La Pentecôte – Bas-relief de Jean Willame (1976),
mur extérieur de la Chapelle Notre-Dame de la Paix à Namur

L’homélie

Frères et sœurs,

A l’origine, la Pentecôte commémorait la sortie d’Égypte du peuple d’Israël. A cette occasion, les juifs offraient à Dieu les premiers fruits de la moisson. Peu à peu, cette fête fut associée à la transmission des tables de la Loi à Moïse. La Pentecôte apparaît ainsi comme la fête de la naissance d’un peuple et ce qui fait son âme : la Loi de Moïse.

De façon similaire, à la Pentecôte, nous chrétiens nous fêtons la naissance de l’Église concomitamment avec ce qui fait sa vitalité : l’Esprit Saint. Nous nous rappelons ce jour que l’Église n’est pas une réalité quelconque mais une réalité voulue par le Père, fondée sur le Christ et animée par l’Esprit. Ce lien intime entre l’Église et la Sainte Trinité est préfiguré déjà, selon saint Ambroise de Milan, dans le second récit de la création où Eve est façonnée par le Père à partir de la côte tirée d’Adam endormi profondément. Cette belle image représente l’Église comme provenant du coté transpercé de Jésus mort sur la croix, c’est-à-dire de son don total pour notre salut, façonnée par le Père et animée par le souffle de l’Esprit-Saint. Ce dernier est donc la vie, le souffle de l’Église. Et il joue bien d’autres rôles que les lectures du jour nous révèlent.

Dans le livre des Actes des apôtres, le don de l’Esprit Saint, symbolisé par le bruit, le vent, les langues de feu, accordé aux apôtres le jour de la Pentecôte juive, fait écho au don de la loi au Mont Sinaï. Il réalise la promesse selon laquelle la loi ne sera plus gravée sur des pierres mais dans les cœurs (Jr 31, 33). Cet évènement a pour effet de faire sortir les apôtres de leur enfermement, de les faire proclamer les merveilles de Dieu dans différentes langues tout en se faisant comprendre par les juifs venus des quatre coins de la terre dans leurs propres dialectes. Ce passage décrit Babel à l’envers. Là où la diversité des langues était source de dispersion et de division, elle est devenue source d’union des cœurs et des esprits. La Pentecôte est en quelque sorte une condamnation de la pensée unique, du totalitarisme, de l’uniformité… L’Esprit de Pentecôte met en relation les différences sans les gommer. Il construit des ponts en lieu et place des murs.

Dans l’Évangile, dans la perspective de la période postpascale, Jésus montre que celle-ci ne sera pas une période d’absence de Dieu mais d’un nouveau rapport à lui qui passe par la garde de sa parole, la parole du Père, et la réception de l’Esprit-Saint. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure ». L’Esprit Saint aura le double rôle d’accomplir un travail de mémoire en rappelant la révélation apportée par le Christ et une tâche herméneutique en actualisant le contenu de celle-ci par la prédication.

L’autre rôle de l’Esprit-Saint dérive du nom que Jésus lui attribue : le paraclet. Autrement dit, l’Esprit Saint aura pour rôle de défendre, de consoler ou d’intercéder en faveur du disciple du Christ dans un monde qui ne lui est pas toujours favorable. La période postpascale est un temps de grâce qui bénéficie du surplus d’une présence illimitée dans l’espace et le temps grâce à l’Esprit Saint, cet autre Paraclet. Le premier étant le Christ lui-même.

Chers frères et sœurs,

A l’écoute de cette parole, nous nous rendons compte que l’Esprit de Pentecôte est celui qui nous met dans la relation filiale avec Dieu en nous faisant crier « Abba ! » c’est-à-dire : Père ! comme nous dit Saint Paul. En ce sens, vivons dans la confiance que nous sommes profondément aimés de Dieu.

Ce même Esprit nous met en relation entre nous, nous pousse à franchir nos craintes des différences, à construire des ponts ; il nous met en communication les uns les autres. L’Esprit de Pentecôte s’oppose au repliement sur soi, à la pensée unique, au totalitarisme, à l’uniformisme. Comment je réagis face à une culture différente, une opinion différente ? Est-ce que j’essaye de tisser des liens, de rejoindre l’autre dans ce qu’il est, sans chercher à gommer nos différences ?

D’autre part, comment prenons-nous conscience de cette réalité à la fois concrète qu’est l’Église, dont nous avons la responsabilité ici et maintenant, et qui en même temps nous dépasse par la présence de l’Esprit Saint qui a ressuscité Jésus et qui nous anime ? La première activité de l’Église à la Pentecôte a été l’annonce des merveilles de Dieu dans plusieurs langues. Comment travaillons-nous pour que l’Évangile rejoigne chacun et chacune dans la réalité qui lui est propre ? Nous sentons-nous appelés à être une Église qui ne se replie pas sur elle-même mais une Église en sortie, qui sans cesse va à la rencontre du monde ?

Que l’Esprit de Pentecôte fasse de nous de vrais témoins de l’amour de Dieu dans ce monde qui a tant besoin de lui. Amen.

Père Williams Dhelonga
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Lire la prière universelle de ce dimanche

Pour accompagner la prière

Esprit de lumière, Esprit créateur

1. Viens Esprit du Dieu vivant,
   Renouvelle tes enfants,
   Viens, Esprit Saint, nous brûler de ton feu !
   Dans nos coeurs, répands tes dons,
   Sur nos lèvres inspire un chant,
   Viens, Esprit Saint, viens transformer nos vies !

Esprit de lumière, Esprit Créateur,
Restaure en nous la joie, le feu, l’Espérance.
Affermis nos âmes, ranime nos coeurs,
Pour témoigner de ton amour immense.

2. Fortifie nos corps blessés,
Lave-nous de tout péché,
Viens, Esprit Saint, nous brûler de ton feu !
Fais nous rechercher la paix,
Désirer la sainteté,
Viens, Esprit Saint, viens transformer nos vies !

Pont :
Veni Sancte Spiritus
Veni Sancte Spiritus (bis)

3. Donne-nous la charité
   Pour aimer en vérité,
   Viens, Esprit Saint, nous brûler de ton feu !
   Nous accueillons ta clarté
   Pour grandir en liberté,
   Viens, Esprit Saint, viens transformer nos vies !