Dimanche 31 juillet 2022

Solennité de la fête
de saint Ignace de Loyola

Textes de la liturgie

(chez les jésuites, la fête de saint Ignace prime sur le dimanche ordinaire, c’est pourquoi ce sont les lectures de la fête du saint qui sont prises aujurd’hui)

  • Deutéronome 30, 11-14 : La Loi inérieure.
  • Psaume 1, 1-6 : Heureux l’homme qui, jour après nuit, médite la Loi du Seigneur.
  • 1 Corinthiens 10,32 – 11,1 : Faites pour la Gloire de Dieu.
  • Luc 10, 1-19 : La moisson est abondante.

La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux !

 

La vision de La Storta : Ignace avec le Christ
Mosaïque de Marko Rupnik sj – Eglise de La Cova à Manresa (Catalogne)

Tout savoir sur la vision de la Storta

Tout savoir sur la fête de saint Ignace de Loyola

 

L’homélie

Frères et sœurs,

Saint Ignace et la Compagnie de Jésus, fondée en 1534 à Paris sur la butte de Montmartre par quelques amis partageant les mêmes convictions et reconnue à Rome en 1540, ont fait couler beaucoup d’encre en leur faveur comme en opposition. Né à la fin du 15ème siècle au pays Basque d’une vieille famille de chevaliers, Inigo de Loyola visait de grandes aventures mais un boulet de canon qui lui fracassa une jambe l’amena à modifier complètement ses projets de vie dans l’Espagne d’alors. Bloqué dans sa chambre et ne disposant que de peu d’écrits dont les évangiles et des vies de saints qui ne l’intéressaient guère, il se mit malgré tout à lire ce dont il disposait et trouva que les évangiles n’étaient pas si mal que cela. Ce fut le point de départ d’un long chemin de conversion au service de ce Jésus dont les paroles et les actes l’avaient finalement conquis. Ce chemin aboutira après bien des difficultés, dont celles de l’inquisition, à l’engagement des premiers compagnons au service de l’Eglise. A l’époque, cet engagement s’exprima * dans la résistance au protestantisme en plein développement sur le territoire de l’Europe et pour lequel la valeur d’une personne ne dépend ni de ses qualités, ni de ses mérites , ni de son statut social mais uniquement de l’amour gratuit de Dieu, * dans l’éducation des plus jeunes et * via l’envoi de compagnons avec les moyens de locomotion de l’époque dont le bateau, vers des missions lointaines, suite à la  découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en 1492.

Les honneurs ne sont plus l’intérêt du jésuite Ignace mais son but est devenu, à la suite du Christ, d’aider toute personne à développer ses qualités humaines avec les connaissances du moment et au bénéfice de ses contemporains. Depuis les débuts de la Compagnie et jusqu’aujourd’hui, de nombreux jésuites ont contribué de par le monde non seulement à utiliser mais, bien plus, à développer les connaissances et leurs applications au bénéfice de tous.

Une force essentielle est pour Ignace et ses compagnons celle du discernement : se mettre d’abord dans une attitude d’accueil, sans a priori ; prendre ensuite le temps d’examiner le pour et le contre d’une question à laquelle on est confronté et puis faire un choix, prendre une décision. Ici intervient un élément essentiel et très actuel : l’unité qui existe entre notre esprit et notre corps. On l’exprime aujourd’hui en parlant de l’intestin (du tube digestif) comme de notre second cerveau, une signalisation moléculaire via les systèmes circulatoire et nerveux servant de véhicule à ce lien. Il s’ensuit que les bonnes décisions nous laissent heureux ; dans le cas contraire, on ne se sent pas bien dans sa peau.

Comme le dit St Paul dans l’extrait de sa première lettre aux Corinthiens, le but du chrétien n’est pas d’être un obstacle en fonction d’intérêts propres. Nous ne sommes pas là pour défendre une idéologie mais bien pour contribuer à ce que toute personne soit respectée et vive librement. Pour cela, il faut parfois se battre.

L’extrait du livre du Deutéronome apporte un élément important à ce qui précède quand il dit : « La Parole n’est pas dans les cieux ou encore au-delà des mers ; elle est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique. » La recherche de Dieu n’est pas celle d’une puissance dont l’accès est ardu, réservé à des initiés.

Un autre point fort caractéristique de personnes engagées comme le fut St Ignace est ce qui se résume dans ces mots : « La contemplation dans l’action ». L’analyse d’une situation pour faire un choix se fait à partir de notre métier, de nos activités et elle influence ce métier, ses activités. Ce mode opératoire n’est pas l’apanage des jésuites. Simplement, ceux-ci en tirent bien parti.

St Luc, dans l’évangile qui nous a été proposé, nous parle de la mission des disciples de Jésus, c’est-à-dire de tout chrétien.  Il dit entre autre que « La moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux ». Actuellement beaucoup de congrégations de l’Eglise catholique sont en perte de vitesse, voire disparaissent et beaucoup de personnes désertent les églises, en tout cas, dans le monde occidental. Le message des évangiles reste pourtant le même, un message de libération. L’institution qui le porte et chacun d’entre nous se demandent les raisons de cette indifférence. La connaissance de notre terre et celle de l’univers a complètement changé depuis le temps d’Ignace de Loyola. Cela ne touche pas le contenu des évangiles dans la mesure où ils traitent de la qualité des relations humaines mais cela touche surtout le langage et les représentations que nous utilisons pour parler de Dieu (que nous ne connaissons pas mais que nous avons la chance de rencontrer en Jésus-Christ). Il nous faut faire ici la distinction entre les moyens pour croire et le but de la Foi. Les institutions de notre société humaine dont l’Eglise sont menées par des personnes avec leurs qualités et défauts. Dans les discours et les projets de notre société actuelle, la tendance affichée, notamment dans les médias est de croire et faire croire en l’homme parfait et à l’efficacité de nos moyens pour réaliser ce rêve alors que les mésententes, les guerres ne font que contredire ce mythe. Dès lors on cherche à minimiser, à cacher ce sur quoi on a peu ou pas de pouvoir : le début et la fin de la vie.

Comme croyant, ne pourrions-nous pas être de celles et ceux qui pratiquent le premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toutes tes forces et tu aimeras ton prochain comme toi-même » et qui pratiquent en outre ce qui est dit dans la seconde partie du « Notre Père » : « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien et pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés… ».

Que la fête d’aujourd’hui nous soit l’occasion de vivre ces deux invitations avec un cœur en paix. C’est ce que je nous souhaite à toutes et tous.

Père Pierre Devos  sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Pour accompagner la prière

Donne-moi seulement de t’aimer

Ignace de Loyola- Musique :Châtaigner/Gurdak/Cristal Music)

  1. Prends, Seigneur, et reçois
    Toute ma liberté,
    Ma mémoire, mon intelligence,
    Toute ma volonté.

Et donne-moi, donne-moi,
donne-moi seulement de t’aimer.
(bis)

  1. Reçois tout ce que j’ai,
    Tout ce que je possède,
    C’est toi qui m’as tout donné,
    À toi, Seigneur, je le rends.
  2. Tout est à toi, disposes-en,
    Selon ton entière volonté,
    Et donne-moi ta grâce,
    Elle seule me suffit.