La Pentecôte, la Babel inversée

La Pentecôte c’est l’inverse de Babel.
Babel, c’est l’histoire de la plus grande tentation de l’homme :
il voulait être comme Dieu, celui qui lui a donné la vie.
Dans la plaine de Babel, Babylone, les hommes parlaient une seule et unique langue et ils voulurent bâtir une tour qui atteindrait les cieux. Volonté totalitaire de l’homme d’être unique et tout puissant, c’est-à-dire maître de la vie et de la mort, maître de son prochain, dans un monde où règne la loi du plus fort.

Saint Paul dans sa lettre aux Galates décrit le monde contemporain avec un terrible réalisme, c’est Babel dans toute son horreur : « impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies… et autres choses du même genre. » (Ga 5, 19-21)
Et nous, vingt siècles plus tard, chaque jour nous en sommes douloureusement témoins, dans une actualité qui nous bouleverse, et pas seulement dans les journaux ou les réseaux sociaux !

En réalité, si on lit bien la Bible, Babel est une bénédiction,
Dieu en semant la confusion parmi les hommes qui parlaient une seule langue sort l’homme de l’illusion totalitaire.
Être différent est une bénédiction : chaque être humain est unique devant Dieu, une merveille aux yeux de Dieu. Cela explique la multiplicité des langues et cela devient même une règle de conduite, un commandement de Dieu :
même le plus petit d’entre les humains est respectable.
La langue, à Babel comme à la Pentecôte, est le lieu symbolique de cette reconnaissance amoureuse de l’autre
ou, au contraire, de son refus, de son exclusion.

Alors quel est le message de la Pentecôte ?
Tout simplement il est possible de vivre ensemble, en une grande communion, malgré nos différences ou plutôt à cause de nos différences. Reconnaître en chacun et chacune de ceux qui nous entourent une créature de l’amour de Dieu, que nous soyons
« juif ou grec, esclave ou homme libre, homme ou femme ». Selon les mots de saint Paul aux Galates,
« nous sommes tous un en Jésus-Christ » (Ga 3, 28).

Pour cela, il nous faut travailler à la réalisation d’un monde où l’on s’écoute, où l’on accueille ce que dit l’autre comme ayant sens, comme le fruit d’une histoire dont l’origine est divine, quel qu’il soit. Travail de reconnaissance de l’autre toujours à refaire, malgré ses fermetures, malgré ses refus et ses violences.