Dimanche 4 décembre 2022

Deuxième dimanche de l’Avent (A)

Textes de la liturgie

  • Isaïe 11, 1-10 : Un royaume de justice et de conversion.
  • Psaume 71 : En ces jours-là fleurira la justice.
  • Romains 15, 4-9 : D’un même cœur, vous rendrez gloire à Dieu.
  • Matthieu 3, 1-12 : Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche.

Lire les textes de la liturgie

Baptême dans l’eau et
baptême dans l’Esprit et le feu

Illustration de Nathalie Philétas (Éditions Jésuites)
Pour méditer et cheminer, un flyer est disponible à la sortie de la Chapelle,
pour les enfants et les adultes (avec une méditation de Tommy Scholtes).

L’homélie

Frères et Sœurs,

Le mot « Avent » du verbe latin Advenire signifie arrivée, événement, avènement et donc aussi, par conséquent, nouveauté et commencement.

C’est bien ce que raconte l’évangile de ce jour : l’arrivée de Jean le Baptiste, l’avènement de sa prédication et l’annonce d’une arrivée prochaine, celle du Royaume de Dieu : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche », proclame Jean le Baptiste dans le désert. Et tout Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain venaient à lui pour être baptisés.

Et il disait : « Moi, je vous baptise dans l’eau en vue de la conversion, mais vient derrière moi plus puissant que moi et lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ». Voilà donc deux baptêmes. Un baptême dans l’eau et un baptême dans l’Esprit et le feu ? Qu’est-ce à dire ? Comment comprendre cela. Y aurait-il deux baptêmes ?

Aujourd’hui, dans le rite actuel du baptême – auquel vous avez déjà certainement assisté – le baptême dans l’eau, par immersion ou aspersion, est directement associé au don de l’Esprit Saint. Le baptême dans l’eau confère l’Esprit Saint. Dans le rite baptismal, il n’y a pas de séparation entre le rite de l’eau dont on émerge, qui lave, guérit et purifie, et le don de l’Esprit Saint. Il n’y a en ce sens qu’un seul baptême d’eau et d’Esprit. Dans l’Evangile de Jean, dans son entretien avec Nicodème, Jésus associe d’ailleurs étroitement l’eau et l’Esprit : « Amen, amen, je te le dis :  personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn 3,1-9).

Alors comment comprendre la distinction que fait Jean-Baptiste entre son baptême dans l’eau et le baptême par un plus puissant que lui dans l’Esprit Saint et le feu.

Le baptême de Jean le Baptiste est un baptême de conversion. Qui est acteur dans ce baptême de conversion ? Si nous lisons bien le texte, l’acteur de cette conversion, c’est tout un chacun. Chacun est invité à se convertir, à reconnaître ses fautes et à produire des fruits de droiture, de justice et de paix comme un bon arbre produit de bons fruits. Il s’agit donc, dans ce baptême d’eau, d’entendre l’appel de Jean le Baptiste, de travailler sur soi, de travailler avec d’autres pour être ensemble plus humains, pour grandir en humanité. Ainsi donc, être baptisé dans l’eau, à l’écoute de Jean le Baptiste, c’est laisser monter en soi le désir d’un monde meilleur, d’un monde de paix et de justice et mettre en œuvre ce désir autant que possible, pour correspondre à l’appel de Dieu. Au fond, comme tout prophète, en invitant au baptême dans l’eau, Jean le Baptiste rappelle la loi de Moïse : aimer Dieu et son prochain.

Se plonger dans ce baptême de conversion, c’est, selon Jean le Baptise, « préparer le chemin du Seigneur ». Mais, ajoute Jean le Baptiste, « Le Seigneur qui vient est plus grand que moi ; lui, vous baptisera dans l’Esprit et le feu ». Qui est l’acteur de cet autre baptême ? Ce n’est pas chacun d’entre nous, comme dans le baptême de conversion, mais c’est l’Esprit et le feu.  Dans le baptême de conversion, on est actif ; il s’agit de se bouger et d’agir, de redresser les chemins tordus. Dans le baptême dans l’Esprit et le feu, ce qui est premier, ce n’est pas ce qu’on fait ; c’est ce que l’on reçoit. Le baptême dans l’Esprit et le feu, en effet, est un don ; une grâce agissante que l’on accueille, par laquelle on se laisse transformer, par laquelle on se laisse transfigurer, émonder et purifier. Telle est l’action de l’Esprit et du feu. En grec, le feu se dit « πύρ » d’où viennent les mots français « purifier », « pur », « pureté ». Le feu du fondeur purifie (Malachie 3,2) et affine le métal en brûlant toutes les scories.

Le feu rend pur, il affine en brulant ce qui est mauvais. Souvenons-nous du récit de la Pentecôte, l’Esprit y est figuré par des langues de feu, un feu qui saisit l’assemblée, rend les cœurs brûlants et se répand sur toutes les nations dans une louange et un enthousiasme unanimes.

La première lecture de ce jour extraite du livre d’Isaïe peut nous faire faire un pas en avant. Elle nous laisse entrevoir en quoi consiste précisément l’œuvre de l’Esprit en nous et dans le monde et ce que nous pouvons en espérer. L’Esprit, dit Isaïe, donne sagesse et discernement, Il donne force et conseil. Il conduit toutes choses à la réconciliation : « Le loup habitera avec l’agneau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, le nourrisson jouera sur le nid du cobra, sur le trou de la vipère l’enfant étendra la main, il n’y aura plus de mal ni de corruption ». Ces images de réconciliation sont extraordinaires. Elle touche jusqu’à l’intime de la nature qui, on l’expérimente quotidiennement, peut être très cruelle si l’on considère comment les espèces animales se mangent entre elles.  Cette réconciliation qui touche jusqu’à à l’intime de la nature, on peut la désirer, on peut faire un pas vers elle, mais elle n’est pas à notre portée. On peut juste la désirer et s’en approcher. Désirer la justice, désirer s’en approcher et faire un pas vers elle, c’est la conversion que l’on peut faire.  Alors l’Esprit saisit ce que nous apportons, pour le parfaire, le purifier et le conduire à son accomplissement. Dans le baptême d’Esprit et de feu, c’est l’œuvre de Dieu qui s’accomplit, qui saisit ce que nous sommes, ce que nous apportons, nos désirs et nos actions, pour les transfigurer et nous acheminer vers une création nouvelle réconciliée. « Il essuiera toute larme de leurs yeux. Il n’y aura plus de mort, il n’y aura plus ni deuil, ni lamentation, ni douleur » (Apocalypse 21,4).

Cette fin heureuse n’est pas à notre portée. Nous pouvons juste la désirer et faire un pas en avant vers elle. Ce pas en avant, c’est le baptême dans l’eau. Mais, dans notre foi, nous croyons que Dieu fera le reste. Et c’est alors le baptême dans l’Esprit et le feu.  Ce qui nous est demandé en ce temps de préparation à la Noël, c’est d’entrer dans un mouvement de conversion. Nous ne pouvons tout faire, mais nous pouvons déposer nos efforts de conversion, si minimes soient-ils, dans les mains du Seigneur et Lui, par le feu de son Esprit, fera le reste.

Dans chaque geste de conversion que nous pouvons poser, dans chaque action que nous pouvons faire en faveur d’autrui, nous pouvons y reconnaître le souffle de l’Esprit et déjà la promesse d’un monde réconcilié en marche, au-delà de toutes nos espérances.

Père André Fossion sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Préparez le chemin du Seigneur

Paroles et musique : Joseph Gelineau

Préparez le chemin du Seigneur.
Ouvrez large la porte de vos cœurs.
Il viendra, le Sauveur,
Et tout homme verra le salut de Dieu.

  1. Ôte ta robe de tristesse, plus de malheur plus de détresse !
    C’est ton Sauveur qui vient vers toi, il te vêtira de sa joie !
  2. Dis aux timides qui s’affolent : ne craignez pas, prenez courage !
    Dieu lui-même vient vous sauver, il vous conduira vers sa joie !
  3. Vois les collines qui s’abaissent, vois les ravins qui s’aplanissent !
    Vois le chemin qui s’est ouvert, foule innombrable des sauvés !
  4. Sourds, ils entendent la Parole et les aveugles voient la gloire !
    Les pauvres mangent à leur faim, les boiteux bondissent de joie !
  5. Dans le désert les eaux jaillissent, les lieux arides refleurissent !
    La terre est prête pour le grain, les coteaux offrent le vin !