Construire la justice et la paix…
C’est compliqué !
Comme tous les chrétiens d’Occident, nous sommes souvent embarrassés lorsqu’il s’agit de nous exprimer au sujet du conflit israélo-palestinien. Les conversations s’achèvent généralement par un « C’est compliqué » un peu gêné. L’histoire des relations judéo-chrétiennes n’y est pas pour rien. L’ombre de l’antijudaïsme chrétien d’antan, qualifiant les juifs de peuple déicide, et n’espérant pour ce dernier que sa disparition dans la conversion au christianisme, pèse à juste titre sur nos consciences. Nous pouvons être tentés de nous délivrer du poids de la culpabilité de cet antijudaïsme chrétien, qui a constitué l’une des sources de l’antisémitisme européen ayant mené au génocide des Juifs d’Europe, en nous interdisant tout discours critique vis-à-vis de l’État d’Israël. L’État d’Israël n’est pourtant pas le judaïsme. L’actuel gouvernement de l’État d’Israël, d’extrême droite, est loin d’être parfaitement représentatif du peuple de l’État Israël, et le peuple de l’État d’Israël ne correspond certainement pas sans condition au peuple de l’Israël biblique. Critiquer le gouvernement actuel de l’État d’Israël n’est pas critiquer le judaïsme. Le critiquer au nom des valeurs du judaïsme – l’hospitalité envers l’étranger, la préférence pour le pauvre et le faible, la perpétuelle insistance sur la justice sociale – est au contraire un hommage rendu au souffle des prophètes.