avec patience pour être son Église.
  3. Entrez dans l’espérance, la table déjà est préparée…
    Peuple de Dieu vivant de l’Évangile,
    Dieu nous attend avec patience pour être son Église.
  4. Entrez, entrez dans l’alliance, la table déjà est préparée…
    Peuple de Dieu promis à la tendresse,
    Dieu nous attend avec patience pour être son Église.