Dimanche 29 août 2021
22ème dimanche ordinaire
(année B)

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Deutéronome 4, 1-2.6-8 : La parole de Dieu, chemin de vie.
  • Psaume 14 : Seigneur, qui séjournera sous ta tente ?
  • Jacques 1, 17-18.21b-22.27 : Une parole à mettre en pratique.
  • Marc 7, 1-8.14-15.21-23 : La parole de Dieu, vérité pour le cœur.

L’homélie

Frères et sœurs,

Ce récit, nous venons de l’entendre, se termine par une longue énumération de douze méfaits commis par des êtres humains à l’égard d’autres êtres humains. Ces comportements offensants, nous dit le texte,  relèvent de l’impureté : « envie, cupidité, vol, meurtre, tout cela rend l’homme impur ».

Mais une autre énumération, bien différente, se déclinait dès le début du texte. Elle visait d’autres comportements destinés,  ceux-ci,  à éviter l’impureté : l’ablution des mains jusqu’au coude, l’aspersion du corps au retour du marché ou encore le lavage des coupes, des plats, des vases. Ce ne sont pas là des gestes d’hygiène, nous le comprenons bien, mais des rites transmis et développés au cours des âges.

Le récit de saint Marc est, tout entier, une confrontation de ces deux énumérations.

Dans les deux cas, il s’agit de lutter contre l’impureté. Dans les deux cas, il s’agit de lutter contre la mort. Car l’impureté est la figure de la mort.

L’impureté est souvent évoquée dans la Bible. On peut la repérer dans deux catégories de prescriptions : celles qui concernent la souillure et celles qui concernent le don. On peut alors parler de deux systèmes : celui de la souillure, d’une part, celui du don, d’autre part.

D’abord, le système de la souillure.  Il concerne l’énumération du début de notre récit. Il s’agit d’éviter de souiller le corps humain parce que la souillure rappelle la mort. Il faudra repousser tout contact avec ce qui est décomposé altéré, pourri : cela renvoie au cadavre. Mais ce qui se décompose apparaît informe et mélangé. Alors, au fil du temps, cet interdit s’étend à tout ce qui est mélangé. On ne laboure pas en mélangeant bœuf et âne, on ne mêle pas le blé et la vigne, on s’habille de laine pure, sans mélange.

Cela a des répercussions sur l’alimentation. Il y a le mangeable et le non mangeable. On pourra manger les animaux qui appartiennent à une catégorie sans mélange : « Tout animal qui a le sabot fourchu et fendu en deux ongles et qui rumine, vous pouvez le manger » dit une règle du Lévitique. Mais le porc, qui est « hors catégorie » car il ne rumine pas, on le considérera comme impur.

Le système de la souillure s’étend sans cesse. Il passe de la nourriture à ce qui la touche. D’où le lavage des mains et des plats. Il s’agit de surveiller ce qui entre dans le corps et de se méfier de l’extérieur.

Dans ce système, la méfiance s’est généralisée à toutes les dimensions de l’existence.

Tout ce qui vient du dehors « altère ». L’autre devient donc impur parce qu’il est autre.

Cette pensée de la souillure isole ceux qui la pratiquent. Elle isole des autres et elle isole de Dieu : l’obsession des rites devient idolâtrie.

Le système de la souillure lorsqu’il s’exerce, se renverse : loin de combattre l’impureté, il la propage en excluant et en rejetant. C’est pourquoi Jésus le déclare impur. Ce qui nous amène au système du don à l’œuvre dans la seconde énumération du texte.

La lutte contre la mort est ici un combat pour la vie. Et la vie, c’est la fécondité. La Bible recourt à l’image de la semence et de la pluie. Celle-ci, donnée par Dieu, qui en a l’initiative, fait germer et grandir celle-là. C’est le don gratuit de Dieu qui fait vivre. Mais le don appelle le don en retour. La règle est celle de la répartition de l’abondance en réponse aux dons reçus : « Ce que Dieu a donné à l’homme, celui-ci doit le donner à son semblable qui en manque . Celui qui est rassasié doit rassasier son frère ». « Il n’y aura pas de pauvres chez toi » dit le Deutéronome. Le but est l’égalité et la justice. Le système du don peut être résumé par le grand commandement d’amour de Dieu et du prochain.

Mais le Dieu de la Bible, qui donne en abondance, met en garde : « Quand tu auras été rassasié, que cela ne blesse pas ton cœur ». Car là où il y a abondance, il y a croissance du risque de l’envie.

Il y a risque d’exploitation du plus faible pour plus de richesse. Et le système du don, lui aussi est réversible. Il fait place à la liste de Jésus : vol, cupidité, méchanceté, meurtre…, convenons que l’Histoire humaine le démontre à satiété.

Dieu faisait tomber sur l’homme sa bénédiction. Mais l’homme, par désir de richesses, sombre dans la malédiction de la violence et de l’agression de l’autre.

Tout se passe dans le cœur de l’homme.  C’est le lieu de ses désirs et de ses décisions.

Il n’y a pas, ici, de bouche à protéger, de frontières à garder. Il y a un cœur à surveiller. Il n’y a pas de fermeture dans des rites particularistes mais une ouverture à tout être humain.

On comprend les paroles de Jésus : « Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. C’est du dedans, du cœur de l’homme que sortent les pensées perverses.

Dans notre monde, la souillure est partout ;

C’est la souillure des pharisiens qui crient à l’impureté quand on ne fait pas comme eux. C’est la souillure des hommes d’aujourd’hui qui refusent d’accueillir les peuples et les cultures qui ne leur ressemblent pas.

C’est la souillure des désirs humains meurtris par toutes les formes de pollutions morales ou sociales.

C’est la souillure des corps abîmés, violés et tués.

Mais contre la souillure, il y a le don reçu et rendu.

Père Jean-Paul Laurent sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner la prière:

Quand s’éveilleront nos cœurs
Paroles : Didier RimaudMusique : Jo Akepsimas

Quand s’éveilleront nos cœurs à la voix du Dieu vivant
Nous retrouverons la source du bonheur.
Quand se lèveront nos mains pour chanter le Dieu vivant
Nous retrouverons l’espoir des lendemains.

  1. Il saura briser nos armes,
    Il saura changer nos cœurs.
    Il viendra sécher nos larmes
    Il viendra chasser nos peurs.
  2. Plus de nuit sur notre terre
    Il sera notre flambeau.
    Plus de haine ni de guerre
    Il nous ouvre un ciel nouveau.
  3. Il habite avec les hommes,
    Le vieux monde peut mourir.
    Il annonce son royaume
    Il nous ouvre l’avenir.