Homélie

Pistes pour lire et méditer les lectures de ce dimanche 

Première lecture : Exode 20, 1-17 et Psaume 18b (19)

Souvent nous considérons la loi, comme ce qui limite notre liberté. Le don de la loi à Moïse et au peuple hébreux, a lieu, non en Egypte dans une situation d’oppression et d’esclavage, mais bien quand le peuple en est sorti. L’expression utilisée pour désigner ces tables de la loi est « dix paroles ». Cela nous renvoie aux paroles de création. Ainsi la loi apparaît comme ce qui va permettre de construire une société libre et de rester libre.

En les lisant dans notre contexte, force est de constater combien elles sont malmenées : adoration d’autres dieux comme la mode, l’économie de marché capitaliste, les faux témoignages des fake news, l’exploitation économique et sexuelle, le pillage des mines au Congo et ailleurs, le respect de la vie, etc. Serions-nous donc en train de retourner vers l’esclavage autour des casseroles fumantes d’Egypte ?

Avec le psalmiste, chantons la beauté de paroles, de commandements, qui « redonnent vie ».

Deuxième lecture : 1 Corinthiens 1,22-25

« Nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens ». Ne soyons donc pas étonnés quand Jésus nous désarçonne. C’est une manière pour nous d’éviter toute idolâtrie, toute fixation de Dieu en une image, si belle soit-elle. Jésus, chemin, vérité et vie, les trois à la fois, nous entraîne à vivre une vie fraternelle tissée d’une miséricorde qui rend féconde la faiblesse et même la souffrance et la mort vécues dans un amour qui va jusqu’au bout.

Évangile : Jean 2,13-25

Nous suivons Jésus qui « monte vers Jérusalem »,qui monte vers le lieu où se célèbre la Pâque, mémoire de la libération. Et ce qu’il découvre dans le Temple ce sont les signes d’un nouvel esclavage, celui d’un commerce qui obstrue le chemin vers la source de toute vie, vers le Père : commerce entre humains, mais commerce surtout et marchandage avec Dieu lui-même. Jésus renverse tout cela : à terre la monnaie, libérés les brebis, les bœufs et les colombes du sacrifice.

Une fois la place dégagée, Jésus prend sa place : il est l’agneau d’une alliance nouvelle qui est le fruit, non d’un marchandage, mais d’un don gratuit, où Dieu va jusqu’au bout dans l’amour pour nous sauver, nous libérer. « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne », dira Jésus au moment même où on lui prend la vie. Renversement étonnant, scandale et folie. Mais sagesse de Dieu, sagesse de celles et ceux qui s’engagent dans des luttes non-violentes, et aujourd’hui encore sacrifient leur vie pour plus de justice, pour l’accueil et le respect des plus petits, pour l’éducation des jeunes, pour l’accompagnement des malades ou des prisonniers, pour le respect de notre sœur la terre.

Père Bernard Peeters sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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